Yémen. Le Top Model Entisar al-Hammadi va-t-elle subir un test de virginité ?
Entisar al-Hammadi

Âgée de 19 ans, le mannequin et actrice yéménite Entisar al-Hammadi a été arrêtée le 20 février à Sanaa. Maltraitée et humiliée par les Houthis pour avoir remis en cause « les normes sociales » du pays, elle a été « forcée de reconnaître plusieurs délits » et pourrait même se soumettre à « un test de virginité », selon Amnesty international.

Kidnappée puis emprisonnée il y a plus de deux mois pour avoir osé remettre en cause « les normes sociales » de son pays, le top model Entisar al-Hammadi née d’une mère éthiopienne et d’un père yéménite pourrait bien être obligée de passer un « test de virginité ». Amnesty international qui a appelé vendredi à sa libération immédiate tire la sonnette d’alarme et dénonce ce qu’elle qualifie « d’agression sexuelle ».

Entisar al-Hammadi a été arrêtée avec deux autres actrices le 20 février dernier dans la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles ultraconservateurs Houthis. Selon des responsables yéménites, les trois femmes se déplaçaient pour tourner une série dramatique lorsque les rebelles ont arrêté leur véhicule dans la rue Hadda à Sanaa et les ont emmenés dans un lieu inconnu.

D’après l’organisation humanitaire Amnesty international, la jeune mannequin a été « interrogée les yeux bandés, maltraitée physiquement et verbalement et a reçu des insultes racistes » de la part des gardiens, qui l’ont traitée de « femme de chambre » et de « putain ». Empêchée de voir son avocat les 10 premiers jours de son arrestation, elle a également été « forcée de reconnaître plusieurs délits », dont « prostitution » et « possession de drogue ».

Entissar Al-Hammadi


« Les tests de virginité forcés sont assimilés à de la torture »

Toujours d’après l’ONG basée à Londres, son avocat Khaled Mohammed Al-Kamal a été informé mardi par un membre du parquet de l’intention des Houthis de « la soumettre à un test de virginité dans les prochains jours ». La jeune actrice « est punie pour sa contestation des normes sociales de la société yéménite profondément patriarcale qui renforcent la discrimination envers les femmes », s’est insurgée Lynn Maalouf, directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Les tests de virginité forcés sont une forme de violence sexuelle et sont assimilés à de la torture selon le droit international », explique l’ONG qui appelle à l’arrêt immédiat de ces agissements d’intimidation.



Persécutée pour être une femme libre

Très suivie sur les réseaux sociaux, Entisar al-Hammadi compte des milliers d’abonnés sur Facebook et Instagram où elle publie régulièrement des photos sur lesquelles elle pose pour des créateurs locaux, parfois sans voile, ce qui déchaine la colère des conservateurs Houthis qui ne se sont toujours pas prononcé publiquement sur le cas de son arrestation.

Au Yémen, les femmes sont confrontées à une discrimination endémique et des normes culturelles de genre ultra-conservatrices. Le pays arrive constamment en queue du classement du Rapport sur l’écart entre hommes et femmes (Global Gender Gap Report) du Forum économique mondial. Soutenu par l’Iran, le mouvement islamiste Houthis contrôle la majorité du nord du Yémen depuis la guerre menée contre le gouvernement en place en 2014.