#KOULNABACHAR contre les discriminations basées sur le genre et la sexualité
Campagne #KOULNABACHAR

A l’occasion du 17 mai, le collectif « Ellile » co-fondé par Soufiane Hennani lance #KOULNABACHAR, une première campagne grand public de lutte contre les discriminations basées sur le genre et la sexualité au Maroc.

Lancée par le collectif Ellile à l’occasion du 17 mai, la journée internationale de lutte contre les discriminations basées sur le genre et la sexualité, la campagne #KOULNABACHAR est conçue et réalisée par Soufiane Hennani, Docteur en Sciences de la santé à Université Hassan II de Casablanca et co-fondateur du collectif Elille pour la promotion de la diversité sociale et la pluralité culturelle et de la plateforme « Machi Rojola » qui questionne et repense les masculinités au Maroc.

Dans une vidéo poignante #KOULNABACHAR (Nous sommes tou.te.s des êtres Humains) lancée sur Youtube, des artistes, activistes, journalistes et membres de la société civile - Hicham Lasri, Bouchra Salih, Zainab Fasiki, Soufiane Hennani, Karima Nadir, Sonia Terrab, Yasmine Hatimi et Soundous Chraibi, Jihane Bougrine- adressent un message d’amour et de fraternité/sororité à toute personne stigmatisée, exclue et/ou discriminée en raison de sa différence, de son orientation sexuelle, de son identité de genre, de sa condition sociale, de son degré de validité...



« Pour un Maroc pluriel aux expressions multiples »

#KOULNABACHAR entend ainsi sensibiliser l’opinion publique sur les violences faites aux personnes sur la base de leur orientation sexuelle et identité de genre.

En effet, le code pénal marocain continue à criminaliser à travers une multitude d’articles (489,490, 491) toute relation sexuelle (hors mariage) entre deux personnes adultes et consentantes, quel que soit leur genre ou leur sexualité. Le collectif note qu’en dehors du risque pénal, l'exclusion familiale, la discrimination, les brimades, les violences, incluant des agressions physiques et verbales ainsi que les mariages forcés, visent particulièrement ces personnes en situation de vulnérabilité. Par cette campagne, le collectif Ellile entend apporter modestement sa contribution à l’édification d’un Maroc pluriel, aux expressions multiples : ethnique, religieuse, linguistique, mais également sociales, sexuelles ou de genre. Un Maroc ouvert où toute personne a droit à la dignité.

Soufiane Hennani, co-fondateur du collectif « Elille » et de « Machi Rojola »

Soufiane Hennani


Vous êtes co-fondateur du collectif « Ellile ». Quelle est la finalité d’une telle initiative ?

Le Collectif Elille vise la promotion de la pluralité, l’inclusion et la défense des droits des minorités à travers l’art, la culture et les médias. Il s’inscrit dans une démarche intersectionnelle visant à la défense des droits des personnes minorisées notamment les Femmes, les personnes racisées et migrantes, personnes en situation de handicap et tout autre groupe minorisé et victime de discriminations.

Elille a pour objectif : La visibilisation de la parole des groupes minorisés et la vulgarisation de paroles militantes expertes auprès du grand public par la création d’une plateforme d’échange et de diffusion de contenus - académiques et culturels - à travers le podcast, la photographie, la vidéo et l’écriture.

La démarche du collectif est communautaire et place en son centre la parole des personnes directement concernées par les sujets liés à la pluralité et l’inclusion.

Le témoignage à la première personne, le partage d’expertise et la visibilisation de productions artistiques de groupes minorisés seront centraux dans la démarche d’Elille.

Comment est née l'idée de #KOULNABACHAR ?

Depuis des années, je suis avec beaucoup d'intérêt et d'attention ce qui se passe dans le monde, lors de la journée de lutte contre les discriminations basées sur le genre et la sexualité. Cette année au sein du collectif Elille, nous avons décidé de créer une campagne publique où des citoyens marocains et citoyennes marocains s'adressent à d'autres citoyens pour leurs envoyer des messages d'amour et de solidarité.

Comment s’est fait le choix de participants ?

Ce sont des artistes, activistes et journalistes engagé.e.s pour les droits humains, pour la liberté et la diversité dans leurs travaux mais aussi dans leur vie quotidienne. La majorité d'entre eux, je les ai déjà reçus dans le podcast « Machi Rojola » il y a quelques mois pour parler des masculinités au Maroc. Ce sont des personnages publics qui portent les mêmes valeurs que nous. Quand je les ai invités à participer à cette campagne, ils n'ont pas hésité à répondre positivement à notre invitation. Je trouve cela noble et courageux.

Quel est l'objectif d'une telle action ?

Notre objectif est de sensibiliser les Marocains et Marocaines sur un fléau social qui est les discriminations basées sur le genre et la sexualité. Ça existe mais on en parle très peu ! Il n'est plus possible aujourd'hui d 'invisibiliser encore ces discriminations.

Comment voyez-vous les discriminations basées sur le genre et la sexualité au Maroc ?

Ces discriminations sont omniprésentes au Maroc. Il y a an, le pays a connu une affaire de Outing sur les réseaux sociaux des personnes présumées homosexuelles en plein confinement, l'arrestation des filles mineures à Marrakech et du couple de Beni Mellal en 2016, le lynchage public d'une personne présumée homosexuelle à Fès en 2015... Et la majorité des autres arrestations ne sont pas médiatisées, donc il ne s'agit en aucun cas des cas isolés. Des citoyens marocains subissent tous les jours des discriminations basées sur le genre et la sexualité dans leur famille, à l'école, dans les services de santé et dans l'espace public.

Aujourd'hui, changer la loi et abolir tous les articles qui portent atteinte aux libertés individuelles dans le code pénal marocain est un premier pas pour mettre fin à toutes ces discriminations basées sur le genre et la sexualité.