Débordée par les flux des migrants, L’Espagne se tourne vers le Maroc
Aperçu des flux de migrants arrivés à Ceuta

Des candidats à l’émigration irrégulière affluent massivement ces derniers jours vers Ceuta et Melilla. Ils tentent de profiter des perturbations de la coopération Maroc-Espagne suite au scandale d’Etat Brahim Ghali...  

Toute l’Espagne n’a d’yeux que pour Ceuta et Mellilla. Habituellement considérés comme le dernier souci des Espagnols, ces deux présides occupés deviennent tout à coup leur principale préoccupation. Et pour cause ! Les voisins ibériques du Maroc voient affluer en grand nombre des migrants vers ces deux villes. Ces «deseperados» atteignent la rive nord de la Méditerranée juste à la nage depuis notamment Fnideq. De nombreux mineurs sont parmi ces «harraga».

Ces afflux massifs, inhabituels, terrifient les Espagnols. Leurs autorités tentent de faire barrière en envoyant des renforts policiers et militaires. Ceux-ci en sont arrivés à tirer des balles de sommation, en plus de l'usage excessif de la matraque, mais ils sont clairement dépassés.

De son côté, le ministre espagnol de l’Intérieur essaie de rassurer l’opinion publique de son pays en annonçant des renvois massifs e migrants vers le Maroc. Sauf que les vagues humaines semblent incessantes et il lui sera difficile de calmer les esprits en faisant avaler des couleuvres à ses concitoyens.

Cette situation est l’une des conséquences apparentes de la crise née du scandale d’Etat qu’est l’affaire Brahim Ghali. Une crise qui, à l’évidence, perturbe la coopération multidimensionnelle maroco-espagnole. La lutte contre la migration irrégulière en fait partie.

En chiffres, un total de 26.168 migrants ont gagné de manière illégale les côtes espagnoles à bord d’embarcations de fortune au 31 décembre 2019, contre 57.498 migrants en 2018, soit un recul de 54,5%, indique un rapport du ministère de l’Intérieur espagnol sur «l’immigration irrégulière en 2019».

Selon la même source, quelque 1.192 embarcations étaient arrivées en 2019 sur les côtes espagnoles, contre 2.109 embarcations à fin décembre 2018, soit une régression de 43,5%.

Ces statistiques pourraient être inversées actuellement en quelques jours seulement, parce que le Maroc ne peut plus continuer à faire le gendarme d’un pays dont il n’a plus confiance à cause du désormais célèbre migrant clandestin Mohamed Ben Batouche alias Brahim Ghali.