Modèle de développement : la CSMD accorde une place primordiale à la culture
Grand théâtre de Rabat

Le nouveau rapport du modèle de développement présenté le 25 mai 2021 au Souverain accorde une place importante au champ culturel. Présidée par Chakib Benmoussa, la Commission spéciale chargée de ce modèle (CSMD) propose plusieurs recommandations.

La Commission spéciale chargée du nouveau modèle de développement (CSMD) estime que la culture au Maroc est amenée à devenir un levier multidimensionnel de prospérité économique, de lien social inclusif et de soft power géopolitique. « La culture offre un gisement de croissance, d’investissement et d’emploi au plus proche des territoires et des besoins locaux. La profondeur historique marocaine est un atout à faire valoir comme levier de stabilité régionale, de rayonnement culturel et de coexistence », peut-on lire dans le rapport.



Intégration de la culture dans l’écosystème éducatif

Parmi les recommandations phares de la CSMD : l’intégration de la culture dans l’écosystème éducatif. La Commission propose ainsi d’introduire les débats et les controverses thématiques comme formats d’enseignement de certaines matières comme l’histoire, la philosophie, et l’apprentissage des langues, dans le but de former à la pensée critique, au dialogue, et à l’ouverture sur l’autre. « Il s’agit également d’introduire de manière plus importante des enseignements optionnels liés aux arts dans les cursus scolaires, et de développer des filières artistiques dès le secondaire qualifiant », préconise le rapport.

Renforcement des médias et leur transformation digitale

Pour ce qui est du rôle des médias, la CSMD, appelle à renforcer le rôle des médias (audiovisuel, radio, presse, et nouvelles plates-formes). « Elles doivent être appuyées dans leur rôle d’information, de sensibilisation, de médiation, d’animation de la vie publique, de promotion de l’échange, et d’appui aux initiatives locales », précise la même source. L’Etat doit selon la Commission accompagner les médias en renforçant leur transformation digitale, tout en les soutenant dans leur recherche d’un modèle économique innovant et pérenne. « L’objectif est d’aboutir à un secteur dynamique, produisant un contenu de qualité et répondant aux nouveaux usages, notamment des plus jeunes, qui contribue au rayonnement du Royaume à l’international, et renforce la souveraineté du pays dans la production d’information et de contenu numérique ».

Une autre recommandation concerne elle, l’actualisation de la politique publique de la communication pour définir le service public des médias ainsi que la rénovation de la gouvernance et les modes de financement pour «permettre un cadre de coopération efficace avec le gouvernement, et une indépendance dans la gestion qui incite à l’innovation et à la qualité, dans le respect des normes de régulation du secteur et des orientations de la politique publique de la communication. L’offre médiatique régionale doit être renforcée, afin d’assurer que chaque région dispose d’au moins une chaîne qui consacre une partie de ses programmes à des débats, des informations et des enjeux locaux ».

Promotion des initiatives culturelles innovantes

Le rapport de la CSMD préconise l’orientation vers des contenus culturels de meilleure qualité et des formats plus innovants tout en s’ouvrant à des acteurs nouveaux. « Il est proposé de développer un label pour les contenus de qualité, permettant de faire émerger de nouveaux acteurs, de faire valoir les droits d’auteur, et de professionnaliser certaines filières de production de contenu. Le cinéma et la musique seraient particulièrement appuyés dans leur production et internationalisation, comme leviers de soft power ».

Déploiement des lieux de vie culturels dans les territoires

Pour ce qui est des lieux de vie culturels, la Commission recommande de valoriser le patrimoine culturel local, de sensibiliser et de promouvoir le débat, d’appuyer les acteurs culturels et artistiques locaux, et d’initier ou de former aux pratiques artistiques. Elle préconise également d’assurer la sauvegarde et la promotion du patrimoine national et de la mémoire collective tout en renforçant le rayonnement international de l’histoire et de la culture marocaines, avec la mobilisation de tous les acteurs, pouvoirs publics, élus, société civile et secteur privé.

Elle appelle aussi à mettre en place des mesures ciblées aux niveaux régional et local, tels que des musées dédiés au patrimoine immatériel local, la numérisation de tous les contenus culturels immatériels, l’organisation d’événements réguliers autour de biens culturels et enfin, le renforcement des guides culturels régionaux, labellisés et formés.

Une offre pour mettre en avant la singularité du Maroc à l’international

La Commission propose également de mettre en place une labellisation des acteurs et des initiatives culturelles et médiatiques tout en favorisant l’adhésion de ces derniers à une charte commune de valeurs et d’objectifs et ce, « par la mise en place d’une plate-forme médiatique d’information, d’analyse et de débat public portée par un groupement de médias privés à but non lucratif, qui soit complémentaire avec le pôle médiatique public, ainsi que par la mise en place d’une plate-forme numérique pour les industries culturelles tournées notamment vers la production de contenu audiovisuel innovant et de qualité, à vocation afro-méditerranéenne, en collaboration avec les structures cinématographiques et télévisuelles nationales».

Il est ainsi primordial selon la CSMD, de développer une offre qui fasse connaître le Maroc et de sensibiliser le public international à l’histoire millénaire du Maroc et ses singularités et à son engagement séculaire en faveur du dialogue des civilisations, de la tolérance, de la modération ainsi que sa tradition d’ouverture et ses composantes multiples.