Les Kinésithérapeutes passent à l’action

Les kinésithérapeutes marocains montent au créneau et s’indignent face au silence des autorités et du ministère de la Santé qui jusque là, n’a répondu à aucune de leurs doléances. Pourtant on leur avait promis d’agir !

On soulage les douleurs de nos patients en cachant notre souffrance, ceci est notre état actuel », lance d’emblée Diae El Gharbi, secrétaire générale de la Fédération Nationale des Kinésithérapeutes Physiothérapeutes du Maroc (FNKPM) qui, sur sa page Facebook, souligne que « Le kiné qui vous rassure et vous aide à récupérer vos fonctions, n’a pas de couverture sociale, ni de loi réglementant sa profession et le protégeant ainsi que tout citoyen marocain contre le charlatanisme. Le ministère est silencieux. Nos devoirs, on les respecte. Nos droits on les réclame ». Et pour faire entendre leur voix, les kinésithérapeutes comptent organiser le lundi 17 septembre 2018 à 11 heures un sit-in national devant le ministère de la Santé à Rabat. Et ce n’est pas la première manifestation du genre. Déjà en Juillet 2016, en coordination avec les autres professionnels de santé médicaux et paramédicaux, ils avaient exprimé leur colère face au mutisme de leur département de tutelle. Deux longues années d’attente se sont écoulées depuis, sans le moindre changement dans la situation. Une situation qui dure et perdure depuis 1978, date de la création de la première association de la profession.

D’après les statistiques du SGG, le pays compte 1.800 kinésithérapeutes depuis l’an 2.000. La Fédération, quant à elle, nous fournit d’autres chiffres. Selon elle, ils sont 700 hospitaliers, 2.500 libéraux et 600 hospitaliers chômeurs. Le secteur est dans une véritable impasse. Et l’Etat ne peut assurer de l’emploi aux jeunes diplômés. D’ailleurs, la formation a été même annulée cette année pour arrêter l’hémorragie.

Doléances

D’après Diae El Gharbi, outre l’absence de loi de réglementation de la profession, les kinésithérapeutes marocains n’ont ni ordre professionnel, ni mutuelle, ni retraite... Pourtant « Les autorisations d’exercice sont délivrées par le secrétariat général du gouvernement. Nous travaillons dans l’anarchie totale avec la bénédiction de l’Etat », souligne El Gharbi. Un projet de loi a été préparé en 2014 par le ministère de la Santé sans concertation avec les professionnels qui eux, exigeaient que l’accès au métier soit conditionné par un bac scientifique, que l’examen de fin d’études soit unifié au niveau national... Ces points ont été refusés catégorique- ment par les autorités. Depuis le pro- jet bloque u niveau de la chambre des conseillers. Le ministère a depuis coupé l’écoute, jusqu’à la dernière réunion du 6 Juin avec tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux. D’autres audiences devaient suivre. A ce jour, il n’en est rien. Les kinésithérapeutes ont décidé d’agir. Ils veulent aujourd’hui réglementer le métier du Kinésithéra- peute et souscrire le projet de loi 45.13 pour étude avec nécessité d’intégrer tous les représentants des métiers concernés, créer l’Ordre des professionnels en Réé- ducation, protéger la santé du citoyen contre l’exercice illégal de la profes- sion. Aussi ils revendiquent d’adopter un droit pénal équitable et réviser la base d’imposition pour les kinésithéra- peutes avec une exonération des droits de timbre sur la maladie, jugés difficiles à collecter. Côté couverture médicale, un pourcentage de 6,37% a été proposé par le ministère. « On nous demande de payer le même taux que les salariés. Alors que le panier de prestations est limité. On ne bénéficiera ni d’allocations familiales, ni d’indemnités de maternité, ni d’indemnités journalières », explique Diae El Gharbi. Concernant la retraite, le taux défini par la tutelle est de 21%. La fédération demande une révision à la baisse pour le ramener à 10%. « Nous nous retrouvons avec deux caisses. On paie pour nos salariés la part employeur, et pour nous on p&aie deux parts. C’est aberrant. Et l’Etat refuse de nous aider », réclame El Gharbi. Un autre point qui soulève la polémique, celui des impôts. Si la profession revendique la réduction du panier des impôts, c’est parce que le secteur est en crise.