Les médecins étrangers peuvent exercer au Maroc. Les syndicats réagissent.
le Maroc va ouvrir ses portes aux médecins étrangers

Généralisation du chantier de la protection sociale, cotisations des médecins à l’AMO, autorisation d’exercice pour les médecins étrangers, carte sanitaire, pénurie de médicaments… Les instances syndicales des médecins du privé et l’Association Nationale des Cliniques Privées font le point et le ministère de la santé ne manquent pas de sujets de négovciation.

Les instances syndicales des médecins du privé et l’Association Nationale des Cliniques Privée demandent au ministère de la Santé de les associer aux concertations sur toutes les lois, les décrets et les nouvelles mesures concernant leur profession. Surtout que le secteur de la Santé va connaître de profonds changements.

Médecins étrangers, un recrutement risqué?

L’un des chantiers phares : la révision de la loi 131/13 relative à l’exercice médical. Sur ce volet, les professionnels ont une série de doléances concernant surtout l’autorisation d’exercer qui pourrait être donnée aux médecins étrangers. Ils ont profité d’une réunion tenue récemment avec le ministre de tutelle pour exprimer leur désarroi autour de la question. «Nous avons rappelé au ministre que SM le Roi a insisté sur la recherche des grandes compétences étrangères au bénéfice de la santé des citoyens. Toute ouverture qui ne saurait privilégier cette haute directive royale, pourrait s’avérer néfaste et sans valeur ajoutée pour la santé du citoyen », jugent t-ils. Pour eux, le nouveau plan de développement du Maroc ne fait nullement allusion à un besoin urgent en médecins étrangers. Ainsi, pour réussir cette orientation, les syndicats de médecins du privé et l’Association nationale des cliniques privées notent que le salut du système de santé marocain passe nécessairement par sa capacité à produire et à former des médecins et des professionnels de santé marocains proportionnellement à ses besoins actuels et futurs. Outre la formation, les professionnels insistent sur la nécessité de savoir retenir les médecins et inverser le phénomène de migration des compétences médicales nationales vers l’étranger. « Des efforts sont à consentir en urgence pour améliorer les conditions de l’exercice de la profession médicale au Maroc dans le secteur privé comme dans le secteur public afin de rendre ces secteurs attractifs », préconisent les syndicats. Autre doléance, «le recrutement des médecins étrangers doit être dirigé de façon prioritaire vers le secteur public qui souffre d’un grand déficit en ressources humaines et l’accès au secteur privé ne ne doit être ouvert que dans les déserts médicaux et suivant les besoins déterminés dans le cadre d’une carte sanitaire et pour deux ans renouvelables en cas de nécessité », soulignent les professionnels. L’une des recommandations jugées utiles est de donner la préférence en priorité aux nationaux exerçant à l’étranger par la mise en place de conditions incitatives qui encourageraient leur retour au pays. En cas de difficulté de mise en place d’une carte sanitaire, les professionnels expliquent qu’il serait souhaitable de déterminer 3 à 4 zones prioritaires vers lesquelles seraient orientés les médecins étrangers. Ils veulent ainsi introduire dans la loi 131-13, la possibilité pour les médecins privés de s’installer sous la forme juridique de Sarl unipersonnelle.

Réforme de l’AMO

Le chantier de la réforme de l’assurance maladie obligatoire devrait connaitre de nouvelles orientations et de nouvelles pratiques. Selon les syndicats de médecins du privé et l’Association des cliniques privées, il est primordial d’aller rapidement vers la création d’un organisme gestionnaire unique de l’AMO pour réduire toutes les iniquités actuelles et aller vers une mutualisation globale. Les médecins du secteur libéral affirment qu’ils doivent bénéficier d’un traitement spécifique en matière de cotisations à l’AMO. «Il faut que la CNSS prenne en charge 50% du montant de cette cotisation pour tous les médecins qui se déclareraient adhérant à la convention de l’AMO comme c’est le cas en France et dans d’autres pays pour inciter les médecins à être conventionnés et à respecter le tarif national de référence », réclament t-ils avant de mettre l’accent aussi sur d’autres incitations telles que la prescription des médicaments génériques et la participation au parcours coordonné des soins, la participation à l’informatisation des dossiers des patients ....

Télémédecine, une étude est en cours

Pour réduire le besoin en médecins étrangers trois éléments semblent nécessaires pour les professionnels. «La mise en place d’une carte sanitaire aussi bien pour le secteur libéral que pour le secteur public, la création d’un conseil supérieur de la santé et l’activation effective du partenariat public-privé », détaillent-ils tout en insistant que la mise en place d’une formation médicale continue orientée par une politique générale de santé. La politique du médicament doit également d’après eux, veiller à un approvisionnement régulier des médicaments vitaux et importants pour la santé des malades. Sur le volet exercice de la télémédecine, les médecins annoncent qu’une étude du projet sera faite par les instances syndicales et fera l’objet de propositions et de commentaires orientés vers l’intérêt des patients.