Exposition. « D’un monde à l’autre » de Flo Arnold (vidéo)
Flo Arnold à la Galerie THEMA

Connue pour ses installations urbaines et ses volumes organiques, la plasticienne Flo Arnold qui vit et travaille entre le Maroc et la France, présente ses œuvres en papier à la Galerie Thema du 18 juin au 10 juillet 2021. Des créations évanescentes où l'artiste peintre cartographie avec grâce des territoires d’humanité pour accéder à un nouveau monde.

Dans ses nouvelles créations, Flo Arnold s’interroge sur la fragilité de notre monde actuel qui a montré ses limites en plein pandémie. Laissant libre court à son imagination, la plasticienne recrée un monde nouveau qui viendrait, à la rescousse de cet autre en pleine décadence qui semble devoir bientôt céder sa place. Elle lui crée également une « topographie évanescente et pleine de grâce et de légèreté. Aussi fragile mais transcendante qu’un bruissement d’aile de papillon dont on ne sait pas encore de quels effets il saura nous surprendre et nous étonner », décrit Syham Weigant, critique d’art et commissaire d’expositions.

Flo Arnold D'un monde à l'autre


« Pays imaginaires »

« L’exposition D’Un Monde à l’Autre est en rapport avec cet arrêt soudain dû au virus, nous confie l’artiste. Chaque pays s’est refermé et a rétabli ses frontières. Prendre l’avion était si simple et puis, plus de vol. L’international n’existait plus. Alors, je me suis mise à voyager en regardant toutes ces cartes, j’y ai mélangé les noms de pays, les autoroutes sont devenues les vaisseaux sanguins de ces « nouveaux « pays imaginaires. Peut-être que nous allons prendre conscience de la fragilité de l’écosystème ? s’interroge Flo Arnold qui rappelle que « L’homme pense tout maîtriser mais tout peut s’arrêter. L’humanité entière s’est retrouvée face aux mêmes difficultés et inquiétude. Il y a eu une solidarité universelle ».

Dans un exercice subtil et maitrisé de synthèse, l’artiste recombine dans un élégant froissement d’extraits de différentes cartes géographiques et de divers matériaux aux textures contrastées, des formes organiques qui semblent encore respirer et sourdre d’une mystérieuse activité.

Elle recrée ainsi de nouvelles cartographies dont les nouvelles proximités et les voisinages inédits qu’elles mettent à jour nous renvoient à l’étymologie de la notion d’utopie et nous transportent dans un lieu sans lieu...

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L’éphémère et la fragilité


Les œuvres de papier de Flo sont autant de souffles en lévitation, nuées évanescentes qui créent un continent à nul autre pareil, une explosion voluptueuse de blancheur conquérante et des formes de coquillages et de coraux teintées de dessins floraux inspirés des fonds marins, tel un cri de détresse pour rappeler la fragilité de ces bijoux de la nature et leur importance pour l’équilibre de l’humanité.

La polysémie inépuisable de ses œuvres trouve une métaphore multiple et parfaite dans celle foucaldienne de la navigation maritime et des étendues océaniques comme espaces et langages de la liberté d’être et de créer. Que cela soit par l’usage du fil rouge (moyen de reconnaissance typique des cordages marins) ou par le répertoire de formes de ses sculptures empruntant aux conques et aux coquillages et qui semblent nous appeler pour nous murmurer la promesse d’une liberté, juste là, à notre portée...

« J’aime le papier parce que c’est un matériau vivant, nous explique Flo. J’ai essayé de donner des formes de coquillages, de coraux et de lichen. Certaines formes sont peintes avec des encres, d’autres avec de la peinture à l’huile. Je m’inspire des fonds marins et j’utilise des pinceaux très fins pour réaliser des dessins floraux ».

Le papier hydrofuge blanc suggère l’éphémère et la fragilité, mais aussi une forme d’évanescence soulignée par leur apparente lévitation. Ses créations flottent ainsi dans des espaces qui ouvrent à la pensée, à la spiritualité et au voyage intérieur.

Quand l’artiste dessine et découpe de petits formats, elle invite la grâce dans ses créations. Flo Arnold y cartographie des territoires d’humanité. A la croisée des chemins, des relations se nouent, des histoires débutent.

Baignés par la lumière exceptionnelle de la galerie, les œuvres dévoilent les silhouettes de l’essentiel tel un nouveau souffle de la vie, dessinant les frontières d’un même pays d’humanité, avec à la fois son côté sombre et son côté clair. L’artiste a toujours pensé que « pour oublier le vertige du monde qui nous entoure, on doit vivre dans une sphère sans frontière, sans limite à la recherche d’une paix intérieure ».



Une citoyenne du monde

Habitée d’odeurs, de danses et de faunes aux réminiscences particulièrement créatives, la plasticienne qui est née en France et a grandi à Casablanca se définit avant tout comme « citoyenne du monde », en raison de son parcours cosmopolite riche. Son métissage culturel, élément constitutif de son travail, s’est forgé grâce à de nombreux voyages et séjours à l’étranger, en Afrique, Europe et aux États-Unis. Ses installations témoignent de ce nomadisme existentiel : ses gestes sont le résultat de son parcours. Elle a participé en 2016 à la Biennale de Marrakech, durant laquelle elle a exposé au Musée de la Palmeraie, pour la première fois, ses installations en papier hydrofuge sur laiton gainé.