Derrière cette initiative, des outsiders passionnés et soucieux de changer la donne. Signant sa 3^ème édition, l´event marque le retour des rendez-vous glam au sein de la capitale. Au bas mot : 12 stylistes, des collections hot en couleurs et une sensibilité à l´environnement toujours aussi vivace.

« La mode écologique est l´un des piliers du Conscious Fashion. Chaque styliste a été invité à user de matériaux recyclés et à ne rien importer pour confectionner ses vêtements. Les œuvres devaient comporter peu de pièces, l´approvisionnement s´est fait auprès des artisans locaux et les candidats ont dû rivaliser d´imagination pour monter des processus de production zéro gaspillage » affirme Sylvie Billaudeau, DA de l´événement. Un vrai défi, reconnaît-elle, mais cela a apparemment permis aux participants de sortir des sentiers battus. Originaires du Maroc, de la Mongolie, de France, d´Italie, du Portugal, de la Côte d´Ivoire et de l´Angola, les designers ont puisé dans leurs héritages culturels en utilisant les moyens de bord et rien de plus !

Espoir et cohésion

Lancé en 2018, Conscious Fashion a concentré ses efforts sur les jeunes créateurs en vue de leur fournir une scène digne de ce nom. « Faute de moyens beaucoup se trouvaient contraints d´abandonner. Ce projet est intervenu comme une passerelle entre eux et leurs rêves» explique Antonio Gomes Muscate, co-fondateur. 3 ans plus tard, le natif de Guinée Bissau et son équipe cosmopolite ont conservé le même mindset. « Offrir de la visibilité aux protagonistes sur fond de développement durable est notre credo surtout en ces temps de crise où la mode indépendante et l´artisanat accusent de sérieuses difficultés. C´est notre mission de redonner espoir et de générer une belle cohésion... ».

Un avis partagé par l´ensemble des participants. Conjoncture austère ou pas, l´heure est à l´inspiration ! On s´active ici et là pour fournir aux 100 personnes attendues, ce qu´elles sont venues chercher : du style. « La vie culturelle va enfin reprendre son cours après 18 mois de jachère forcée, on ne peut que se sentir grisés » styliste, Ghizlane Bensouda incarne totalement l´esprit du show avec un label baptisé Genduo. Son Trade mark ? Des tenues androgynes fabriquées à partir de tissus de seconde main. « J´ai toujours aimé détourner les codes et inciter à la réflexion par des coupes iconoclastes ».

Fan de Georges Sand, G. Bensouda a réinterprété le dressing de ces messieurs dans le but de l´ouvrir aux femmes. « La mode non binaire en est à ses premiers balbutiements au Maroc. Le challenge consiste donc à proposer des croisements audacieux, susceptibles de plaire aux novices ». Rush, éclairs de génie et silhouettes bien taillées, le confinement aura eu raison de l´humeur générale, mais certainement pas de la créativité...