Exposition « Le Feu qui forge » en hommage à Mohamed Melehi
Melehi et Azeroual

La galerie d’art L’Atelier 21 organise, du 22 juin au 30 juillet 2021, « Le Feu qui forge », une exposition collective qui célèbre l’apport de Mohamed Melehi (1936-2020) dans le champ des arts plastiques au Maroc et où 21 artistes participent par une œuvre qui entretient une parenté avec l’univers plastique de l’artiste.

Le parcours pluridisciplinaire de Melehi se nourrit de champs d’intervention multiples (action engagée, documentaire, pédagogie, urbanisme), ainsi que de nombreux genres artistiques (peinture, photographie, sculpture, architecture, design).

Mohamed Melehi a marqué de son empreinte la modernité des arts plastiques au Maroc, et dans d’autres territoires. De par la qualité et le nombre des artistes qui participent à cette exposition, on se rend compte que l’héritage laissé par cet artiste est un stimulant qui invite constamment à la création.

L’exposition Le Feu qui forge rassemble 21 artistes : Saïd Afifi, Zainab Andalibe, Daoud Aoulad-Syad, Nassim Azarzar, Mustapha Azeroual, Fouad Bellamine, Yasmina Benabderrahmane, M’barek Bouhchichi, Khalil El Ghrib, Safaa Erruas, Mohssin Harraki, Maria Karim, Fatima Mazmouz, Najia Mehadji, Houssein Miloudi, Lamia Naji, Abdelkébir Rabi’, Batoul S’Himi, Hossein Talal, Eric Van Hove et Abderrahim Yamou.

M'barek Bouhchichi
Mehadji et Bellamine
Nassim Azarzar- LA vie des étoiles
Hussein Talal
Fatima Mazmouz- Esoter poulet
Yamou-Été


Le motif, l’ornement, la culture populaire et l’environnement

« Cette exposition, c’est une manière de reconnaitre l’héritage et la dette qu’on doit à Melehi », confie Salma Lahlou. Selon elle c’est un artiste qui a impacté toute la scène contemporaine marocaine et internationale. C’est pour cela qu’elle a demandé aux artistes de « plonger dans leur matrice et de faire ressortir la donnée fondamentale qui travers toute son œuvre créative ».

« Les lignes de vie » de Najia Mehadji

Mehadji et Bellamine


L’espace du motif devient l’espace du tableau, Le motif évacué, la radicalité de sa peinture s’inscrit dans une recherche purement formelle. Cette démarche raisonnée qui consiste à se rapprocher au plus près de l’essence de la peinture, nous la retrouvons chez Najia Mehadji qui en parlant de sa série La ligne de vie nous explique que « pour capter le flux, il faut aller à l’essentiel : « Ces lignes de vie sont pour moi, le symbole de l’espoir avec cette notion d’infini, de lumière et de profondeur qu’apporte la couleur bleue. Et par rapport à Melehi, il y avait des affinités au niveau des couleurs dans le sens où il utilise toujours des couleurs assez vives, en plus de la lumière et l’œuvre de Melehi choisie pour l’exposition et qui est toute en ondulation, ce mouvement et cette façon d’aborder la vie de façon joyeuse ».

« Les Mutantes » de Maria Karim

Maria Karim-Ni'ya


Ces recherches formelles essentialistes se retrouvent également dans un autre régime de représentation, celui de la peinture « figurative ». Maria Karim parvient à construire une iconographie « type » grâce à un répertoire de formes devenu caractéristique de son style. L’artiste qui présente Ni’ya, la première icone se sa dernière unité de Mutantes estime qu’elle « rend hommage à Melehi en continuant à être fidèle à son travail qu’elle effectue depuis 7 ans déjà, ces figures, ces formes, ces présences qui s’imposent plus que d’autres et viennent toutes d’un territoire donné, ces personnages qui ont chacun une vie et qu’à un moment donné un d’entre eux se révèle à nous ».

« Terre du ciel » de Safaa Erruas

Terre du ciel-Safaa Erruas


Dans son œuvre « Terre du ciel », Safaa Erruas explore aussi le thème du motif entre efficacité visuelle et radicalité de la pensée. L’artiste explore ainsi des espaces ambivalents à partir d’un répertoire visuel qui joue de la tension entre le positif et le négatif, entre fragilité, violence et résilience. « L’idée c’est d’aller vers l’essence de l’œuvre et de l’esprit créatif que l’artiste a développé tout au long de sa carrière, en usant des oppositions et des aspects antagonistes de mon travail, nous confie Safaa Erruas. La terre renvoie à la Terre en général et le ciel c’est un peu l’univers de chacun d’entre nous. Mon œuvre minimaliste est très poétique mais a un aspect très intérieur. Cette flamme qui forge va au-delà de la forme et de la symbolique, c’est l’essence même de l’artiste et je pense que Melehi a réussi en tant qu’essence et esprit créatif à traduire son existence dans son œuvre qu’on reconnait tous aujourd’hui », explique-t-elle.

« Un instant hors du temps » de Abdelkébir Rabi'

Abdelkébir Rabi'- In instant hors du temps


La thématique de l’art d’intégrer l’environnement, on la retrouve chez Abdelkébir Rabi' qui a été très touché par la mort de Melehi. C’est aux profondeurs de la mémoire que s’adressent les grands fusains de l’artiste qui représentent les paysages de son enfance, à Boulemane. L’image de Rabi’ dénote un message simple qui est une représentation dessinée du réel en même temps qu’elle connote, d’une façon latente et implicite, tout un réseau de valeurs affectives et mémorielles. Une manière de dire que la matière est Esprit. « Après la mort de Melehi, j’ai écrit un texte en son hommage, nous confie L’artiste. Pour mon œuvre exposée Un instant hors du temps, je me suis basé de sa dernière œuvre métaphorique intitulée « Covid-19 », j’ai un peu repris cette idée pour le tableau, les couleurs, les mouvements, les rythmes...tout en m’inspirant d’une citation d’un grand poète qui disait : « l’esprit vit de différences, l’écart l’excite ». Pour moi, la différence peut avoir du sens, elle peut être un élément de corrélation et de rapprochement entre les extrêmes », conclut l’artiste.