Le constructeur italien Fincantieri intéresserait le Maroc et les Français s’en inquiètent
Fincantieri impose désormais son leadership au niveau mondial en damant le pion à ses concurrents

Pour renforcer son arsenal de défense marine, le Maroc chercherait à acquérir deux frégates de fabrication italienne. Cette stratégie de diversification, pourtant nécessaire, inquiète ses fournisseurs traditionnels.

C’est Rivista Italiana Difensa (RID) qui a été le premier à avoir révélé, le 28 juin dernier, que le Maroc est en négociation avec le constructeur naval italien Fincantieri pour l’achat de deux navires multifonctions de type «Antisom», ayant une forte capacité d’échapper à la détection des radars.

Spécialisé dans les questions de défense, le magazine italien rappelle que le Maroc dispose déjà d’une frégate anti-sous-marine (FREMM) de fabrication française. Le média souligne que l’intérêt exprimé par le Maroc pour Fincantieri suite au succès grandissant que connaît ce dernier dans le monde.

En effet, le constructeur italien a totalisé, en peu de temps, une trentaine de commandes. La plus récente provient des Etats-Unis où ce constructeur a remporté dernièrement un appel d’offres pesant pas moins de 5,5 milliards de dollars pour le design et la construction de dix frégates pour l'US Navy. En plus de clients conquis comme l’Égypte et l’Indonésie, la Grèce et l’Arabie Saoudite ou encore le Canada figurent parmi ses clients potentiels.


En reprenant l’information révélée par RID, le journal français La Tribune s’est surtout intéressé au Maroc. Le titre de l’article publié sur le sujet en dit long sur son contenu : «Naval Group : la nouvelle menace Fincantieri au Maroc».

«La Marine royale souhaite augmenter ses capacités de défense et d'intervention en mer, que soit en Méditerranée (à partir de sa base navale de Ksar Sghir) que sur sa façade atlantique, où Rabat envisage de construire un nouveau port d'attache pour ses navires à Safi à l'horizon 2025», détaille La Tribune. Et l’auteur de l’article d’ajouter : «si elle aboutissait, cette opération aurait de quoi surprendre. Car l'Italie équipe aussi l'Algérie», avant de se demander s’il ne s’agissait pas en l’occurrence d’«une nouvelle claque pour la France».
Le journal s’inquiète pour l’avenir du constructeur français «Naval Group». Il rapporte qu’au sein du groupe naval, l’annonce concernant le Royaume a provoqué un branle-bas de combat depuis une quinzaine de jours. «Naval Group va envoyer une délégation au Maroc en début de semaine prochaine pour évaluer les dégâts», révèle le journal. Et l’auteur de conclure : «un nouveau succès italien, surtout au Maroc, ferait non seulement désordre en France mais serait aussi perçue comme une véritable claque de Rabat vis-à-vis de Paris, qui, il est vrai, entretiennent actuellement des relations glaciales».