Covid-19 : Le dilemme de la troisième dose
Faut-il penser déjà à la troisième dose au Maroc ou plutôt se concentrer sur l'objectif de la vaccination de 80% de la population ?

Alors que les pays pauvres peinent encore à vacciner leur population, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réclame un moratoire de deux mois sur l’administration d’une troisième dose de vaccin anti-Covid-19 dans les pays riches.

Alors que le monde continue à se débattre contre la pandémie, il doit également gérer le grand dilemme de la troisième dose du vaccin anti-Covid-19. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, a déclaré mercredi que « l’objectif, dans l’immédiat, devrait être d’atteindre le seuil de 10 % de la population vaccinée dans chaque pays du monde d’ici fin septembre ». Sauf qu’à ce jour, plus de 80 % des doses de vaccin disponibles ont été orientées vers les pays riches et développés soit moins de la moitié de la population mondiale. Un constat inquiétant selon l’OMS. « Nous ne pouvons pas et nous ne devrions pas accepter que les pays qui ont déjà utilisé la plus grande partie des stocks de vaccins puisent encore dans les réserves, alors que les populations les plus vulnérables ne sont toujours pas protégées » soutient le directeur de l’OMS.

Grand risque

Rappelons que plusieurs pays affichant un taux de vaccination élevé tels Israël ont déjà entamé l’opération de vaccination rappel des populations les plus vulnérables, annonce le Financial Times. Les États-Unis, le Royaume-Uni et certains pays européens ont également exprimé leur volonté de proposer une troisième dose à l’automne. Première dose qui tarde à arriver pour les pays pauvres et troisième dose déjà en cours pour les riches, c’est en effet le dilemme que devrait gérer le monde actuellement. Si l’attitude « protectrice » de certains pays riches les pousse à protéger leurs populations contre le virus avec une troisième dose, ils minent toutefois leurs chances de « survie » à long terme, en privant les pays pauvres du vaccin. « Si le virus continue à circuler librement dans les pays les plus pauvres, il aura de multiples occasions de muter en variants encore plus résistants aux vaccins. La propagation de la pandémie continuera ainsi tout en redoublant de virulence » analysent les experts.

D’après le patron de l’OMS, l’évolution de la pandémie dépend des pays du G20 et de leur sommet prévu en octobre. Les laboratoires, quant à eux, « devraient donner la priorité à Covax, le mécanisme onusien pour la distribution équitable de vaccins », ajoute Ghebreyesus. Pour rappel, 500 millions doses manquent encore à Covax pour atteindre ses objectifs.

Au Maroc, alors que la campagne de vaccination avance sur les chapeaux de roues, le débat commence déjà à propos d’une éventuelle troisième dose du vaccin. D’après Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat il est temps d’en parler. Mais il faut d’abord identifier les personnes cibles. D’après l’expert, trois catégories constituent les grands candidats concernés par cette troisième dose à savoir les personnes très âgées à l’immunité faible, les personnes présentant une comorbidité et les personnes sous traitements réduisant leur immunité ( Chimiothérapie...). A noter qu’au Maroc, 35% de la population cible a été déjà vaccinée en attendant l’objectif de 80% pour atteindre une immunité collective efficace.