A l’Est rien de bon...
Ahmed CHARAI

Les évènements en cours dans les pays de la sphère dite arabe n’ont rien de conjoncturel. Ils augurent une ère de troubles, de dislocations des Etat-Nations, de conflits confessionnels qui peuvent durer longtemps, parce que les voies de la construction d’un Etatcentral sont obstruées. Sur le plan du développement économique c’est un désastre sans nom. En Syrie, la reconstruction prendra des décennies, alors que l’on ne voit même pas le bout du tunnel et que tous les observateurs s’accordent pour dire que la chute du régime n’est pas en elle-même la certitude de la fin de la guerre. Plus proches de nous, la Tunisie et l’Algérie présentent, à des degrés différents, les mêmes fragilités.

La culture politique marocaine nous a installés, depuis le mouvement nationaliste, dans cette sphère par le biais du Maroc « arabo-musulman ». Cela ne correspond ni à la réalité historique, ni à la profondeur stratégique, ni à nos intérêts supérieurs. Sur le plan historique, le Maroc s’est construit en rupture avec le califat. Les relations étaient hautement conflictuelles avec le royaume, puis l’empire chérifien, n’entretenait que des relations religieuses, par le Hadj en particulier, avec le reste du califat.

Les relations s’étendaient au Nord par le biais de l’Andalousie et au Sud en Afrique Noire, où l’influence des différentes dynasties, la survivance du commerce, les relations religieuses sont toujours là, témoignage d’un maillage historique des plus denses. Stratégiquement, en s’inscrivant dans son environnement historique réel, c'est-à-dire au Nord l’Europe Méditerranéenne et au Sud l’Afrique Subsaharienne, le Maroc s’arrime à des zones porteuses d’opportunités de développement, mais aussi de diversité culturelle, d’ouverture.

Nous n’avons donc aucun intérêt à nous engluer dans le marasme d’une région, qui finalement, n’a pas de liens spécifiques avec l’identité marocaine, ni le projet national. Quelques décennies de liens ne nous ont apporté qu’un Wahhabisme d’importation, de l’intolérance et un certain repli identitaire non justifié. Il n’est pas justifié, parce qu’historiquement, le Maroc assume ses rapports avec l’Occident. Nous avons eu des conflits avec des triomphes et des défaites, une période courte de protectorat, mais point de sentiment d’humiliation. C’est au nom de l’appartenance au monde arabe que les idéologies ont disséminé ces inhibitions au sein de la population. Cette appartenance est factice et largement handicapante. Si les Algériens ne veulent pas rouvrir les frontières, proposons-leur de construire un mur. Dans notre histoire, rien de bon ne nous est parvenu de l’Est.

Jamais ! C’est bien sûr d’un mur conceptuel qu’il s’agit. La specificité marocaine n’est pas un vain mot, mais le produit d’une histoire millénaire. Nous sommes l’un des plus vieux Etatsnations du monde, le califat n’a jamais pu nous vassaliser. A l’inverse, dans la sphère dite arabe, les Etats-nations sont au mieux en construction chaotique, au pire en déliquescence. On le voit en Irak, en Syrie, en Egypte et bien ailleurs. Assumer son Histoire, adapter sa vision stratégique à la réalité de son identité, rompre avec les chimères de l’unité arabe, c’est juste reprendre le fil de l’Histoire. Cela nous permettra d’accélérer notre mouvement vers la modernité, dans le respect de nos valeurs intrinsèques et non pas celles d’une zone que nous avons tenu à l’écart pendant douze siècles. sex toys pas chers