"Affaire Pegasus". Causeur demande à qui profite le crime

Le site du magazine Causeur, décortique l’affaire «Pegasus Project» à travers une longue analyse bien étayée. Sa conclusion réside dans cette question : «Is fecit cui prodest ?»

«A qui profite le crime» est le titre, parlant, que Causeur a choisi pour tirer au clair l’affaire Pegasus. Dans une analyse publiée, ce mercredi 11 août, le site de ce magazine français qualifie de «bancals» les éléments collectés par Amnesty International et véhiculés par plusieurs médias regroupés au sein de l’organisation Forbidden Stories pour imputer à Rabat l’espionnage massif de milliers de personnes à l’aide du logiciel Pegasus.

«Étrangement, seuls onze pays ont fait l’objet d’accusations d’espionnage, alors même que près de 40 États, principalement européens, seraient clients de cette société dont le produit est conçu pour lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée», relève le média.

L’auteur de l’analyse note aussi le silence gêné qui a suivi le torrent d’articles à charge complaisamment publiés sur le sujet. «Est-ce le retour au temps calme après la tempête ?», s’interroge-t-il en faisant remarquer que «le Monde est le fer de lance de cette campagne de révélations qui vise en particulier un pays : le Maroc». Et d’ajouter : «le journal a publié le 27 juillet un article étayé sur des éléments techniques fournis par le Security Lab d’Amnesty International. Un laboratoire dont il ne s’est donné la peine d’aller vérifier le fonctionnement. Et pour cause, la plus grande opacité entoure cette structure hébergée par l’ONG qui a déjà eu maille à partir avec le Maroc».

L’auteur rappelle qu’il y a tout juste un an, en juillet 2020, ce même laboratoire avait déjà accusé les services marocains d’avoir infecté avec Pegasus le smartphone d’un journaliste, Omar Radi, sans jamais pouvoir corroborer son accusation par des preuves tangibles.

En examinant de près les accusations portées, en particulier, contre le Royaume, Causer souligne que les preuves de la charge tardent à être fournies ou peinent à convaincre. Causeur reprend les déclarations de spécialistes et d’hommes politiques français en concluant que «les connaisseurs savent que c’est trop facile et bien commode d’accuser le Maroc».

En se posant des questions sur l’acharnement ayant ciblé le Maroc, le média répond en citant notre confrère Al Ahdath Al Maghribia qui avait dressé le portrait du fondateur de Forbidden Stories, Laurent Richard. «Lequel est passé de producteur à la télévision à professionnel du ciblage médiatique animé par une véritable obsession pour le Maroc», écrit Causeur, ajoutant qu’il est surtout devenu un spécialiste de la collecte de fonds. L’auteur relève également que le principal soutien de Forbidden Stories n’est autre que les Open Society Foundations du milliardaire américano-hongrois Georges Soros, connu pour avoir financé des projets visant à déstabiliser des pays arabes. «Mais on trouve également Luminate Building Stronger Societies, appartenant au milliardaire américano-iranien Pierre Omidyar, une fondation hollandaise de soutien de la radiodiffusion ou encore le fonds Investigative Journalism for Europe. Des soutiens financiers à faire pâlir de jalousie n’importe quelle organisation internationale», rapporte l’analyste.

En citant toujours Al Ahdath Al Maghribia, Causeur fait remarquer que Forbidden Stories évite soigneusement d’enquêter sur certaines affaires, préférant braquer les projecteurs sur les pays ou les personnalités hostiles à ses généreux donateurs. «Is fecit cui prodest selon le vieil adage juridique : et si, dans l’affaire Pegasus, le criminel était celui à qui le crime profite ?», conclut le média français.