Elections. Un troisième mandat pour le PJD est-il envisageable?
Un scrutin qui pourra tout changer

Il semble que pour le moment, les deux partis qui alimentent le débat électoral sont le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM et le Parti Justice et développement (PJD). La bataille va être rude, mais déjà, les islamistes partent avec un handicap sérieux. Ils ont gâché deux législatures et braqué les citoyens contre eux, y compris leurs propres militants.

« Le RNI a complètement changé son positionnement sur certaines politiques d'ordre social, notamment l’enseignement et la santé. Tandis que le PAM qui s’est enlisé dans une crise interne, devrait terminer deuxième ou troisième lors des prochaines élections », pronostique Abdelmalek Ihazrir, enseignant des sciences politiques à l'Université Moulay Ismail de Meknès, dans un entretien à la MAP. Il est vrai que le RNI a beaucoup changé par rapport à ses versions précédentes, il présente des candidats nouveaux, modernes et d’un bon niveau intellectuel.

Pour ce qui est du PJD, l’enseignant pense « qu'un troisième mandat à la tête du gouvernement pourrait engager le pays dans une impasse économique et sociale ». Selon lui, il est « quasiment impossible de rempiler, au vu de la conjoncture difficile, de la déception générale même auprès de certains de ses militants, de la classe moyenne, particulièrement des fonctionnaires dont le comportement va avoir un impact certain sur les résultats du parti ».

Ce n’est un secret pour personne. Le PJD a déçu, a été complètement absent des débats importants qui ont traversé la société marocaine durant ces dernières années. Plus encore ses dirigeants ont défrayé la chronique par des actes à l’opposé de l’éthique qui leur a permis d’accéder au gouvernement. Les affaires de la CNSS des ministres Ramid et Amekraz, l’extase sans foulard de la députée Amina Maelainine devant le Moulin rouge à Paris, l’affaire Abdelali Hamieddine, accusé de leurre et dont le procès traîne, les dérapages de Choubani qui s’offre des voitures de luxe sur le budget de la région la moins dotée du pays....

Comment accorder du crédit à un candidat opposé au projet du TGV mais qui devient un de ses plus fervents défenseurs une fois ministre du Transport, comme Aziz Rebbah? Peut-on croire encore ce qu’il dira dans a campagne? Comment croire un membre du PJD qui a gagné aux législatives sur le thème du service aux pauvres et qui, dès qu’il a commencé à toucher le gros salaire ministériel s’est offert une villa en bord de mer dans l’endroit le plus sélect du pays? Mustapha Khalfi, il s’agit de lui, revient aujourd’hui avec le même thème auprès de la même population.

Autant d’éléments que l’électeur va certainement se rappeler au moment de mettre son bulletin dans l’urne.

Néanmoins, ces élections vont être un exercice très difficile pour les grands partis à cause du quotient électoral très favorable aux petites formations.

Pour ce qui est des élections locales, là aussi les maires PJD n’ont pas vraiment pas aidé leur parti. Dans les grandes qu’ils dirigent, on ne peut leur importer aucun des grands projets structurants qui étaient déjà programmés et budgétisés avant leur arrivée. Leur tentative de se les approprier n’échappent pas à la critique des citoyens.

Sur un autre plan, les Marocains se sont rendu compte que le PJD n’a absolument réalisé aucune de ses promesses électorales et que ses ministres étaient complètement hors zone lorsque la crise pandémique a frappé le pays. Là, ce sont plutôt les ministres du RNI (Industrie, finance, agriculture) qui ont fait l’essentiel du travail.

En tout cas, une chose est sûre, ces élections vont connaître un taux de participation intéressant, malgré les manoeuvres de certains membres du PJD qui appellent les électeurs au boycott. Ils sont convaincus que les leurs ne vont pas s’absenter. Ils sont sûrs de remporter le scrutin. Tellement sûrs d’ailleurs qu’ils propagent l’idée que sans eux, ce sera le déluge.