Le "parti" Facebook

En apparence, Facebook en particulier et les réseaux sociaux en général sont devenus des espaces politiques alternatifs pour les jeunes. En apparence seulement, parce que la réalité est plus nuancée, selon des experts.

L’engagement politique ne se réduit pas au vote, préviennent les experts s’étant penché sur le rapport des jeunes à la politique. Dans leurs études de terrain, le chercheur David Goeury et la politologue Saloua Zerhouni relèvent la nuance devant être faite entre l’engagement des jeunes en faveur de la participation politique conventionnelle qui est effectivement en déclin, et les formes de participation non conventionnelles et civiques. «Le fait d’interpréter le vote comme la principale forme d’engagement politique revenait à méconnaître fondamentalement la manière dont les jeunes conceptualisent aujourd’hui le domaine politique et le rôle des formes alternatives d’engagement, surtout avec l’utilisation massive des réseaux sociaux», fait observer la politologue dans une étude menée pour le compte de l’IRES. Comme Goeury, elle fait remarquer que les jeunes considèrent le vote comme l’un des moyens les moins efficaces de réaliser le changement et qu’ils estiment que les formes d’engagement politique civique et non conventionnel sont beaucoup plus efficaces pour avoir un impact sur les décisions publiques. D’où le fort activisme qui se fait remarquer sur la toile, à travers les réseaux sociaux. Cependant, le chercheur au laboratoire Médiations de Sorbonne Université souligne qu’une minorité des jeunesses, même urbaines, a recours à ces espaces virtuels pour faire valoir ses revendications. Mais l’importance des «actions virtuelles» n’est pas à négliger. La campagne de boycott en est la plus édifiante preuve.

En tout cas, comme le préconise Saloua Zerhouni, le défi des partis politiques ne réside pas dans la recherche des moyens pour encourager les jeunes à voter, mais consiste plutôt à comprendre leurs besoins et à adapter leurs organisations et leur mode de fonctionnement aux nouvelles formes d’engagement civique des jeunes.

Dans ce sens, l’utilisation des réseaux sociaux comme moyen de communication a toute son utilité. Sauf qu’il faut savoir adopter le langage et les codes des jeunes pour pouvoir les intéresser. Dans ce domaine, le PSU avait pu se démarquer lors des dernières législatives lors de sa campagne électorale, mais n’a pas pu transformer la mobilisation virtuelle en votes réels. C’est sûr que les enseignements nécessaires de cette mésaventure ont été tirés par les autres partis.