Résultats des élections. Avis des politologues
Le Maroc a gagné le pari démocratique

Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a remporté les élections du 8 septembre 2021 suivi du Parti authenticité et modernité (PAM) et du Parti de l’Istiqlal (PI). Le PJD, lui, a subi une défaite retentissante.  Analyse des politologues. 



« Lors de ces élections du 8 septembre 2021, le Maroc a gagné un grand pari dans le choix démocratique », déclare le professeur universitaire et analyste politique, Rachid Elazrak. Les points forts de ce scrutin : « Le respect du calendrier électoral officiel malgré la pandémie, et le déroulement conformément aux procédures régissant les opérations électorales avec un taux de participation satisfaisant des électeurs, un renforcement de la représentation des femmes dans les listes régionales et reconnaissance de la transparence au niveau international », détaille le politologue qui souligne également que le Maroc a donné aujourd’hui un exemple en matière de changement via les urnes contrairement à d’autres pays.

Les grands gagnants

Les résultats de ce scrutin ont déjoué les pronostics des plus fins connaisseurs. Sur le podium : Le RNI avec un total de 102 sièges, devançant le PAM, qui a obtenu 87 sièges et le PI avec ses 81 sièges. En quatrième position vient l’Union socialiste des forces populaires (USFP) avec 34 sièges suivi du Mouvement populaire (MP) avec 28 sièges, du Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec 22 sièges et de l’Union constitutionnelle (UC) avec 18 sièges. D’après Rachid Elazrak, les trois premiers gagnants ont repris tout simplement leur positionnement dans la scène politique nationale. «Le RNI qui raflé plus d’une centaine de sièges alors qu’il n’avait que 37 en 2016 a couvert toutes les circonscriptions et s’est mobilisé depuis 3 ans pour se préparer à ce scrutin. Finalement il a pu gagner la bataille », détaille Elazrak. Pour le PAM, il a perdu 15 sièges par rapport aux législatives précédentes. Il aurait pu faire mieux s’il n’aurait pas traversé de nombreuses crises ces dernières années. L’Istiqlal, quant à lui, n’avait que 46 sièges au parlement sortant. Il a obtenu presque le double aujourd’hui grâce au travail remarquable de son secrétaire général qui a pu réassembler les rangs du parti après le départ de Chabat », ajoute t-il.

Le crash du PJD

Contrairement aux attentes, le PJD a subi une déroute spectaculaire en passant de 125 sièges dans l’assemblée sortante à seulement 13 sièges, selon les résultats définitifs. «La grande surprise est la chute drastique des résultats du PJD qui a divisé sa représentation parlementaire par 10. Le parti a démontré lors de ses 10 ans de gestion son incapacité à répondre aux attentes des Marocains et son bilan a été très décevant », analyse R. Elazrak. Avis partagé par le politologue et président du centre Atlas d’analyse des indicateurs politiques et institutionnels, Mohamed Bouden qui évoque « un vote sanction contre un parti qui s’est présenté aux élections sans vision pour une véritable relance économique et sociale ». Autre constat relevé : «un changement des mentalités chez les électeurs », avance El Azrak. «Le citoyen votait avant pour la religion et non pour la gestion. La crise pandémique a prouvé alors que le PJD n’a pas les compétences adéquates pour relever le défi de la relance. Le citoyen a appris la leçon et a donc exprimé son mécontentement via les urnes », détaille t-il. En gros, «les urnes ne contenaient pas uniquement des bulletins de vote, mais transmettaient plutôt des messages politiques forts », résume Bouden qui note aussi que les résultats auraient encore été pire pour le PJD s’il n’y avait pas eu ce nouveau mode de calcul du quotient électoral qui pénalise les gros scores et avantage les petits scores. « Ce quotient a sauvé le PJD et lui a permis de remporter 13 sièges à travers la règle du plus fort reste », insiste t-il.

Une participation honorable

D’après le ministère de l’Intérieur, le taux de participation lors de ces élections a sensiblement augmenté par rapport à celui de 2016, passant de 43 % à 50,35%. «Le Maroc a battu un record et a atteint une performance jamais réalisée depuis 20 ans », se réjouit Elazrak. Ainsi, «plus le taux de participation est élevé, plus il pénalise les partis dont la réussite dépend des votes des électeurs fidèles », complète Bouden. De plus, dans les provinces du Sud le taux a dépassé les 65% dans certaines circonscriptions. «C’est un signal fort à l’opinion internationale qui confirme l’attachement des habitants de région à leur pays, le Maroc », conclut le même politologue.