«Miséria» et répression. Le parti de Louisa Hanoune en a marre et crie à la catastrophe
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs

Le parti algérien des travailleurs craint que l’Algérie ne devienne une nouvelle Syrie. Cette formation politique que dirige Louisa Hanoune affirme vouloir «empêcher l’avènement de l’irréparable avant qu’il ne soit trop tard». Mais à lire son diagnostic, on en conclut qu’il est déjà trop tard…

Réuni avant-hier, mercredi 15 septembre, en session hebdomadaire, le Secrétariat permanent du Bureau politique du Parti travailleur que préside Louisa Hanoune a résumé la situation socio-économique et politique qui prévaut actuellement en Algérie en termes on ne peut plus clairs à travers ce communiqué que nous publions intégralement.

Le Secrétariat permanent du Bureau politique (SBP), réuni en session hebdomadaire, a débattu des développements qui caractérisent la situation générale du pays et a enregistré : L’effondrement mortel du pouvoir d’achat suite à une flambée démentielle sans précédent des prix de tous les produits alimentaires locaux et/ou importés, des matériaux de construction, des produits d’hygiène, des fournitures scolaires , etc...

En réalité, aucun produit n’est épargné par l’augmentation sauvage et continue et qui confirme la chute du pouvoir d’achat de 50% provoquant l’explosion de la mendicité et de la violence urbaine (vols, agressions, ...), c’est-à-dire, toutes les formes de décomposition sociale.

C’est un véritable rouleau compresseur qui massacre chaque jour davantage le niveau de vie de l’écrasante majorité. Considérant qu’en plus des souffrances insupportables imposées à la majorité du peuple, le chômage explose encore plus alors que la récession avance à grands pas suite à la régression étourdissante de la consommation qui étrangle le commerce et donc la production de marchandises ce qui écrase massivement les postes d’emplois dans le cadre d’une désertification industrielle, agricole et des services.

Le SBP met en garde contre les impacts de la poursuite de ce cours mortel et qui alimente la colère grandissante chez la majorité du peuple et tire la sonnette d’alarme car il y a des limites à la résistance humaine. En effet, après la tragédie qu’a entrainé la gestion catastrophique par les autorités de la pandémie emportant des centaines de citoyennes et de citoyens dont des familles entières ce qui a répandu le sentiment chez les citoyens d’abandon par l’État, est venu le sinistre causé par les incendies meurtriers sans précédent qui a tué 200 citoyens et citoyennes, a détruit des villages entiers notamment à Tizi-Ouzou. Et c’est dans cette situation insupportable qu’intervient la flambée infernale des prix des marchandises, une autre agression d’une extrême violence, contre les conditions de vie de la majorité qui, déjà, s’enfonce dans la précarité de façon continue.

Le SBP suit avec une très grande inquiétude l’élargissement de la campagne d’arrestations qui cible des activistes politiques et des journalistes à l’instar du journaliste de Liberté Mouloudj Mohamed, qui a été arrêté dimanche dernier. Un militant pour la démocratie, un patriote sincère défenseur des causes justes. La position du Parti des Travailleurs à l’égard du mouvement séparatiste MAK est connue de tous depuis sa fondation. Nous avons toujours combattu son projet dislocateur sans répit, par les moyens politiques, les arguments et la démonstration.

Mais le SBP réitère sa mise en garde contre le recours à l’amalgame et la généralisation dans la lutte contre le terrorisme et rappelle que des milliers d’algériens innocents ont été victimes de ce type de pratiques ce qui a prolongé la guerre de décomposition et alimente le terrorisme et considère que la responsabilité dicte aux autorités d’œuvrer pour sauver notre jeunesse de toutes les voies dangereuses et non pas pousser nos jeunes et leurs familles dans leurs derniers retranchements par le bais de dizaines d’arrestations à cause de publications sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils expriment des positions que nous ne partageons pas mais que nous combattons politiquement car elles restent des idées et des visions politiques qui entrent dans le cadre du débat politique pacifique, seul à même d’isoler toutes les idées extrémistes ou dangereuses.



L’État éclairé, soucieux de l’avenir du pays, et donc de sa stabilité ne traite pas les problèmes politiques par les moyens sécuritaires, par le recours à la répression tout azimut à l’encontre de ses enfants. Il cherche les raisons et les racines des problèmes et les traite par le biais de politiques qui assèchent leurs viviers.

Le SBP rappelle que la révolution du 22 février 2019 a isolé complètement le MAK dans son propre fief et plus récemment, l’élan de solidarité nationale avec Tizi-Ouzou suite aux incendies qui l’ont dévasté, a confirmé cette sentence à l’encontre de ce mouvement séparatiste.

Il n’est donc point responsable de procéder à des arrestations à la hussarde et des condamnations irrationnelles pour appartenance à ce mouvement marginal. Ce qui de fait le victimise. En vérité ce cours ressemble de plus en plus à une campagne de publicité en faveur de ce mouvement, comme cela s’est produit au début des années 1990. En revanche immuniser la nation contre tous les dangers internes et externes passe par l’élimination des sources de détresse sociale et politique ce qui renforce le tissu social national.

Le SBP insiste sur le danger que constitue la criminalisation de la pensée politique et sa judiciarisation et appelle à la raison dans le traitement des problèmes politiques pour éviter les dérives et davantage de souffrances pour les familles qui, déjà, subissent les conditions sociales les plus inhumaines notamment à Tizi-Ouzou et Béjaïa.

Dans ce cadre, et à l’issue de l’appréciation des débats ouverts nationalement sur la question des élections locales conformément à la décision du Comité central, a enregistré comme dénominateur commun ou tendance nationale un état d’esprit sans précédent.

En effet, dès le premier jour, s’est confirmé le fait que les priorités de la majorité se concentrent autour de la misère rampante, du chômage, de l’effondrement du pouvoir d’achat et de la vague d’arrestations politiques. Quant aux élections, tout en enregistrant l’inquiétude grandissante sur l’ensemble du territoire national, quant au danger que font planer les politiques régressives et l’escalade de la répression sur la pérennité et l’intégrité de la nation, le SBP a constaté un très fort rejet des élections ou pour le moins une indifférence sans précédent bien que tout le monde soit conscient de l’importance des municipalités et assemblées de wilayas.

Plus encore, alors que le recours aux pratiques mafieuses a été établi dès le début de l’opération électorale, même l’infime minorité qui exprime le désir de prendre part au scrutin n’a aucune illusion concernant la nature du scrutin et en fait explique sa participation par la nécessité de contrer l’effondrement général qui menace la nation et confisque les chances de son avenir.

Le SBP a constaté qu’au lieu que le nombre élevé de listes à établir pour les municipales et les wilayales comparativement à celui des législatives, crée une dynamique politique dans la société, le scrutin est un non évènement pour l’écrasante majorité qui exprime une fois de plus sa défiance à l’égard de l’opération électorale mais à une échelle inégale et sa colère grande devant la dégradation épouvantable des conditions sociales que le plan d’action du gouvernement exacerbera encore plus car il est basé sur des orientations régressives sur le plan socio-économique tout comme il est dénué de toutes perspectives réelles en matière de création d’emplois, d’amélioration du pouvoir d’achat et d’impulsion du développement. Le SBP réitère son appel en direction des autorités pour qu’elles stoppent la descente aux enfers sur le plan social et mettent fin à la répression politique et qu’elles procèdent à la libération des détenus politiques et d’opinion et des journalistes emprisonnés à cause de leurs idées et écrits.

Il s’agit d’empêcher l’avènement de l’irréparable avant qu’il ne soit trop tard.