Accords d’Abraham. Satisfecit général et de nouvelles avancées en vue (Vidéo)
Une vue de la conférence ministérielle organisée par le Département d’Etat américain à l'occasion du premier anniversaire des Accords d'Abraham

Un an après la signature des Accords d’Abraham, les États-Unis, le Maroc, le Bahreïn, les Émirats Arabes Unis et Israël se disent satisfaits des avancées réalisées. Tous veulent aller de l’avant pour en réaliser d’autres.

Le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken a salué hier, vendredi 17 septembre «l’approfondissement des relations diplomatiques» entre le Maroc, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis et Israël, aux «bénéfices qui ne cessent de croître».

«Aujourd’hui, un an après la signature des accords d’Abraham, leurs bénéfices ne cessent de croître. Nous assistons à l’approfondissement des relations diplomatiques. C’est une année de premières», s’est félicité Blinken à l’occasion d’une réunion virtuelle avec ses homologues de ces pays, dont le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.


Le chef de la diplomatie américaine a cité, à cet égard, la visite du ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, le mois dernier au Maroc, la première visite d’un ministre israélien au Royaume depuis 2003, notant que les deux pays ont récemment ouvert des bureaux de liaison.

«Les relations diplomatiques ont rendu possible le lancement de vols entre Israël et le Maroc, entre Israël et le Bahreïn, et entre Israël et les Émirats arabes unis», a-t-il relevé.

«Nombreux sont ceux qui cherchent à raviver les relations de longue date qui ont été coupées jusqu’à présent», a-t-il ajouté lors de cet évènement.

Blinken a rappelé que plus d’un million d’Israéliens sont d’origine marocaine, dont cinq ministres du gouvernement actuel d’Israël.

«Nous constatons que les liens entre les peuples se renforcent, malgré les graves problèmes posés par la pandémie de Covid-19», a souligné le chef de la diplomatie américaine, faisant observer que de nombreuses opportunités économiques, d’innovation et de collaboration ont vu le jour en l’espace d’une année.

«Ces opportunités seraient formidables à tout moment, mais elles sont particulièrement importantes aujourd’hui, alors que nous nous efforçons de mieux nous relever de l’impact économique dévastateur de la pandémie», a-t-il soutenu, appelant «davantage de pays à suivre la voie des Emirats, de Bahreïn et du Maroc».

Pour Blinken, «l’approfondissement des relations diplomatiques fournit également les bases nécessaires pour relever les défis qui exigent une coopération entre les nations, comme la réduction des tensions régionales, la lutte contre le terrorisme et l’atténuation de l’impact de la crise climatique».

«La normalisation conduit à une plus grande stabilité, à une coopération accrue, à un progrès mutuel, autant de choses dont la région et le monde ont cruellement besoin en ce moment», a-t-il poursuivi.

Evoquant le conflit au Proche-Orient, Blinken a soutenu qu’il faut s’appuyer sur «ces relations croissantes et cette normalisation grandissante» pour apporter des améliorations «tangibles» à la vie des Palestiniens, et pour progresser vers l’objectif de longue date de faire avancer la paix.

«Palestiniens et Israéliens méritent des mesures égales de liberté, de sécurité, d’opportunités et de dignité», a-t-il dit.

De son côté, le ministre israélien des Affaires étrangères a indiqué que «l’un de nos objectifs communs est de faire en sorte que d’autres pays suivent notre exemple et nous rejoignent dans ces accords et dans cette nouvelle ère de coopération et d’amitié».

«L’année dernière, des ambassadeurs ont été nommés, des ambassades ont été construites, nous avons lancé des vols directs, nous avons eu des visites réciproques et nous avons signé des dizaines d’accords durant le mois écoulé», a-t-il fait savoir, ajoutant que «d’autres encore suivront».

«Nous allons consacrer les prochaines années à des projets stratégiques d’infrastructures (Eau, énergie, sécurité, alimentation, connectivité) à un niveau régional», a précisé Lapid.

Le ministre israélien a ainsi plaidé en faveur de l’élargissement de cette coopération «au service de la paix dans la région».

Pour le chef de la diplomatie du Bahreïn, Abdullatif bin Rashid Al Zayani, «cette célébration est l’occasion de commémorer non seulement ce qui a été réalisé mais aussi d’aller en avant pour voir comment mettre à profit ces accords historiques pour faire avancer la paix, la stabilité et la prospérité de l’ensemble du Proche-Orient et de ses populations».

«L’an dernier a montré qu’en dépit des défis, le changement est possible pour notre région sur la voie de la sécurité et la paix pour nous tous», a souligné le ministre.

Abondant dans ce sens, le représentant des Emirats Arabes Unis, Anwar Gargash, a affirmé que «nous pouvons tous être plus constructifs en édifiant un espace de confiance qui nous permettra d’écarter une grande partie des craintes du passé et de les remplacer par des espoirs pour l’avenir».

Il a mis l’accent, à cet égard, sur les «immenses opportunités de paix et de coopération offertes par les Accords d’Abraham, en particulier pour les jeunes générations».

Le Maroc réitère son engagement inébranlable en faveur de la paix régionale

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a quant à lui réitéré l’engagement inébranlable du Royaume en faveur de la paix régionale lors de cette conférence ministérielle organisée par le Département d’Etat américain.

«Soyez assurés de l’engagement inébranlable et continu du Maroc à faire ce qu’il faut pour contribuer réellement à la paix régionale», a affirmé le ministre.

«En effet, a-t-il assuré, nous montrons aujourd’hui à toute la région et au monde entier que des actions courageuses doivent être entreprises par chacun d’entre nous afin d’aller plus loin et voir plus grand».

«La normalisation des relations avec Israël est en effet un événement historique qui mérite d’être commémoré en ce sens qu’elle a suscité un nouvel espoir et ouvert la voie à un élan sans précédent», a fait observer Bourita, notant que l’accord USA-Maroc-Israël, signé en décembre dernier, «constitue le socle de cette relation renouvelée».

La signature de cet accord reflète «les liens profonds entre les Rois du Maroc et l’importante communauté juive marocaine», a-t-il relevé, réitérant l’appréciation sincère du Royaume pour le rôle central des Etats-Unis en tant que «garant de ce processus».

«Winston Churchill avait raison lorsqu’il disait que la paix ne saurait être préservée par des sentiments pieux. Oui, les accords de normalisation sont le résultat de la bonne volonté, de beaucoup de bonne volonté. Mais plus que tout, nous y voyons de l’action», a-t-il poursuivi, rappelant que depuis la signature de l’accord trilatéral, et suivant les hautes orientations du Roi Mohammed VI, de nombreuses actions ont été entreprises.

A ce titre, Bourita a évoqué notamment la signature de plus de 20 accords couvrant divers domaines, l’ouverture et la mise en marche de représentations diplomatiques, la création d’une plateforme pour le dialogue et la coopération impliquant cinq groupes de travail sectoriels, l’ouverture de canaux de communication entre les communautés des affaires et le lancement d’une vingtaine de vols opérés par deux compagnies aériennes israéliennes.

«Préserver, améliorer et donner un sens à la normalisation sont les défis à relever après la réussite de celui de la reprise des relations», a souligné le ministre, citant quatre points à prendre en considération dans ce cadre.

Il s’agit de la nécessité d’œuvrer pour démontrer les bienfaits de la paix et de la sécurité régionales, de relancer le processus de paix, de traiter l’animosité générée par la normalisation avec «vigilance et solidarité» et d’établir un nouvel «ordre régional».

Ainsi, Bourita a noté que l’impact du processus de normalisation «est censé se faire sentir dans les années à venir», soulignant la nécessité d’œuvrer activement pour démontrer les bienfaits de la paix et de la sécurité régionales, sur les relations entre personnes et sur les opportunités commerciales.

S’agissant de la relance du processus de paix, une initiative fondamentale, le ministre a indiqué que pour le Maroc, il n’y a pas d’autre alternative à une solution à deux États avec un État palestinien indépendant dans les frontières de juin 1967.

Par ailleurs, le statut d’Al Qods doit être préservé en tant que patrimoine commun de l’humanité et symbole de coexistence pacifique pour les adeptes des trois religions monothéistes, a-t-il insisté, rappelant que le Royaume a «toujours joué un rôle important, mais discret, pour faciliter la paix dans le passé et il est prêt à poursuivre ce rôle aujourd’hui».

Bourita a en outre fait observer que la normalisation n’a pas seulement généré de la sympathie, mais également de l’animosité, laquelle doit être traitée avec «vigilance et solidarité».

«Par exemple et malheureusement, un pays voisin a décidé de rompre ses relations avec le Maroc en prétextant, entre autres, le rétablissement de ses relations avec Israël», a-t-il indiqué.

Le ministre a aussi mis en évidence la nécessité d’établir un nouvel «ordre régional», dans lequel Israël est partie prenante plutôt qu’un «outsider dans sa propre région».

«Ce nouvel ordre régional ne doit pas être perçu comme étant ‘contre quelqu’un’, mais plutôt ‘pour notre bien à tous’. De même, il devrait être fondé sur une évaluation conjointe actualisée, mais aussi sur la manière de générer des opportunités favorisant la stabilité et le développement pour tous», a conclu Bourita.