Talibans : Non à la tentation de la normalisation 
Ceux qui ont cru pouvoir espérer un changement des talibans peuvent déchanter. Ils ont privé les fillettes de l’école, interdit aux femmes de sortir de leur domicile sans être accompagnées de leurs maris, imposé la burqa et les chaussettes, etc. Les Hazaras, Chiites craignent pour leur vie et nombre d’entre eux tentent de fuir l’Afghanistan. Les exactions se multiplient dans plusieurs provinces.

Non les talibans n’ont pas changé, leur funeste idéologie est la même, ils n’ont pas l’intention de partager le pouvoir qu’ils ont conquis par les armes, avec d’autres. Le fils de Massoud chah oppose une faible résistance qui ne remet pas en cause la mainmise des talibans. Malheureusement, c’est l’État Islamique qui inquiète le plus les nouveaux maitres de Kaboul.



C’est au niveau de la société que les réactions sont intéressantes à suivre. Des jeunes des deux sexes ont manifesté à Mazar-e Charif, drapeau afghan brandi, pour réclamer plus de liberté. A Kaboul même, de jeunes femmes ont manifesté pour défendre leur droit au travail, à l’école et à la participation politique.



Ce sont des actes très courageux parce que la réaction violente des talibans était prévue et elle a eu lieu. Mais cette résistance est peut être le fruit de la relative ouverture vécue par cette jeunesse et ces femmes, durant les vingt ans de présence occidentale.



Pour des raisons géostratégiques, la Russie et la Chine acceptent le nouveau pouvoir même si Moscou demande un engagement sur le terrorisme. Chez les occidentaux, des voix s’élèvent pour réclamer un deal. Cela constituerait une grave erreur. Il est normal de maintenir les ponts pour exfiltrer des gens, mais de là à « normaliser » avec un groupe terroriste qui a pris le pouvoir par les armes, cela serait de nature à porter atteinte à ce qui unit l’occident : ses valeurs.



Bien au contraire, il faut utiliser tous les leviers pour faire pression sur l’émirat islamique, nouvelle appellation de l’Afghanistan. Les USA ont gelé les avoirs chez les banques américaines, il faudrait que les autres États occidentaux en fassent de même.



On peut attendre un train de mesures, de sanctions économiques, pour contraindre les talibans à respecter les engagements pris à Doha avec l’administration Trump. Mais il faut surtout intensifier la lutte contre l’exportation du Pavot.



On sait que les talibans utilisaient cette ressource et ils n’hésiteront pas à continuer. Lutter contre le trafic de drogue, c’est aussi tarir les finances du pouvoir à Kaboul. L’occident ne doit surtout pas se renier et reconnaitre ce pouvoir fasciste d’un autre âge, cela encouragerait cette idéologie barbare dans d’autres contrées, en donnant le sentiment que le monde libre baisse les bras et abandonne le combat pour ses valeurs.