Marrakech. Les créations de Tamy Tazi, YSL et Fernando Sanchez à l’honneur au Musée Yves Saint Laurent
Musée Yves Saint Laurent à Marrakech. Une amitié marocaine

Le Musée Yves Saint Laurent Marrakech présente du 16 octobre 2021 au 29 mai 2022 l’exposition « Une amitié marocaine» qui explore les liens et les sphères d’inspiration communes à trois couturiers : Tamy Tazi, Fernando Sanchez (1935-2006) et Yves Saint Laurent (1936-2008). Tous avaient une même passion pour le Maroc, ses couleurs, son exubérance et le foisonnement de ses richesses.

Première exposition à confronter les regards de trois amis couturiers : Yves Saint Laurent, Tamy Tazi et Fernando Sanchez, « Une amitié marocaine » évoque les moments clefs de ce dialogue qui a commencé dès la fin des années 60. Imaginée par les commissaires d’exposition, Madison Cox et Mouna Mekouar, elle se décline en 5 parties (Un album de famille, L’atelier, Inspirations, Masculin-féminin et Explosion de couleurs), et réunit ainsi un ensemble d’œuvres maîtresses parmi les plus représentatives de leurs recherches comme de leur complicité.

L’insolence des mélanges

Tous les trois s’intéressent passionnément aux arts décoratifs et aux arts appliqués du Maroc et sont fascinés par la couleur, « la violence des accords, l’insolence des mélanges, l’ardeur des inventions » (Yves Saint Laurent). Ils portent une attention particulièrement aiguë « au mystère des rues de Marrakech » (Fernando Sanchez), à cette ville qui leur a « amené la couleur» (Yves Saint Laurent). Leur passion pour cette « merveilleuse inconnue » les réunira régulièrement.

L’exposition dont la scénographie est réalisée par Jasmin Oezcebi, souhaite refléter cette passion marocaine qui les anime. Elle est pensée au prisme des mots révélateurs d' Yves Saint Laurent : « Bien qu’habitué à la lumière et aux couleurs de l’Afrique du Nord, c’est plus tard, lorsque je découvris le Maroc, que je compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des zouacs, des djellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les miennes, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l’insolence des mélanges, à l’ardeur des inventions. Cette culture est devenue la mienne, mais je ne me suis pas contenté de l’importer, je l’ai annexée, transformée, adaptée. » (1983)

En hiver 1966, Yves Saint Laurent visite Marrakech pour la première fois ; le coup de foudre est immédiat. Dès lors, il s’y rend plusieurs fois par an et ce, jusqu’à la fin de sa carrière, pour se ressourcer mais aussi pour y dessiner ses collections.

Tamy Tazi, consacrée un an auparavant comme un symbole de modernité et d’élégance marocaine dans l’influente revue Vogue, est l’une des toutes premières amitiés qu' Yves Saint Laurent noue au Maroc. Quant à Fernando Sanchez, le styliste et lui se sont connus, jeunes hommes, à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, et sont toujours restés proches. Alors que les trois vivaient respectivement à Casablanca, New York et Paris, ils se retrouvaient régulièrement à Marrakech, partageant la même fascination pour la richesse du répertoire décoratif marocain.

Le couturier a revendiqué haut et fort l’influence du Maroc dans sa création. Il a su s’approprier mais aussi réinventer le burnous, le saroual, et d’autres vêtements traditionnellement masculins, pour dessiner de nouvelles silhouettes féminines. Il a su aussi emprunter au Maroc des couleurs vives, chaudes ou plus sobres. Dans son œuvre, les teintes éclatantes de Marrakech se confrontent : le rose, le rouge, le jaune, mais aussi le beige, les tons terre, le bleu marine. Lui qui avant de découvrir le Maroc, consacrait à la couleur noire une place centrale dans ses collections.

Une amitié de 40 ans

On ne peut comprendre l’itinéraire riche et foisonnant de l’oeuvre d' Yves Saint Laurent sans tenir compte de son amitié avec Tamy Tazi et Fernando Sanchez, entretenue pendant quarante ans. Leurs oeuvres, qui entrent souvent en résonance les unes avec les autres, en témoignent.

Tamy Tazi a su réinventer le caftan, en lui donnant une silhouette plus élancée et plus affinée, offrant aux femmes une aisance nouvelle, tout en soulignant leurs lignes. Elle s’est intéressée à la coupe et, plus particulièrement encore, à la broderie. Elle en a élargi le répertoire, en jouant tant des codes vestimentaires que de la variation des formes et des couleurs. Elle a par ailleurs constitué une extraordinaire collection de broderies et de textiles anciens. Celle-ci lui a permis d’élargir son regard et de nourrir sa création mais aussi de partager sa passion avec Yves Saint Laurent et Fernando Sanchez, qu’elle initie à cet univers si particulier. Parallèlement, et grâce à sa complicité avec Yves Saint Laurent, dont elle représente la maison de couture au Maroc, Tamy Tazi va accéder aux tissus exclusivement dessinés par les grands fabricants de textile pour le couturier français.

Par des jeux de rapprochements et de renvois, l’exposition montre comment les univers visuels partagés par les trois amis les ont influencés. Leurs appropriations très personnelles comme les croisements entre leurs œuvres reposent sur cette profonde communion esthétique qui les réunira durant plus de 40 ans. Ainsi, toutes les créations exposées doivent être vues et perçues à la lumière de ces liens étroits et d'un jeu permanent de réinterprétations successives.