Liban. L'ombre de la guerre civile plane sur Beyrouth
Des membres du parti chiite Amal à l'affut

Le Liban enquête toujours sur les responsables de l’explosion du port de Beyrouth. Un an et rien n’a bougé. Jusqu’à aujourd’hui. Le juge qui enquête sur cette affaire hautement politique ne plait pas à tout le monde. Et c’est qui qui ne veut pas qu’il avance dans ses investigations? Le Hezbollah et Amal.

Les deux partis chiites veulent forcer la main du gouvernement afin que l’enquête sur l’explosion du port n’aboutisse pas. Ils avaient auparavant saisi la Cour de cassation pour se plaindre contre le juge Karim Bitar, chargé de l’affaire. Plainte qui a été rejetée par la Cour. D’où la décision de manifester de manière violente afin de faire peur aussi bien aux citoyens qu’au gouvernement. Le Hezbollah est lourdement armé et il le fait savoir régulièrement. C’est un Etat dans l’Etat, inféodé à l’Iran et ses moyens sont immenses.

Le juge Bitar avait émis, mardi dernier, un mandat d'arrêt contre le député et ex-ministre des Finances Ali Hassan Khalil, membre du mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah, mesure qui n’a pas été du goût des deux formations chiites.

La manifestation a laissé 4 morts et des blessés, selon les médias libanais. Des quartiers entiers de la capitale sont devenus zone de guerre avec des tirs et des explosions. Il y en a eu à proximité du palais de justice, cible des manifestants. Des armes légères et moyennes ont été sorties pour l’occasion. Une ambiance de guerre civile.

Des ambulances, sirènes hurlantes, affluaient pour prendre en charge les victimes dans les rues désertées, les habitants s'étant réfugiés dans leurs appartements et revivant des scènes de guerre qu'ils pensaient oubliées.

Sur les réseaux sociaux, des images montraient des écoliers d'un établissement du secteur se cachant sous leurs bureaux ou rassemblés par terre devant les salles de classe.

L’armée a déployés ses chars dans le quartier, en bouclant les accès, prévenant qu'elle tirerait à bout portant sur toute personne qui ouvrirait le feu.

Le Hezbollah et le mouvement Amal avaient appelé à la manifestation pour exiger le remplacement du juge Tareq Bitar, qui est déterminé à interroger de hauts responsables dont deux ex-ministres d'Amal.

Le Premier ministre Nagib Mikati a appelé au retour au calme et mis en garde contre les tentatives d'entraîner le Liban dans un cycle de violence.