Ferhat Mehenni réagit aux accusations d’Alger « Le seul terrorisme qui existe en Algérie est celui de l’Etat militaro-policier algérien »
Ferhat Mehenni président du MAK et du gouvernement kabyle provisoire en exil (ANAVAD)

Accusé de terrorisme, le Mouvement Kabyle pour l’Autodétermination (MAK) dirigé par Ferhat Mehenni réagit. Ce n’est pas la première fois que « les services coloniaux » utilisent ces accusations.

Lobservateur.info. Le MAK est accusé de terrorisme par le pouvoir algérien. Les télévisions algériennes ont toutes diffusé un reportage vous accusant ainsi que le Maroc et Israël.

Ferhat Mehenni. Ce n'est pas la première fois que les Services coloniaux d’occupation de la Kabylie nous accusent de terrorisme alors qu’il n’y a ni acte ni intention d’acte terroriste de notre part. Depuis le 23 avril dernier, c’est devenu une obsession, un acharnement à vouloir faire croire aux Algériens et au monde entier que nous sommes violents et cruels. Les militaires voudraient prendre leurs désirs pour des réalités. Après leurs cuisantes défaites électorales et politiques en Kabylie où trois scrutins majeurs ont été boycottés à 100%, ils n’admettent pas que celle-ci se détache de leur autorité tout en construisant pacifiquement la sienne. Il ne leur reste qu’à inventer des histoires à dormir debout pour nous diaboliser. Au lieu de reconnaître leurs échecs face au MAK, ils préfèrent lui coller le Maroc et Israël pour dire que notre succès, n'est pas le nôtre mais celui de pays étrangers.

Quel commentaire faites-vous à propos de ce reportage ?

En Algérie, tout le monde rit de ce grotesque montage vidéo et les observateurs internationaux en ont tout de suite vu les failles. Après avoir tenté en vain de nous accuser d’être derrière les gigantesques incendies criminels que les Services avaient allumés en Kabylie, entre le 09 et le 25 août derniers, après avoir voulu nous accuser du meurtre de Djamel Bensmail qu’ils avaient assassiné dans un fourgon de la police, devant le commissariat de Larbaa Nat Yiraten, ils ont fait ce nouveau coup tordu qui se retourne contre eux. Tant que les Services coloniaux et les forces d’occupation de la Kabylie usent et abusent de mensonges pour nous attribuer leurs coups fourrés, nous triompherons sur eux, car nous sommes dans le vrai. Il faut qu’ils comprennent qu’à la guerre de l’information, ils ne peuvent rien sur et contre un terrain pacifique. Leurs bombes sont des pétards mouillés.

Comment avez-vous réagi à ces accusations ?

Nous avons réagi par des interventions médiatiques qui ont porté leurs fruits. Dès lors que des agences de presses ont été impliquées dans la diffusion de leurs communiqués mensongers, cela nous a donné des droits de réponses qui ont anéanti les allégations d’Alger contre le MAK. Nous, au sein du MAK et du Gouvernement Provisoire Kabyle, nous nous en tenons à notre démarche pacifique et non violente. Nous les attendons sur le terrain du droit international qui nous reconnait la légitimité d’organiser notre référendum d’autodétermination pour le vaillant peuple kabyle.

Le pouvoir algérien voudrait que la France vous arrête et vous livre ainsi que d’autres opposants algériens vivant à l’étranger. Comment interprétez-vous cela ?

L’Algérie croit que la France est à son image, un Etat arbitraire et une dictature. Si la France était convaincue du bienfondé de la demande de mon extradition, elle l’aurait sûrement soumise à la justice pour examen et aurait communiqué sur le sujet. Je reste serein, non seulement à cause de l’Etat de droit dont jouit le peuple français avec lequel je partage mon quotidien depuis près de trente ans, mais aussi à cause de mon innocence et de celle du MAK.

Pour le moment, le seul terrorisme qui existe en Algérie est celui de l’Etat militaro-policier algérien. Il a généralisé la torture contre des détenus politiques et d’opinion que l’on compte aujourd’hui par centaines dans ses geôles.

Où en êtes-vous aujourd’hui de votre action pour faire reconnaître votre cause dans le monde, aux Nations unies et l’UA ?

Notre demande de reconnaissance internationale est sur la table des chancelleries et des organisations internationales concernées, à commencer par l’ONU et l’Union Africaine. Nous avons besoin de soutiens diplomatiques pour appuyer auprès de toutes ces instances notre légitime requête.