« Personnellement et scientifiquement parlant, je vois l’avenir avec beaucoup d’espoir et je crois que le Maroc sortira bientôt de la crise. L’analyse des données génomiques actuelles et le développement du nouveau traitement anti-Covid-19 « molnupiravir » de l’américain Merck nous laissent plutôt confiants quant au dénouement de cette crise » rassure le membre du Comité Scientifique, Pr Azzedine Ibrahimi. Une note d’espoir que le scientifique n’hésite pas à renforcer en citant les différentes études développées aussi bien localement qu'à l’échelle internationale.

Même optimisme du côté de Pr Kamal Marhoum El Filali, Chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd à Casablanca. « Nous avons des vaccins efficaces et en parallèle des médicaments en développement. Ceci en plus des essais antiviraux très utiles en début de maladie qui évitent l’évolution vers ses formes sévères. Ce sont des traitements à prendre chez soi, permettant la prévention chez les cas contacts, cassant ainsi le cercle de la transmission » explique le spécialiste. Des propos qui prêtent à croire que l’on est en train de s’acheminer vers un schéma ressemblant à la prise en charge d'une grippe « ordinaire ». Contrôler la maladie et cohabiter avec le virus, les scientifiques estiment en effet que la combinaison vaccin/traitement pourrait être l’issue à la crise sanitaire.

Un comprimé magique

Complémentaire aux vaccins, le médicament de Merck pourrait devenir l’outil crucial dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19. « Ce médicament constitue une sacrée avancée. Conçu spécialement pour traiter la Covid-19, il réduit par deux les risques d'hospitalisation et de décès. Ceci tout en augmentant les chances de guérir de 50%. Mieux encore, aucun cas de décès n’a été enregistré parmi les personnes ayant reçu le traitement, comme l’affirment les essais cliniques menés par le laboratoire pharmaceutique américain », explique Pr Ibrahimi.

Des données importantes qui, selon le scientifique, devraient réduire considérablement le taux d’hospitalisation et alléger la pression sur le système sanitaire marocain. « Si toutefois nous maintenons notre stratégie visionnaire et défensive dans la lutte anti-Covid et que nous commandons ce médicament le plutôt possible auprès du laboratoire producteur » note le scientifique.

Rappelons que Merck a annoncé lundi dernier avoir demandé aux USA l'autorisation en urgence de son nouveau médicament. Administré aux patients quelques jours après leur contamination, le comprimé « magique » réduit par deux les risques d'hospitalisation et de décès. D’après les tests cliniques, le molnupiravir diminue également les formes graves de la maladie et la capacité du virus à se répliquer. Si les antiviraux permettent aux personnes déjà atteintes de ne pas souffrir de symptômes graves, ils peuvent aussi empêcher les cas contacts de développer la maladie.

Bientôt autorisé ?

La demande d’autorisation du médicament a d’ailleurs été adressée en urgence à la FDA ( Agence américaine du médicament), dix jours seulement après avoir reçu les résultats des essais cliniques. Dans un communiqué, Merck a précisé travailler « activement avec les agences réglementaires du monde entier pour soumettre des demandes d'utilisation d'urgence ou d'autorisation de mise sur le marché dans les mois à venir ».

Ce traitement par voie orale, facile, à prendre chez soi est déjà en phase de fabrication. Selon les prévisions du groupe pharmaceutique, les doses nécessaires pour 10 millions de traitements seront produites d'ici la fin de l'année. L'enseigne affirme avoir déjà passé des accords pour fournir certains pays dont les Etats-Unis, lesquels ont prévu d'acheter 1,7 million de doses ; si toutefois molnupiravir est approuvé.