Unesco : La pandémie derrière la pire des crises éducatives de l’Histoire
La fermeture des écoles aurait un lourd impact à court et à long terme sur l'avenir des élèves

Les dégâts collatéraux de la pandémie ne cessent de se multiplier. Le monde aurait traversé pendant ces deux dernières années la pire crise éducative jamais enregistrée, selon l’Unesco… Détails



Nullement épargnée, l’école aurait subi de plein fouet les répercussions de la pandémie Covid-19. Fermeture, perturbations en tout genre et autres mesures restrictives, le monde aurait vécu la pire crise éducative jamais enregistrée comme l’affirme l’Unesco à l’occasion de la journée mondiale de l’éducation.

« Cependant, on note un changement notable entre décembre 2021 et janvier 2022: il n’y a plus de fermetures massives d’écoles, les États sont arrivés à stabiliser un nouveau modèle de gestion de crise avec la capacité à maintenir les écoles ouvertes grâce à l’adoption de protocoles sanitaires renforcés et sécurisés », modère toutefois l’organisation onusienne. Décrivant les stratégies adoptées par les différents pays du monde, cette dernière dresse d’ailleurs la liste des pays ayant le plus et le moins fermé les classes.

Classement

Si actuellement, les écoles sont ouvertes dans 35 pays, 25 ont choisi en ce début d’année de repousser la réouverture de leurs écoles après les vacances de Noël. Douze ont fait le choix de les fermer complètement, contre 40 pays à la même date l’an dernier, ajoute l’Unesco. Toujours selon la même source, les pays qui ont le plus fermé leurs écoles depuis deux ans, et ceux qui les ont fermé le plus longtemps, c’est-à-dire plus de 60 semaines sont: le Bangladesh, le Koweït, les Philippines, l’Ouganda et le Venezuela. Prenant en compte les fermetures partielles, l’Ouganda a totalisé plus de 60 semaines de fermeture complète et 23 semaines de fermeture partielle, la Bolivie a totalisé respectivement 43 semaines et 39 semaines, le Népal a enregistré 35 et 47 semaines et enfin l’Inde 25 semaines et 57 semaines. A l'opposé, on retrouve des pays qui n’ont jamais eu recours à cette mesure extrême. On cite: la Biélorussie, le Burundi, Nauru et le Tadjikistan. Une douzaine n’ont jamais eu recours à la fermeture totale dont la Russie, les États-Unis et l’Australie. L’Océanie reste pour sa part la région qui a le moins fermé ses classes.

Des fermetures totales ou partielles plus ou moins longues des établissements scolaires ou d’enseignement supérieur qui ont eu des conséquences dramatiques en particulier dans les pays à revenu faible, note l’Unesco dans son rapport. Concernant cette catégorie, le pourcentage des enfants affectés par la pauvreté des apprentissages serait passé de 53% avant la pandémie à 70%. Certaines régions du Brésil, de l’Inde rurale, du Pakistan, de l’Afrique du Sud ou encore du Mexique ont enregistré des pertes substantielles d’apprentissage en mathématiques et en lecture, s’alarme l’organisation onusienne.

Prévisions

Assez pessimiste, les agences onusiennes émettent des prévisions peu réjouissantes à l’horizon 2030. Ainsi « aucune région du monde ne prévoit d’atteindre l’universalité de l’enseignement secondaire ». De leur côté, « les enseignants estiment que seulement un tiers des élèves auront des compétences de base en mathématiques » et « 33% des élèves ne seront pas capables de lire une phrase à la fin du primaire ». Pire encore, sur le long terme, Les élèves actuels risquent de perdre près de 17.000 milliards de dollars de revenus en raison des carences entraînées par les fermetures d’établissements liées à la pandémie, s’alarment auparavant la Banque mondiale et des agences onusiennes.

Pour Jaime Saavedra, Directeur mondial pour l’éducation à la Banque mondiale, cité dans un rapport publié en décembre 2021, « La perte d’apprentissage que connaissent de nombreux enfants est moralement inacceptable. L’augmentation potentielle de la pauvreté des apprentissages pourrait avoir un impact dévastateur sur la productivité, les revenus et le bien-être futurs de cette génération d’enfants et de jeunes, de leurs familles et des économies mondiales » présage le responsable. « Le message consistant à dire qu’il est essentiel de laisser les écoles ouvertes, d’un point de vue social et pour le bien-être des enfants est donc passé au niveau des différents États » se réjouit toutefois l’Unesco en rappelant les stratégies adoptées de par le monde pour affronter la pandémie et maintenir les portes des écoles ouvertes. Distanciation sociale, fermetures au cas par cas, lavages de mains et port du masque, recours aux tests de dépistage.. sont autant de mesures permettant de s’adapter et de sauver l’école.

Au Maroc

Dans une analyse de la situation actuelle au niveau des écoles marocaines, réalisée par Unicef Maroc à l’occasion de la quatrième Journée mondiale de l’éducation, l’Organisation affirme que la crise sanitaire a beaucoup éloigné le Maroc de son objectif : Assurer un enseignement de qualité à tous les enfants. « Les différents rapports et études durant la Covid-19 démontrent un grand gap chez les enfants en termes d’apprentissage» note l’analyse de l’Unesco Maroc. L’Organisation rappelle ainsi les difficultés enregistrées dans les matières comme l'arabe, le français, les mathématiques et les sciences. « Ces résultats reflètent une situation, pré-Covid-19 difficile des apprentissages des enfants au Maroc, notamment chez les plus vulnérables », ajoute la même source.

Une étude de la Banque mondiale sur l’impact de la pandémie a démontré que les pays vont perdre 3,6 à 10,8 mois de moyenne de scolarisation. Cet impact influencera un niveau d’abandon atteignant 7 millions d’élèves à travers le monde (du primaire au secondaire)», rappelle Unicef Maroc. La Banque mondiale a également montré que, faute de mesures appropriées durant la période de fermeture des écoles, l’apprentissage effectif d’un élève pourrait diminuer de 6,2 à 5,9 ans et l’apprentissage annuel moyen par élève de 2%.