Enquête : 44 % des élèves marocains victimes de harcèlement
Le niveau médiocre des élèves marocains augmente le taux de redoublement

Les résultats de l’enquête PISA sur l’éducation au Maroc sont alarmants à plus d’un titre. Les conditions d’apprentissage à l’école marocaine affectent le niveau des élèves et le harcèlement encore plus.   



Le système éducatif au Maroc ne se porte pas bien. Le dernier rapport de l’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique conforte dans ce constat déjà fait par les enquêtes précédentes. Ce rapport est élaboré en collaboration avec l’Agence américaine MCA-Morocco et se base sur les données du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) piloté par l’OCDE. Il diagnostique en effet de nombreux dysfonctionnements affectant profondément les scores et le niveau des élèves marocains.

Obstacles à l’inclusion

S’attardant sur l’impact du harcèlement sur le rendement scolaire des élèves, le nouveau rapport nous apprend que 44% des élèves sondés ont affirmé avoir subi une forme ou plusieurs formes de harcèlement une fois au moins par mois, contre 30 en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. Physique, moral ou verbal, le harcèlement en milieu scolaire affecte profondément le niveau d’apprentissage et de rendement des élèves comme l’affirme les résultats du rapport de PISA.

Véritable obstacle à l’inclusion des victimes, le harcèlement creuse les écarts de scores entre les élèves les plus exposés et ceux qui le sont moins. Ces écarts sont de l’ordre de 43 points en compréhension d’écrit, 30 points en mathématique et 31 points en sciences. « Ces chiffres démontrent que le harcèlement est lié négativement aux scores des élèves. Il n’affecte pas uniquement leur apprentissage mais aussi leur bien être » notent les auteurs du rapport.

Lacunes

Mais au-delà de la problématique du harcèlement en milieu scolaire, le système éducatif national souffre de beaucoup de lacunes. Le rapport de PISA les relève sans ménagement. A commencer par le taux de redoublement alarmant. En effet 49% des élèves de 15 ans ont déjà redoublé au moins une fois. Le Maroc arrive ainsi en tête de tous les pays participant à cette enquête avec le taux de redoublement le plus important. Plus répandu chez les garçons, il est toutefois fréquent chez les élèves issus de milieux socio-économiquement défavorisés, ceux étudiant à l’école publique et dans le milieu rural.

Un système éducatif non inclusif qui cultive l’inégalité des chances et l’iniquité éducative, comme le note le rapport. Ces résultats le prouvent d’ailleurs en révélant le niveau médiocre enregistré particulièrement chez les élèves issus de milieux fragilisés, issus du monde rural et encore une fois de l’école publique. Cette étude n’a d’ailleurs pas touché 36% de la sa cible âgée de 15 ans car ils sont toujours en primaire alors qu’ils devraient être au collège ou parce qu’ils ont déjà quitté les bancs de l’école.

Niveau bas

Confirmant les résultats d’enquêtes précédentes, ce rapport enfonce le clou en notant la grande faiblesse du niveau de compétences de nos élèves. Ainsi moins d’un quart des élèves sondés ont un niveau minimal de compétences. Les autres ne sont pas arrivés à acquérir les connaissances fondamentales pour compléter leurs études. En chiffres plus explicites : 73% des élèves n’ont pas le niveau minimal. La situation s’aggrave lorsqu’il s’agit des mathématiques avec un taux de 76%. Dans une tentative d’expliquer ce niveau médiocre, l’enquête de PISA pointe le manque et l’inadéquation des ressources humaines, éducatives et matérielles. L’indiscipline, le retard et l’absentéisme sont également évoqués comme circonstances aggravantes. Une situation qui est encore pire lorsqu’il s’agit de l’école publique.

Un présent incertain mais aussi un futur brumeux : 20% des élèves ne savent pas du tout ce qu’ils feront dans les cinq années suivant le sondage tandis que 30% souhaitent intégrer le marché du travail. Cependant 14% de nos élèves veulent chercher des métiers ne nécessitant guère de qualification universitaire. Pour rappel, le rapport PISA traite principalement trois domaines : Les sciences, les mathématiques et la compréhension des textes écrits. Cette enquête a été menée auprès d’un échantillon de plus de 7.200 élèves âgés de 15 ans et inscrits dans 180 écoles différentes.