Sexe contre bonnes notes : Le CNDH monte au créneau 
Un débat social pour briser le silence autour le harcèlement sexuel en milieu universitaire

Le Conseil national des droits humains compte lancer un débat social et une plateforme dédiée pour dénoncer la violence sexiste en milieu universitaire. C’est ce que vient d’annoncer sa présidente Amina Bouayach.



A quelques mois de leur déclenchement, les affaires du « sexe contre bonnes notes » continuent de provoquer les réactions de part et d’autre. Cette fois-ci, c'est le CNDH qui monte au créneau et annonce le lancement d’un débat social sur la violence basée sur le genre. Une initiative qui sera menée en partenariat avec les universités et ses commissions régionales. Ceci en parallèle avec la mise à la disposition des victimes d’une plateforme pour dénoncer tout abus et harcèlement sexuel.
S’exprimant lors d’une rencontre organisée par l’Université Abdelmalek Saâdi à Tanger, Amina Bouayach, président du CNDH, s’est montrée catégorique. « Nous avons tous pu suivre ces affaires de violence sexiste sévissant au sein de certaines facultés. Des affaires qui n’affectent pas uniquement la réputation de l’université mais portent un coup fatal au cœur de sa mission noble », s’insurge Bouayach en notant l’importance de la gestion autonome de ces dossiers par l’université. « Le renforcement de ce type de gestion pourrait faciliter la lutte contre ces crimes sexistes. C’est la meilleure manière d’empêcher cet espace d’apprentissage et de connaissance de se transformer en un repère de violence basée sur le sexe et de traite d’êtres humains », ajoute la présidente du CNDH.

Cette dernière estime en effet que le déclenchement des affaires du « sexe contre bonnes », n’est que le résultat des bouleversements touchant notre société. « C’est un symptôme des mutations et des gestations touchant nos valeurs sociales. Ces scandales interrogent le rôle de l’université mais nous interroge également en tant qu’institution défendant et protégeant les droits humains », commente Bouayach à Tanger. Restant optimiste, la présidente du CNDH s’est réjouit toutefois du courage dont les victimes ont fait preuve en dénonçant leurs bourreaux, en bravant leur peur et en brisant le silence qui entourait ces agissements et ces graves abus. Pour la présidente du CNDH, il faut que les coupables reçoivent leur châtiment et les victimes défendues et protégées. C’est une revendication principale de tout défenseur des droits humains qui est susceptible de renforcer la confiance dans l’Etat de droit et dans la justice » soutient Bouayach. Cette dernière a d’ailleurs appelé les universités à honorer leur engagement social en protégeant les étudiants et étudiantes. Ceci en cadrant les relations entre étudiants et professeurs et responsables à travers une politique interne prohibant tout type d’abus, de haine ou d’incitation à la violence ou de violence sexiste.

En termes pratiques, Bouayach a appelé les universités à élaborer un système interne et autonome de gestion des plaintes concernant ce type de violence et ceci même avant d’arriver en justice. Soutien aux victimes, interventions en urgence pour mettre fin aux abus et à leur répétition, organisation de rencontre avec les nouveaux étudiants pour leur expliquer les règles fondamentales de l’éthique universitaire, les accompagner et les orienter durant leur cursus, élaboration d’un système de remédiation pour les victimes ... sont autant de recommandations émises par la présidente du CNDH afin de lutter contre la violence sexiste en milieu universitaire. Rappelons que plusieurs universités et grandes écoles ont été récemment secouées par des scandales sexuels dont les protagonistes principaux sont des professeurs abusant de leur pouvoir pour soumettre leurs étudiantes à leurs désirs.