La mobilisation : une nécessité de l’époque
C’est une séquence particulière qui s’impose au niveau international. Les peuples, harassés, sortent de deux ans de mesures sanitaires, dont le plus dur a été le confinement. Mais les relations sociales ne sont plus ce qu’elles étaient, trop de gens vivent isolés et le sentiment de peur vire à l’exaspération. Même dans les pays où les États ont été généreux en termes de protection, des troubles, des manifestations sont en cours. En général, le point de départ c’est la contestation des mesures sanitaires, même si d’autres insatisfactions s’y agrègent.

Le Maroc n’a pas échappé à cette morosité ambiante. Alors que nous sommes à la sortie de la crise sanitaire, que le nouveau gouvernement a déjà pris des mesures allant dans le bon sens, ce n’est pas l’euphorie qui règne.

Certaines voix tentent d’utiliser cette démoralisation des individus d’une manière politicienne. Les uns réclament le changement du chef du gouvernement, qui n’est là que depuis 4 mois, d’autres proposent de refaire les élections dans un an. C’est d’un ridicule absolu.

Il n’y a pas de crise politique au Maroc. Les institutions fonctionnent parfaitement, dans le cadre des prérogatives qui leur ont été fixées par la constitution de 2011. Le Souverain fixe les axes stratégiques, le gouvernement établit et exécute les programmes et le parlement remplit son rôle. Il n’y a aucun dysfonctionnement visible.

L’action gouvernementale a été vite confrontée à trois événements majeurs, imprévus parce qu’imprévisibles. Le premier c’est la sécheresse. Quelque soit la pluviométrie des prochaines semaines, les cultures céréalières sont perdues. Le cheptel est en grand danger par manque d’alimentation, des petits fellahs s’enfoncent dans la pauvreté extrême. Les institutions ont marché, le Roi a initié un programme de dix milliards de dirhams mobilisables d’urgence.

Mais les deux autres impacts sont les prix du pétrole qui dépassent les cent dollars le baril et qui continuent à augmenter ainsi que l’inflation mondiale qui affecte et affectera encore plus le Maroc. Le gouvernement n’est pas responsable de cette situation, mais il doit en gérer les effets, pour éviter la souffrance des couches pauvres au risque d’une déflagration sociale. Autour de ces problématiques, un débat démocratique sérieux serait le bienvenu. Les hommes d’affaires doivent non seulement investir, mais aussi montrer de l’empathie envers leurs salariés et leur entourage. Les autres, en premier les partis et les syndicats doivent remiser les discours passéistes et remettre l’espoir dans le progrès social au centre de leurs préoccupations. Ce n’est qu’une telle mobilisation qui permettra, à tout un chacun, de retrouver les forces qui le projettent dans l’avenir et au Maroc d’avancer son projet national.

D’ailleurs, en demandant à la Fondation Mohammed V d’étendre régionalement ses activités, le Roi lance un message clair, la période est celle de la solidarité. Pourvu que nous nous mettions tous au niveau de cette vision, il en va de l’avenir de notre pays.