France. Le gouvernement face à la colère corse
Yvan Colonna, les Corses ne croient pas à l'explication de son agression. Un crime d'Etat?

Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, est en visite en Corse pour deux jours afin d’essayer d’éteindre le feu des violences qui ont été déclenchées par l’agression d’un militant en prison. Le ministre vient pour discuter mais n’oublie pas d’envoyer du renfort aux forces de maintien de l’ordre. On négocie mieux en position de force.

Lundi dernier, la France a envoyé en renfort, soixante policiers de l’unité spéciale de maintien de l’ordre, la CRS 8, en Corse. Les violences de dimanche dernier qui ont explosé suite à l’agression du militant indépendantiste Yvan Colonna qui purge une peine à perpétuité, ont fait beaucoup de dégâts et remis sur la table le débat sur le statut de la Corse.

Le recours à la violence de la part des militants a été justifié par certains d’entre eux. « En sept ans, rien n'a avancé, et en sept jours de violences, les choses ont bougé. La violence est nécessaire », soutient Antoine Negretti, cité par l’agence France presse,

Pour sa part, Marie-Antoinette Maupertuis, la présidente nationaliste de l'assemblée de Corse, voit dans le déplacement du ministre « un bon début », mais veut « des signes forts avant d'y croire ». L’affaire qui traîne depuis 2017 a été reportée une première fois à l'été 2018. Le ministre de l’Intérieur a déclaré que le gouvernement était prêt à aller jusqu’à l’autonomie. Les autonomistes vont être satisfaits, mais il y a les indépendantistes.

La réforme des institutions, qui devait entériner le statut particulier de la collectivité de Corse créée en 2015, avait de nouveau été présentée par le gouvernement un an plus tard sous une nouvelle mouture mais sans jamais être examinée depuis, explique l’AFP.

Selon la présidente de l’assemblée corse, « c'est la mauvaise gestion du dossier corse par le gouvernement qui a créé la situation extrêmement tendue dans laquelle nous nous trouvons ».

Le président Emmanuel Macron, obsédé par sa réélection dans un mois, aurait fait un deal avec les autonomistes: soutien aux présidentielles contre autonomie.

Le ministre de l’Intérieur a été épinglé sur son explication de l’agression de Yvan Colonna, dont on dit qu’il est en état de mort cérébrale. Selon lui, il s’agirait d’un « acte terroriste » à cause d’un blasphème. Un peu gros comme explication pour les Corses qui voulaient y avoir un crime d’Etat. « Ce que nous vivons, c’est juste insupportable. Yvan Colonna était censé être protégé dans sa prison. Il y a eu un complot d’Etat, on peut même parler de crime d’Etat », s’insurgeait une manifestante, dimanche dernier, citée par le site 20 minutes.

Sur RMC, le député de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva s’interrogeait sur les circonstances de l’agression: « Il faudra bien une enquête indépendante pour expliquer le déroulé de l'agression. Il y a de la négligence, de la défaillance ou complicité ou plus. Il y a une zone d'ombre béante ».