Scolarisation en milieu rural. Un bilan négatif
Les filles souffrent encore plus que les garçons des défaillances de la scolarisation en milieu rural

La scolarisation en milieu rural serait mal en point selon le dernier rapport de la Cour des Comptes. Un bilan marqué par la persistance des faiblesses en termes de qualité de l'enseignement et d’équité des résultats. Détails



C’est un tableau plutôt sombre que dresse la Cour des comptes sur la scolarisation dans le monde rural. Niveau faible des résultats, absentéisme des professeurs, manque de contrôle, parité aux abonnés absents particulièrement au niveau secondaire... sont autant de faiblesses qui minent la scolarisation et celle des filles en particulier.

Une situation que le rapport de la Cour des comptes explique par le manque voire l'absence d'inspecteurs pédagogiques. Le faible encadrement des enseignants et spécialement des contractuels œuvrant dans le milieu rural, influence négativement le niveau de l’enseignement dans les campagnes marocaines, explique le rapport. Bien que le bilan de la scolarisation en milieu rural ait enregistré des améliorations notables, les résultats restent toutefois en dessous des attentes. Si la généralisation de la parité des genres a permis d’atteindre les objectifs au niveau du primaire, la scolarisation des filles peine encore lorsqu’il s’agit du niveau secondaire.

D’après les résultats de la cour des comptes, le Taux brut de scolarisation au niveau du secondaire collégial en milieu rural, pendant l’année scolaire 2018-2019, était de 74,1%, dont 82,4% pour les garçons et 65,4% pour les filles. Les enquêteurs de la cour des comptes nous apprennent que la fille en milieu rural devient de plus en plus performante dans ses études. Elle arrive même à dépasser le garçon. Une prouesse qui ne lui permet toutefois pas d’être plus présente dans les cycles de l’enseignement secondaire en milieu rural.

Autre point noir soulevé par le rapport : Les élèves du monde rural, filles comme garçons, sont plus exposés à l’abandon scolaire. Avec un taux élevé, notamment dans le cycle collégial, 12,2% des élèves de la campagne ont quitté les bancs de l’école au titre de l’année scolaire 2019, contre 9,3% en milieu urbain. Ceci dit, il faut noter que ce taux a cependant baissé ces dernières années pour les trois cycles de l’enseignement scolaire. Ainsi entre 2018-2019 et 2019-2020, la baisse a été de l’ordre de 0,9% , 1,7% et 1,4% respectivement pour le primaire, le collégial et le qualifiant. Un effet direct des programmes d’appui social à la scolarisation, comme l’explique la même source.

Egalité des chances

L’égalité des chances entre le milieu rural et urbain a pris un sacré coup à cause de la pandémie. C’est ce qu’affirment les auteurs du rapport. Cette égalité n’a pas été suffisamment assurée en ce qui concerne les cours à distance, la disponibilité des moyens matériels permettant de se connecter et de bénéficier de cet enseignement alternatif. Une injustice territoriale qui vient aggraver une situation déjà assez problématique. manque d’effectifs, classes à cours multiples, absentéisme des enseignants, pauvreté et croyances persistantes par rapport à l’enseignement des filles sont autant de faiblesses compromettant le « bon déroulement » de la scolarisation en milieu rural. Le manque de matériel et de structures et les conditions de scolarisation approfondissent davantage l’écart entre écoles urbaines et rurales. Le rapport de la Cour des comptes évoque les établissements scolaires qui ne sont par raccordés aux réseaux de distribution d’eau, d’électricité ou de l’assainissement liquide. Ainsi sur un total de 17.705 établissements, 4.997 unités ne sont pas reliées aux réseaux de distribution de l’électricité, 7.262 ne sont pas raccordées aux réseaux de distribution de l’eau et 8.255 ne sont pas raccordées aux réseaux d’assainissement liquide.

Pire encore, le rapport fait mention de la persistance d’utilisation en milieu rural des salles de classe en préfabriqué construites avec des matériaux contenant de « l’amiante », réputée pour sa grande toxicité. Les élèves à besoins spécifiques ne sont pas plus avantagés, la Cour pointe du doigt l’insuffisance des accessibilités. L’hébergement scolaire, les cantines et le transport scolaire sont également des défaillances limitant les performances de l’école en milieu rural tout en entravant la poursuite des études pour les filles.