Uriel Lynn "Entre Israélien et Marocains, nous avons tellement de choses à faire ensemble"
Uriel Lynn, président des Chambres de commerce en Israël

Uriel Lynn est le président des Chambres de commerce en Israël. Célèbre juriste dans ce pays, il avait notamment présidé la commission parlementaire Constitution et justice. Il était aussi directeur général du ministère israélien de l'Energie et des infrastructures. Son avis compte concernant le développement de projets maroco-israéliens.



Dans un monde en plein chamboulement, le «front de la paix», construit entre des pays arabes dont le Maroc et Israël, s’élargit. Résultat, la normalisation avec l’État hébreux est en train de devenir la «nouvelle normalité», comme l’a expliqué le chef de la diplomatie américaine lors du Sommet du Néguev. Dans ce contexte, patrons marocains et israéliens poussent, ensemble et avec force, à la roue de la co-construction de projets communs pour montrer l’exemple. Cette parfaite concordance des tons politique et économique devra se traduire également par une égale concordance entre les temps politiques et économiques. C'est ce que recommande, Uriel Lynn dans ces déclarations accordées à L'Observateur du Maroc en marge de la visite de travail qu'a effectuée une délégation patronale israélienne au Maroc du 28 au 31 mars.


Uriel Lynn : "Les gens qui voient de l'extérieur ne peuvent jamais être mieux renseignés que ceux qui voient de l’intérieur. Avant de venir au Maroc, j'ai analysé un peu l'économie marocaine et j'ai constaté que le Royaume a réalisé des progrès fantastiques notamment dans le domaine des énergies renouvelables. Ayant été, autrefois, directeur général du ministère de l'Énergie en Israël, je sais à quel point il est difficile de remplacer l'énergie fossile, comme le charbon et le pétrole, par des énergies renouvelables.

Aujourd'hui, le Maroc a déjà produit près de 4.000 mégawatts et pourrait même décrocher une médaille d'or dans ce domaine en 2030, avec une production propre de plus de 50 % de de son électricité. Encore une fois, c'est fantastique. Ce sera un record mondial et vous devez en être très fiers. De son côté, Israël a beaucoup d'expérience dans les énergies solaire et éolienne.

En travaillant ensemble, nous pouvons accélérer le processus et les progrès que vous réalisez dans ce domaine. C'est très important non seulement pour votre économie, mais pour le monde. Car nous sommes aussi très préoccupés par les changements climatiques. Par ailleurs, nous constatons aujourd’hui que les principales préoccupations ne sont pas liées au développement technologiques, mais aux besoins de base comme la sécurité alimentaire, par exemple. Il n’y a qu’à voir ce qu’il se en Ukraine.

Le Maroc ayant un secteur agricole, qui dépend dans une large mesure des précipitations, peut tirer profit de l’expérience d’Israël en matière de préservation des ressources hydrauliques et de déploiement de nouvelles technologiques de l’irrigation. L’autre domaine qui est propice au partenariat maroco-israélien est la protection de vos vastes frontières contre les activités illégales au moyen d’outils technologiques développés par des sociétés israéliennes. Il y a également d’autres secteurs comme le tourisme, les phosphates, l’aérien ou encore l’automobile. Par ailleurs, je suis de ceux qui appellent au respect des droits des employeurs au même titre que ceux des employés.

J’avais anciennement présidé la commission législative de la justice et dans ce cadre j’avais contribué à instituer certains droits fondamentaux. J’estime qu’un Accord de libre-échange est nécessaire pour faire accélérer les partenariats bilatéraux. Nous en avons un avec les Émirats arabes unis, un autre avec les États-Unis et un autre encore avec la Corée du sud, comme avec une quarantaine d’autres pays. Je suis sûr que nous allons avoir un accord de libre-échange avec le Maroc aussi. La seule question est le rythme avec lequel nos administrations respectives vont œuvrer pour l’élaboration d’un tel accord devant permettre aux secteurs privés de nos deux pays de travailler, de concert, sur des bases solides."