Driss Lachgar : «L’Espagne assume aujourd'hui sa responsabilité historique et morale vis-à-vis du Maroc»
Le secrétaire géréral de l'USFP, Driss Lachgar

Dans une interview publiée, hier mercredi 6 avril dans le quotidien ABC Espagne, le secrétaire général de l’USFP salue le changement de position de l’Espagne et du PSOE à l’égard du Maroc. Driss Lachgar invite l’Algérie à emboîter le pas aux Espagnols… Extraits.

Lecture de Driss Lachgar du changement de position de l'Espagne vis-à-vis du Sahara marocain.

«Il ne s'agit pas d'un changement de position ou d'un changement radical, comme l’affirment certains, mais plutôt d'une évolution de la position officielle de l'État espagnol, qui avait promu le séparatisme et l'avait soutenu. Nous avons qualifié cette évolution de positive. C'est un pas de plus sur le chemin entamé il y a 14 ans, lorsque le gouvernement a considéré que l'autonomie proposée par le Maroc est une contribution précieuse à la résolution d'un conflit qui est dans l'impasse depuis plus de quatre décennies, comme l'a récemment rappelé Pedro Sánchez. L'Espagne a toujours défendu ce qu'on peut appeler la neutralité passive. Il assume donc aujourd'hui sa responsabilité historique et morale vis-à-vis d'un pays voisin. Son soutien au plan d'autonomie au Sahara représente un signe positif pour corriger les erreurs du passé. Il permettra d'ouvrir une nouvelle page.

Clin d’œil de Driss Lechgar aux socialistes espagnols

«Je crois que la sagesse et le courage politique ont triomphé au profit des deux peuples. Nous sommes heureux que nos amis espagnols - ceux du PSOE - aient pu laisser derrière eux l'héritage franquiste et tourner la page impérialiste. Les dirigeants socialistes espagnols connaissent parfaitement l'histoire du conflit et son contexte. Ils sont conscients que le développement et la stabilité sont avant tout au service de l'être humain. En l'occurrence, au service des fils et filles du Sahara et de ses habitants, qui jouissent de la stabilité, de la sécurité et du développement que connaissent toutes les régions du sud marocain. L'Espagne a eu l'intelligence de bien lire les transformations en cours en Méditerranée occidentale.»
A propos de l’évolution du dossier du Sahara marocain au niveau international

«L'opinion publique internationale et les organisations internationales, dont les Nations unies, ont beaucoup fait évoluer leurs positions par rapport à cette question, que ce soit en Amérique, en Europe, en Afrique ou en Asie. Et nous avons été très heureux que l'Espagne en fasse de même. Nous sommes fiers de ce que notre pays a réalisé. Les Marocains aiment l'Espagne et nous sommes fiers de ce que nous avons en commun au niveau culturel, économique et social. Le marocain est un peuple passionné qui apprécie le voisinage et aime la paix. La décision espagnole est importante parce que, d'une part, c'est une reconnaissance implicite de la compréhension de leurs dirigeants de l'importance de la question du Sahara et de l'intégrité territoriale. C'est aussi l'occasion de restaurer les relations entre les pays. L'Espagne n'est pas n'importe quel pays. C'est un pont fondamental qui nous relie à l'Union européenne».

Mise au point concernant les évènements de Ceuta et Melilla

«Le Maroc n'ouvre pas de clôtures et ne met pas en danger la sécurité de ses citoyens ou des Africains qui traversent son sol. Le Maroc n'est plus seulement une terre de transit, mais un havre de paix pour les migrants africains, syriens et autres. Ce qui s'est passé était un malheureux accident causé par le manque de communication entre les deux parties et la fissuration de la coordination. Cette tâche est économiquement et moralement coûteuse pour le gouvernement et le peuple marocains, l'Europe doit donc clarifier ses positions à cet égard et fournir les mesures nécessaires. Le message du chef de l'État marocain, Mohammed VI, lors du sommet tenu en février dernier entre l'Union africaine et l'Union européenne, a été clair à ce sujet.»

Message à l’Algérie

«C'est une opportunité pour le régime algérien de transcender les erreurs du passé et d'aller vers l'avenir. Avant les Espagnols la France, l'Allemagne, États-Unis d'Amérique, pays de la Ligue arabe et bien d'autres pays en Afrique et en Amérique latine reconnaissent déjà la nature marocaine du Sahara et le régime algérien n'a pas réagi contre ces pays. L’Espagne n’a donc pas à éprouver une quelconque frilosité.

Les maîtres mots pour l’avenir des relations Espagne-Maroc

«Confiance et respect, essentiellement. Parce que nous sommes condamnés à travailler ensemble, et parce que les changements, voire les bouleversements géostratégiques, nous obligent à définir précisément qui sont nos amis.»