Volaille. Les raisons de l’envolée des prix
Le prix du poulet a augmenté de manière significative ces derniers jours. Aucune visibilité pour la période à venir.

Les prix de la volaille sont au plus haut. La faute en partie à la flambée des coûts de production qui ont un impact significatif sur le panier du consommateur.



L’inflation continue de battre des records au Maroc. Et la volaille fait partie de la liste de ces produits dont les prix se sont envolés de manière vertigineuse ces derniers jours pour atteindre 23 DH le kilo voire même plus dans certaines régions. Ceci a suscité l’incompréhension mais aussi la colère des consommateurs sur les réseaux sociaux. Leur pouvoir d’achat ne cesse de s’effriter depuis la crise sanitaire et la situation s’est aggravée ces derniers mois à cause de la hausse des prix des produits pétroliers, des prix de plusieurs produits alimentaires, des matériaux de construction, ...et aujourd’hui cette hausse jugée excessive des prix du poulet vient enfoncer le clou. La situation devient insoutenable pour beaucoup de consommateurs qui lient l’envolée à la forte demande des viandes de volaille en cette période marquée par l’organisation des mariages et des fêtes et appellent les autorités concernées à intervenir pour stopper l’hémorragie.

Mais le président de la fédération des professions avicoles (FISA), balaie de revers de main cette hypothèse. Selon lui, cette hausse des prix de la volaille n’est pas voulue mais plutôt subie. «Elle ne veut guère dire hausse des marges chez l’éleveur mais compense à peine l'augmentation des coûts de production », précise-t-il.

Ainsi, Youssef Alaoui, note, que depuis plusieurs mois, les éleveurs sont confrontés à la hausse des cours des matières premières agricoles. Pour certains produits comme le blé, le mais...les prix ont doublé voire même triplé. "La quasi totalité de produits qui composent l'alimentation donnée aux volailles sont importés et représentent même 80% du prix du poulet", ajoute t-il.

La guerre en Ukraine d'après le même professionnel, provoque encore plus de volatilité sur le marché mondial des matières premières et a donc accéléré la hausse des coûts de l’aliment pour volailles. «Une partie de l’approvisionnement de la profession en maïs et blé fourrager provient de l’Ukraine et la Russie. L’arrêt des exportations a provoqué des goulots d’étranglement sur le marché international et les prix ont atteint des sommets. Du jamais vu », détaille Alaoui. Autre facteur évoqué : la réduction de l’offre. « Cette envolée des prix de l’aliment a contraint de nombreux éleveurs à arrêter la production et donc l’offre s’est réduite sensiblement sur le marché », estime le professionnel qui ajoute que les prix de reviens du poulet sont passés de 12,5 ou 13 DH à 16 DH voire même 17 DH aujourd’hui. Mais il tient à souligner que le poulet est vendu à la ferme à son coût de reviens avec zéro marge.

Pour la période à venir, le professionnel déplore un manque de visibilité surtout avec la récente décision de l’Inde de suspendre ses exportations du blé. «Cette décision est un autre coup dur pour le marché. Et les effets commencent à se faire sentir avec une hausse sans précédent des cours des matières premières ces deux derniers jours. On ignore donc ce que demain nous réserve », conclut Alaoui.