Premier cas de variole du singe confirmé, les spécialistes rassurent
Vigilance, hygiène, distanciation et consultation rapide en cas de doute, les conseils des experts

Il ne faut surtout pas paniquer ! Il faut, certes, rester vigilant, prudent et éviter la contamination en respectant les précautions sanitaires mais tout en gardant son calme et éviter de provoquer une panique générale. Ce sont là les conseils des experts pour affronter cette nouvelle menace.



L’annonce aujourd’hui, 2 juin, d’un cas confirmé de variole du singe n’a pas manqué de susciter l’inquiétude des citoyens. Après le grand soulagement suite à la non-confirmation des trois cas suspects détectés la semaine dernière, les interrogations se sont multipliées sur les réseaux sociaux à propos de l’arrivée de cette nouvelle pandémie au Maroc.

« La situation ne prête pas à l’inquiétude. Lorsqu’on a affaire à un virus transmissible entre les humains, il est évident qu’il va finir forcément par atterrir partout. Là où il y a une activité humaine, là où il y a un mouvement, des voyages et des rencontres, le virus va finir par arriver car il n’a nul besoin de passeport ou de visa », nous explique Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé. Si l’arrivée de la maladie au Maroc a été inévitable, pour l’expert il y a cependant un moyen pour modérer son impact. « Ce qu’il faut avoir c’est un système de veille performant qui permet de détecter les nouveaux cas le plutôt possible », revient à la charge l’expert.

Concernant le cas enregistré au Maroc, Dr Hamdi précise que c’est un cas importé, qui n’a pas été contaminé localement. « C’est une preuve que le système de veille est performant et fonctionnel et arrive à accomplir sa mission », se réjouit le spécialiste. Ce dernier juge d’ailleurs que ce premier cas importé est un signe plutôt rassurant pour notre système de santé. Décryptage ? « Ca veut dire qu’on peut briser la chaine de transmission à temps et on peut ainsi bloquer la propagation du virus », répond Dr Hamdi. Mais comment va-t-on y arriver ? « Grâce notamment à la vigilance et à la vieille des citoyens qui devraient bien connaitre les symptômes et consulter le plutôt possible en cas d’infection ou de doute. Mais aussi grâce aux médecins sensibilisés et préparés et au système de santé prêt à détecter les cas suspects et probables pour les confirmer ou les infirmer », détaille le spécialiste.

Même réaction de la part de Dr Jaâfar Heikel, professeur d’épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses, qui est plutôt rassurant. « Il ne faut surtout pas paniquer face à l’apparition de la maladie au Maroc. Sa propagation a été fort probable », rassure l’expert qui insiste toutefois sur l’importance de la vigilance. « Garder son calme, rester prudent et bien se protéger », ajoute le spécialiste. Insistant sur l’importance de sensibiliser la population, le professionnel de santé met l’accent sur l’importance de préciser les symptômes, de les détailler, expliquer les modes de transmissions de la maladie et les mesures de prévention.

Pour Dr Tayeb Hamdi, la vigilance doit être de mise surtout en ces temps de vacances et de grands déplacements. « C’est l’été et il y a beaucoup de mouvement et les cas vont se multiplier dans le monde. Il est certain qu’au cous de la semaine prochaine on découvrira beaucoup plus de cas », affirme l’expert. Les précautions à prendre dans ce cas de figure ? « Respecter les mesures barrières, une hygiène minutieuse et fréquente, la distanciation sociale, proscrire l’échange d’objets personnels » conseille l’expert. « Nous avons la chance que ce virus ne se propage pas aussi facilement que Covid-19 et que sa transmission nécessite un contact étroit et intime avec la personne contaminé », assure le spécialiste. Des propos rassurants que Dr Hamdi modère cependant en rappelant l’importance de rester vigilant et de rester sur ses gardes.

Un nouveau confinement ?

Des mesures barrières et de la distanciation sociale sont alors de mise pour affronter cette nouvelle épidémie. Serons-nous ainsi amenés à

revivre un remake du confinement de 2020 ? « Pas du tout ! Le confinement de 2020 a été indiqué car on ne connaissait pas le virus et on n’avait pas les moyens de s’en protéger ni les vaccins nécessaires pour s’en prémunir. C’était une nouvelle pandémie inconnue sur tous les plans. Or avec le virus de la variole du singe nous avons affaire à un virus connu depuis 70 ans chez l’animal et 50 ans chez l’humain » rassure l’expert. « On a des vaccins qui sont efficaces et qui seront utilisés, si nécessaire, juste pour les personnes contact à risque. Et le plus important c’est que la maladie a des symptômes apparents et visibles qui permettent à la personne infectée et à son entourage d’être avisés à temps », ajoute-t-il.

Quant à la vaccination pour freiner la propagation de la pandémie, Dr Tayeb Hamdi estime que les vaccins anti-variole humaine peuvent s’avérer efficaces dans cette lutte. « Ces vaccins ont permis d’éradiquer la variole humaine en 1980. Ils peuvent ainsi aider à limiter la progression de celle du singe. Ils pourraient aider les personnes exposées à faire une forme très mineure en cas de contamination», nous explique le spécialiste. Rappelons que plusieurs études ont prouvé que ces vaccins seraient efficaces à 85%. Ceci dit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé « qu’il n’est pas nécessaire à ce stade de lancer des campagnes massives de vaccination ». Pour l’OMS, il faut plutôt opter pour une vaccination ciblée orientée vers les personnes contact et à risque.

Pour rappel, le Maroc a lancé un plan national de veille et de riposte contre cette maladie inquiétante. Se déclarant au début en Europe, la variole du singe s’est rapidement propagée aux Etats-Unis, au Canada, au Congo, au Cameroun, en Australie et en Israël en mettant en alerte la communauté scientifique et l’OMS.