Pour les beaux yeux du Polisario, l'Algérie enterre l'amitié espagnole
Le Président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez lors de sa visite au Maroc

Mercredi 8 juin, l’Algérie suspend le traité d’amitié et de bon voisinage avec l’Espagne, signé en 2002. La raison est très évidente. Toutes les relations extérieures de l’Algérie sont conditionnées par un seul élément, la position vis-à-vis de la question de Sahara.

La présidence algérienne a suspendu le traité d’amitié et de bon voisinage signé il y a 20 ans avec l’Espagne. Selon le communiqué de la présidence, la position de l’Espagne vis-à-vis de la question du Sahara est en"violation de leurs obligations juridique, morale et politique". On comprend donc que par ce traité, l’Espagne devait suivre l’Algérie dans sa politique régionale, notamment contre le Maroc. Surtout contre le Maroc.

La présidence approfondit ses arguments: "Ces mêmes autorités qui assument la responsabilité d'un revirement injustifiable de leur position depuis les annonces du 18 mars 2022 par lesquelles le gouvernement espagnol actuel a apporté son plein soutien à la formule illégale et illégitime de l'autonomie interne préconisée par la puissance occupante, s'emploient à promouvoir un fait accompli colonial en usant d'arguments fallacieux ».

Pour le pouvoir algérien, donc, la position espagnole est « un revirement injustifiable ». Autrement dit, c’est l’Algérie qui décide pour l’Espagne de ce qui est justifiable et ce qui ne l’est pas. La souveraineté politique espagnole ne devrait pas exister.

Autre concept, « la formule illégale et illégitime de l’autonomie », là encore, c’est l’Algérie qui apprendra à tous les pays du monde ce qui est légal et légitime. Cette formule est officiellement adoptée par les Nations Unies et par toutes les puissances. Il n’y a que l’Algérie qui pense le contraire. Peut-elle faire autre chose?

Quoi qu’il en soit, tout est bénéfique pour le Maroc qui a toujours affirmé que la partie adverse n’est pas ce qu’on appelle Polisario, mais bel et bien l’Algérie. Ce pays torpille lui-même les fondements de son argumentation en prouvant qu’il n’est pas un simple observateur dans cette affaire du Sahara, mais l’acteur principal. Pourquoi s’en prendre à l’Espagne si c’était vraiment le cas? Après tout Madrid peut agir comme bon lui semble, en fonction des ses intérêts.

D’un autre côté, les Algériens démontrent encore une fois qu’ils ne sont pas crédibles et que, pour eux, les traités d’amitié c’est du vent. D’ailleurs, il y en a un avec le Maroc depuis les années 60 et on voit chaque ce que l’Algérie en fait.

L’Algérie sait qu’elle a perdu la bataille de l’Atlantique, elle voulait avoir accès à l’océan du côte des provinces du sud du Maroc. Elle n’a pas admis la constitution de l’Alliance atlantique africaine (23 pays ce qui n’est pas rien dans une Afrique qui en compte 54). Ce nouvel espace géostratégique représente 46 % de la population africaine, 55 % du PIB et 57% du commerce continental. Et le secrétariat général de ce nouvel ensemble sera établi à Rabat qui a organisé la première réunion.

La question qui taraude l'esprit encore est la suivante. Qui décide de la politique étrangère algérienne? Il semble que c'est le Polisario qui dirige tout dans ce pays, pas seulement la diplomatie. Il n'est pas soutenu par le pouvoir. C'est lui qui soutient le pouvoir qui a fait de la question du Sahara un mode de gouvernance pour réduire au silence les Algériens. On comprend aussi pourquoi les Kabyles veulent obtenir leur indépendance.

Une école diplomatique ce pays, vraiment. Le genre "ce qu'il ne faut surtout pas faire".