La crise entre Alger et Madrid devrait réveiller les Palestiniens
Khaled Nezzar. Un revenant, le vrai pouvoir c'est lui

En créant la crise avec l’Espagne, le pouvoir algérien s’est découvert sur deux côtés. La couverture n’était pas assez grande et pouvait glisser à n’importe quel moment.

Lorsque le Président du gouvernement espagnol a envoyé une lettre au Roi Mohammed VI, reconnaissant l’importance de la question des provinces du Sud pour le Maroc, la junte militaire d’Alger a sauté au plafond.

Plus tard, lorsque Pedro Sanchez a confirmé la position de l’Etat espagnol en faveur du Maroc, la même junte est complètement sortie de ses gongs, dénonçant le traité d’amitié et de bon voisinage avec le royaume d’Espagne. Elle a tenté d’augmenter la pression en interdisant tout échange commercial ou financier avec les Espagnols avant de se rétracter suite à une réaction ferme de l’Union européenne.

Tout cela est important, mais il y a plus.

En agissant ainsi, la junte militaire rend un grand service au Maroc. En clair, elle démontre au monde entier que ce n’est pas ce qu’on appelle Polisario qui est « l’autre partie » du conflit, mais bien l’Algérie. Ceci, ajouté aux déclarations de l’ancien ministre de la Défense Khalid Nezzar (l’architecte en chef de la décennie noire) qui incitait les mercenaires du Polisario a commettre des actes terroristes au Maroc, est largement suffisant pour établir l’implication du régime d’Alger dans l’affaire du Sahara. Le dossier est solide.

Et ce n’est pas tout. Le président, le ministre des Affaires étrangères, les généraux et les politiques du pays ont toujours soutenu que, pour eux, la question palestinienne et sahraouie sont les deux causes principales des Algériens. Elles ont la même importance. Tout le monde savait que c’était du vent, mais il fallait attendre encore un peu pour en avoir le coeur net. Et voilà que tombe la réaction contre l’Espagne qui a apporté la preuve que la Palestine n’est pas une cause principale pour les Algériens. En fait, elle est apparue comme quelque chose de négligeable, qui ne pèse pas lourd dans les calculs algériens.

Autrement, Alger aurait dû couper le contact avec tous les pays qui auraient agi « conte » la Palestine. On parle ici des Etats-Unis qui ont reconnu Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël; des Émirats, de l’Egypte, de la Jordanie, du Soudan, du Bahrein qui ont des relations avec Israël. En plus, il faudrait aussi sévir contre les pays européens qui soutiennent ce pays.

En ne faisant rien, l’Algérie montre bien qu’elle n’a pas de cause. Elle n’a en fait que le Maroc. Et le Maroc a le djellaba très large.

Heureusement pour elle, le royaume du Maroc, comme le royaume d’Espagne n’ont pas de temps à perdre.

Pour les Palestiniens c’est une autre question. Ils le savent déjà, sans doute, ceux qui parlent trop ne sont pas nécessairement les plus efficaces. Mais bon, c’est une autre histoire. Pour Alger, les deux affaires sont un mode de gouvernance interne. Rien de plus.