Agriculture: C'est parti pour la campagne 2018

La campagne agricole 2018-2019 a été lancée hier, mardi 9 octobre 2018, à partir de la commune Tameslouht (province d’Al Haouz), en présence du ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch.

Intervenant à cette occasion, Akhannouch a souligné que le lancement de l'actuelle campagne agricole à partir de ce bassin à Tamesloht revêt une grande symbolique puisque ce bassin de décantation de l’eau d’irrigation rentrant dans le cadre du Programme nationale d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) a été inauguré par le Roi Mohammed VI en 2017.

Le ministre a par ailleurs, mis l’accent sur les principales réalisations de la campagne agricole précédente ainsi que les mesures susceptibles de garantir un accompagnement proactif de la campagne agricole actuelle.

Concernant les incitations et mesures prises pour garantir la réussite à la campagne agricole 2018-2019, Akhannouch a fait savoir que son département a consacré 2,2 millions de quintaux de semences sélectionnées avec des prix de vente incitatifs et subventionnés alors que le ministère garantira l’approvisionnement du marché d’engrais avec 680.000 tonnes tout en mettant en œuvre les acquis et les résultats de la Carte du sol relative à la rationalisation de l’utilisation des engrais.

Le ministre a en outre, fait savoir que le taux de remplissage des barrages agricoles a atteint actuellement 56%, indiquant que son département a programmé 557.000 ha d’irrigation dans les grands périmètres.

Il sera procédé aussi à la poursuite de l’exécution du PNEEI à travers l’équipement des domaines agricoles du système d’irrigation localisée sur une superficie additionnelle de 50.000 ha, ce qui permettra d’atteindre 610.000 ha, outre le parachèvement des travaux de modernisation du réseau d’irrigation pour la conversion collective en irrigation localisée sur 65.000 ha, soit 55% du programme global.

D’autres mesures ont été prises telles que la réglementation des rations en eau pour sauver les arbres fruitiers et les cultures durables dans les périmètres de Souss-Massa et Doukkala, a indiqué Akhannouch, relevant que le ministère poursuivra les opérations de protection sanitaire des végétaux et des animaux et l’accompagnement et l’encadrement des agriculteurs dans les différentes chaines de production.

S’agissant du domaine du financement, le ministre a souligné que le Crédit agricole du Maroc a pris toutes les mesures financières et réglementaires pour répondre aux demandes de financement de la campagne agricole dans les meilleures conditions.

Et d’ajouter que le suivi permanent de l’évolution de la campagne agricole actuelle et la fédération des efforts de toutes les parties prenantes dans le secteur agricole permettra de prendre les mesures additionnelles nécessaires dans le temps approprié.

Le ministre a en outre mis l’accent sur les caractéristiques et les réalisations "exceptionnelles" de la campagne précédente 2017-2018, qui a été marquée par l’importance et la régularité des précipitations, qui ont permis d’améliorer les retenues des barrages agricoles de 45% en comparaison avec la campagne agricole 2016-2017.

Et de poursuivre que grâce à ces précipitations et aux mesures adoptées dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) et la forte implication des différents intervenants du secteur, le Maroc a réalisé une bonne campagne agricole.

En effet, a expliqué Akhannouch, le Maroc a produit 103 millions de quintaux de céréales, soit une hausse de 7% par rapport à la campagne 2016-2017 et soit la troisième meilleure production depuis le lancement du PMV en 2008.

L’agriculture marocaine a aussi enregistré une hausse de la production dans les principales cultures, dont une évolution de 50% pour l’olivier, 3,4% pour les légumineuses, alors que les cultures sucrières ont couvert 46 % de la demande intérieure en sucre, de même que le Maroc a produit 29,2 millions tonnes d’agrumes et 2 millions de tonnes de primeurs.

Il est prévu cette année une production record des olives (cultivé sur 957.000 ha), avec 2 millions de tonnes, soit une hausse de 22,3% comparativement avec la campagne précédente, sachant que cette filière a enregistré une hausse de 50% lors des campagnes de 2016-2017 et 2017-2018, soit une hausse de 72% lors de ces deux campagnes, et une production record pour les agrumes, qui s’élèverait à 2,62 millions de tonnes sur une superficie de 117.004 ha, soit une hausse de 17% comparativement à la précédente campagne agricole et un rendement record de 22,1 tonne/ha.

Akhannouch a fait remarquer que la production des viandes a elle aussi, enregistré une amélioration de 7% pour les viandes rouges (590.000 tonnes), 2% pour le lait (2,55 milliards de litres), le miel (6.100 tonnes), 13% pour les viandes blanches (690.000 tonnes), 29% pour les œufs (6,3 milliards d’unités) comparativement avec la campagne agricole précédente.

Concernant les exportations des produits agricoles, elles ont affiché une hausse de 3%, soit une évolution de 5% pour les primeurs, 4% pour les exportations des agrumes et 2% pour les tomates.

Le ministre a par ailleurs, relevé que les réalisations "exceptionnelles" de l’agriculture marocaine, qui ont permis d'accroître la croissance économique du Maroc, ont été atteintes grâce aux mesures du PMV et à l’implication de tous les intervenants, indiquant que son département, en concertation avec les fédérations interprofessionnelles, entamera dans environ 10 jours, une opération d’évaluation "objective" des réalisations du PMV.

Le président de la Chambre d’agriculture de Marrakech-Safi, Habib Bentaleb, a relevé pour sa part, que l’agriculture marocaine a enregistré durant la précédente campagne agricole, des rendements record grâce aux mesures du PMV en dépit du retard des précipitations, notant que tous les objectifs du PMV ont été atteints et même dépassés, ce qui a permis d’améliorer le climat d’investissement dans ce secteur et de créer davantage de postes d’emploi.

Bentaleb a appelé à prendre des mesures concernant l’offre en eau d’irrigation, la commercialisation, la création de labels, l’organisation des marchés et le réforme des systèmes fonciers régissant les domaines agricoles de l’Etat.

Le Président la Confédération marocaine de l"Agriculture et du Développement (COMADER), Ahmed Ouayach, a de son côté, relevé qu’il faut prendre des mesures pour trouver des solutions au problème de la commercialisation des produits agricoles, notamment les céréales.

Ouayach a appelé à accorder davantage d’attention aux petits agriculteurs, qui représentent près de 75% de la population rurale, et à procéder à la protection du produit agricole national, sachant que l’agriculture constitue un gisement d’emploi et un secteur créateur de richesse.