Plages: Attention, il y a des eaux cancérigènes
La plage peut devenir un lieu très dangereux...

Pourquoi c’est dangereux de piquer une tête dans une plage déclarée non conforme à la baignade ? Eléments de réponses avec Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.

Vous vous préparez pour partir en vacances, et avec la chaleur qui sévit, les destinations balnéaires vous font rêver ? Attention toutefois de vous retrouver au bord de l’une des 23 plages classées non conformes selon le rapport annuel sur la qualité des eaux de baignade et du sable au Maroc.

La liste noire

D’après ce rapport, il est déconseillé de se baigner dans les plages Sabadilla, Rmod, Torres, Les amiraux (Playa Blanca), Tanger Municipale, Markala, Jbila III, Sidi Kacem, Asilah Port et la Petite Plage. Sont également concernées par cette classification les plages de Salé, Rabat, Témara, Sid El Abed, Aïn Atiq, Aghroud (à Souss-Massa) et Likheira ( Dakhla-Oued Ed Dahab). Dans la région de Casablanca-Settat, Essanawbar (David), le Grand Zenata, Nahla, Aïn Sebaâ, Chahdia, Oued Merzeg et Lalla Aicha Bahria sont également déclarées impropres à la baignade.

Rendue publique juin dernier, cette alerte émise par le Ministère de la transition énergétique et du développement durable n’a pourtant pas empêché les estivants de se ruer vers les plages de cette liste noire. Ignorance ou simple insouciance ? En tout cas les experts mettent en garde ce type d’inadvertance.

Critères de classement

« En effet le but de la classification des plages comme étant propres ou impropres à la baignade est de protéger la santé des baigneurs », affirme Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Loin d’être un simple palmarès, ce classement devrait servir à orienter les estivants vers des destinations « save ». « Ce n’est pas juste un classement mais une indication, une incitation à faire attention et à choisir correctement les lieux d’estivage », nous explique l’expert. D4après ce dernier, une plage qui est impropre à la baignade est un lieu qu’il ne faut absolument pas fréquenter. « Car ça représente un énorme risque pour la santé », précise Dr Hamdi.

« La classification se base sur trois éléments : La disponibilité des équipements sanitaires nécessaires pour préserver la santé des citoyens, la qualité des eaux et des sables et leur propreté. Si elles ne sont pas polluées par des déchets, des produits toxiques nuisibles, des eaux usées domestiques ou d’origine industrielle. Quant au 3e élément : C’est la densité des baigneurs », énumère Tayeb Hamdi. Trois éléments qui vont permettre de classer une plage comme étant propre ou impropre à la baignade.

Danger !

Insistant sur le caractère dangereux de s’aventurer dans les eaux troubles d’une plage classée impropre, l’expert nous rapproche des différents risques encourus par les baigneurs qui s’entêtent tout de même à y piquer une tête. « Quand une plage est classée comme impropre c’est que les analyses ont révélé la présence d’éléments nuisibles pour la santé. Ca peut être des eaux usées domestiques déversées directement », explique le scientifique.

Grouillant de microbes et autres bactéries, ces eaux peuvent s’avérer hautement dangereuses pour la santé humaine. « Ca peut être aussi des eaux usées d’origine industrielle avec un risque élevé de présence de produits chimiques toxiques et parfois même cancérigènes », met en garde Dr Hamdi. « Les baigneurs devraient donc comprendre que ce type de classification n’est pas sans intérêt. C’est une indication à prendre très au sérieux pour se protéger et protéger les siens », conseille l’expert.

En plus clair, quels types de maux ces plages peuvent-elles causer ? « Ca commence le plus fréquemment par des lésions de peau, des yeux ou des oreilles car l’eau contaminée est en contact direct avec ces organes », indique le médecin. Mais le mal ne se limite pas aux organes externes comme l’explique-t-il. « Il y a aussi des troubles digestifs avec des diarrhées et des vomissements. Des intoxications plus au moins sévères. Généralement les gens ne font pas le lien direct avec les eaux de baignade lorsque c’est d’ordre digestif pourtant c’est intimement lié », ajoute dr Tayeb Hamdi.

Ce dernier mentionne également les blessures et autres plaies causées par les déchets tranchants polluants les sables.

« En plus des conséquences aigues et assez rapides, il y a celles causées par des produits toxiques provenant des usines. Des matières chimiques hautement cancérigènes qui agissent à long terme, de manière silencieuse et dont l’effet se révèle après des années », alerte l’expert en politiques et systèmes de santé. « Donc quand une plage est classée impropre à la natation, il faut absolument éviter de s’y baigner », conclut-il.