Algérie-France. La Covid résout les grands problèmes politiques
Testé positif à la Covid, Haïm Korsia n'ira pas sur la terre de ses ancêtres.

Haïm Korsia, le grand rabbin de France devait accompagner le président français en Algérie. Il était impatient d’y aller et vivre «un retour à [s]es racines dans une sorte d’émerveillement», comme il l’a déclaré au journal français L’opinion.

Invité par Emmanuel Macron avec les 90 membres de la délégation pour ce voyage, Haïm Korsia a été testé positif à la Covid-19. Le débat sur sa présence en Algérie est clos. Car on a beaucoup débattu en Algérie à ce sujet. Certains, dont des chefs de partis politiques s’y sont fermement opposés.

Les tendances islamistes en premier, surtout celles proches des Frères musulmans pour qui le grand rabbin serait un « relais du sionisme, hostile à la cause palestinienne ». Et c’est le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui monte au créneau sous la plume de son président qui a dénoncé le 23 août l’amalgame entre politique et religion.

Fin du suspense. En fait, beaucoup de médias et de personnalités politiques et religieuses s’étaient félicités de cette nouvelle opportunité de réunir les juifs d’origine algérienne avec le pays de leurs racines. C’est ce que voulait Korsia.

La question juive, en Algérie est toujours aussi vive. La confusion entre juif et sioniste est totale, et personne ne veut admettre que même le fait d’être sioniste ne veut pas dire ennemi. Le sionisme est une idéologie comme les autres, elle réunit le peuple juif et lui permet d’être solidaire et solide. Ce n'est pas une accusation et encore moins u e insulte.

Mais l’ignorance, quand elle subit les effets de l’éducation et de la propagande soutenue depuis les années 60 ne permet pas de se poser des questions. C’est comme ça et pas autrement. Même si le président algérien assure Anthony Blinken, le Secrétaire d’Etat américain, que son pays n’a aucun problème avec Israël, personne ne capte. Entretemps, à part des déclarations ici et là, et quelques dollars de temps en temps offerts au président de l’autorité palestinienne, l’Algérie n’a absolument rien fait pour contrer Israël.

Au contraire, on a vu ses officiers assis aux côtés de militaires israéliens et même l’ancien président Abdelazis Bouteflika affirmer à l’ancien ministre de la défense et ancien premier ministre Ehud Barak qu’Israël pouvait compter sur l’Algérie. On est où là?

Dans un pays où la venue d’un rabbin est considérée comme la dernière des malédictions, il faut bien se rendre à l’évidence, il n’y a rien à espérer. Mais en même temps, c’est du pain béni pour les pays qui savent exploiter ce filon. La France peut tout obtenir à condition qu’elle sache répondre aux demandes de ses partenaires: livraison de certains opposants algériens et Kabyles et coincer le Maroc sur la question des provinces du Sud. Sur les deux sujets, les militaires algériens ont déjà sauté...mais ils ont pris des sacs de couchage à la place des parachutes.

Pourquoi parler de militaires? Parce que ce sont eux qui dirigent le pays. Une preuve? Qui a répondu au discours du Roi Mohammed VI qui s’est clairement adressé à la présidence algérienne? Pas le président, c’est l’armée à travers sa revue El Djeich qui a répliqué. Cette revue a plus de force que tous les médias du pays, plus que le bulletin officiel lui-même.