« Kintal Da Banda ». Bonga poursuit sa résistance culturelle
Réputé pour son timbre unique, rocailleux et déchirant, la légende vivante angolaise du Semba qui fête ses 50 ans de carrière nous parle de son dernier album « Kintal Da Banda » qu’il est venu présenter à la 21e édition de Tanjazz. Un opus où il puise dans le jardin secret de son enfance pour chanter son pays et qui célèbre la cour de son enfance, lieu d'éveil heureux de sa conscience politique et musicale. Une œuvre convaincante qui s’adresse aussi à une jeunesse désabusée en perte de repères.
Vivant entre Lisbonne et Paris, José Adelino Barceló de Carvalho, alias Bonga, âgé aujourd’hui de 80 ans, n’a pas pris une ride. Icône du Semba, musique traditionnelle angolaise, l’artiste rebelle qui a milité pour la libération de l’Angola et rendu célèbre grâce à sa musique contestataire continue à faire danser les foules.
Son combat pendant des décennies contre toute forme d’oppression et d’injustice, il le chante dit-il : « à rebours du mouvement négatif de la planète. Tant que des personnes malintentionnées, européennes, africaines, chinoises..., dirigeront la marche du monde, je prendrais le micro pour les contrer... ».
« Tant qu’il y aura des méchants, confie-t-il, je continuerai à faire de la résistance culturelle », lui qui à travers sa semba revisitée et teintée de mélancolie continue à chanter ses racines avec un brin de nostalgie. Dans son dernier album « Kital da Banda » qui signifie en créole angolais « la cours de la maison », l’artiste y évoque avec tendresse les souvenirs de couleurs, d'odeurs de plats gastronomiques et d'instants précieux de partage rythmés par la musique ; « des éternels bavards qui finissent par prononcer des vérités essentielles » que résume son titre Ti Zuela. Plus serein que jamais, Bonga rêve désormais d’une Afrique unifiée et digne. Il continue néanmoins à jeter un regard amer sur la politique en Angola depuis les années 70 et sur les autorités actuelles, qui dit-il, « doivent arrêter de mendier la démocratie et la liberté ».
Ce n’est pas la première fois que vous vous produisez au Maroc. C’est votre 2e fois à Tanjazz, vous êtes un peu chez vous ici ?
Je me sens presque à la maison, il y a eu beaucoup de changements ici à Tanjazz, mais le festival garde toujours le style traditionnel qui constitue son âme et c’est le plus important.
Vous venez de sortir votre dernier album « Kintal Da Banda ». De quoi s’agit-il ?
Kintal da Banda signifie « la cour de la maison », là où on vit, là où on reçoit des gens, là où joue de la musique, là où on fait de la gastronomie, ...c’est l’endroit où j’ai presque tout appris lorsque j’étais petit. Qu’est ce qui vous a inspiré pour cet album ?
C’est la résistance culturelle, c’est très important pour moi. Je pense qu’il faut résister avec sa culture, résister nous évite d’être emporté par d’autres choses. Cette cour de la maison m’a transmis mon amour pour l’Afrique, la famille, ... c’est ce qui a forgé l’identité et la personnalité de Bonga, de qui je suis devenu aujourd’hui.
En 50 ans de carrière, est ce qu'on compose un album comme le tout premier (Angola 72) ?
Ah oui, toujours avec la même passion et le même sentiment qui m’anime depuis mes tous débuts. Aujourd’hui, les choses ont un peu évolué avec la technologie que j’utilise pour servir mon folklore à moi, ma musique traditionnelle...D’ailleurs, ce sont les instruments traditionnels typiques qui font passer mes messages écrits, qui sont des histoires vraies, vécues chez moi. Vous avez dit que vous ne vouliez pas faire de politique. Pourtant, votre musique a toujours été une musique contestataire, une musique de résistance ?
Absolument, mes disques ne sont pas forcément politiques. Je parle de mon vécu, ... dans une conscience qui me concerne, mon vécu, d’ailleurs, pleins de préjugés existent encore, avec les difficultés que le monde doit affronter, par cohérence, je suis obligé de continuer la voie d’Angola 72, parce que c’était très important, mais aujourd’hui, ça continue encore, c’est très important d’être le porte-parole de la plupart d’Africains, des opprimés, de s’exprimer pour eux, d’être en quelque sorte la voix de ceux qui n’ont pas de voix.
Pensez-vous que la musique et l’Art en général ont ce pouvoir de changer les choses ?
Oui, absolument, c’est une vérité. Je constate souvent cela, à chaque fois que je donne un spectacle, une interview ou que je sors un disque, ...l’important, c’est les gens prennent conscience de leur fait subir. D’ailleurs en 1972 en Angola, c’est ce qui s’est produit. Je chante pour parler de notre réalité, pour éveiller les consciences, pour que les gens soient beaucoup plus en accord avec leur existence, avec leur personnalité, leurs ancêtres et qu’ils se réconcilient avec leur passé et avec eux-mêmes.
Généralement, les gens parlent des ancêtres des autres, moi je parle des miens. A mon avis, chaque personne devrait parler des siens avant de parler des autres, d’ailleurs, on se rend compte davantage avec la jeunesse.
Qu’est ce qui vous révolte aujourd’hui ?
C’est l’incompréhension. Pleins de gens se croient propriétaires du continent africain. Il faut laisser vivre les peuples dignement, et si on doit les aider, il ne faut pas le faire uniquement pour le profit. Quel est votre rêve pour l’Afrique ?
Je rêve d’une Afrique unifiée où tous les gens malheureux qui ont beaucoup souffert puissent enfin être délivrés de ceux qui les exploitent.
Il faut que les Africains arrêtent de mendier la démocratie, la liberté, de demander l’assistance, ... on ne peut plus continuer comme ça ! Les personnes haut gradées de ces pays doivent changer de mentalité, pour que leur peuple soient plus heureux.
Vous avez dit que « le plus dur pour vous a été de résister à la nostalgie de l’exil ». Vous avez toujours combattu la présence portugaise en Angola et aujourd’hui, vous vivez entre Lisbonne et Paris. Pourquoi ce choix ?
Je combats tous les méchants...ceci étant, je suis logique et réaliste. Comment voulez-vous que j’aille vivre en Angola alors qu’il n’y a pas de conditions propices pour les artistes, les contrats se concluent en Europe. De plus, Paris a ouvert les portes à tant d’artistes comme Manu Dibongo, Salif Keita, Cesaria Evora, Mory kanté, Miriam Makeba... et pourquoi pas Bonga, donc, ma réalité aujourd’hui, c’est cela, il ne faut pas être démagogue ! Je peux vivre n’importe où dans le monde et défendre mon Angola et l’Afrique que j’aime et que je chéris tant.
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Son combat pendant des décennies contre toute forme d’oppression et d’injustice, il le chante dit-il : « à rebours du mouvement négatif de la planète. Tant que des personnes malintentionnées, européennes, africaines, chinoises..., dirigeront la marche du monde, je prendrais le micro pour les contrer... ».
« Tant qu’il y aura des méchants, confie-t-il, je continuerai à faire de la résistance culturelle », lui qui à travers sa semba revisitée et teintée de mélancolie continue à chanter ses racines avec un brin de nostalgie. Dans son dernier album « Kital da Banda » qui signifie en créole angolais « la cours de la maison », l’artiste y évoque avec tendresse les souvenirs de couleurs, d'odeurs de plats gastronomiques et d'instants précieux de partage rythmés par la musique ; « des éternels bavards qui finissent par prononcer des vérités essentielles » que résume son titre Ti Zuela. Plus serein que jamais, Bonga rêve désormais d’une Afrique unifiée et digne. Il continue néanmoins à jeter un regard amer sur la politique en Angola depuis les années 70 et sur les autorités actuelles, qui dit-il, « doivent arrêter de mendier la démocratie et la liberté ».
Ce n’est pas la première fois que vous vous produisez au Maroc. C’est votre 2e fois à Tanjazz, vous êtes un peu chez vous ici ?
Je me sens presque à la maison, il y a eu beaucoup de changements ici à Tanjazz, mais le festival garde toujours le style traditionnel qui constitue son âme et c’est le plus important.
Vous venez de sortir votre dernier album « Kintal Da Banda ». De quoi s’agit-il ?
Kintal da Banda signifie « la cour de la maison », là où on vit, là où on reçoit des gens, là où joue de la musique, là où on fait de la gastronomie, ...c’est l’endroit où j’ai presque tout appris lorsque j’étais petit. Qu’est ce qui vous a inspiré pour cet album ?
C’est la résistance culturelle, c’est très important pour moi. Je pense qu’il faut résister avec sa culture, résister nous évite d’être emporté par d’autres choses. Cette cour de la maison m’a transmis mon amour pour l’Afrique, la famille, ... c’est ce qui a forgé l’identité et la personnalité de Bonga, de qui je suis devenu aujourd’hui.
En 50 ans de carrière, est ce qu'on compose un album comme le tout premier (Angola 72) ?
Ah oui, toujours avec la même passion et le même sentiment qui m’anime depuis mes tous débuts. Aujourd’hui, les choses ont un peu évolué avec la technologie que j’utilise pour servir mon folklore à moi, ma musique traditionnelle...D’ailleurs, ce sont les instruments traditionnels typiques qui font passer mes messages écrits, qui sont des histoires vraies, vécues chez moi. Vous avez dit que vous ne vouliez pas faire de politique. Pourtant, votre musique a toujours été une musique contestataire, une musique de résistance ?
Absolument, mes disques ne sont pas forcément politiques. Je parle de mon vécu, ... dans une conscience qui me concerne, mon vécu, d’ailleurs, pleins de préjugés existent encore, avec les difficultés que le monde doit affronter, par cohérence, je suis obligé de continuer la voie d’Angola 72, parce que c’était très important, mais aujourd’hui, ça continue encore, c’est très important d’être le porte-parole de la plupart d’Africains, des opprimés, de s’exprimer pour eux, d’être en quelque sorte la voix de ceux qui n’ont pas de voix.
Pensez-vous que la musique et l’Art en général ont ce pouvoir de changer les choses ?
Oui, absolument, c’est une vérité. Je constate souvent cela, à chaque fois que je donne un spectacle, une interview ou que je sors un disque, ...l’important, c’est les gens prennent conscience de leur fait subir. D’ailleurs en 1972 en Angola, c’est ce qui s’est produit. Je chante pour parler de notre réalité, pour éveiller les consciences, pour que les gens soient beaucoup plus en accord avec leur existence, avec leur personnalité, leurs ancêtres et qu’ils se réconcilient avec leur passé et avec eux-mêmes.
Généralement, les gens parlent des ancêtres des autres, moi je parle des miens. A mon avis, chaque personne devrait parler des siens avant de parler des autres, d’ailleurs, on se rend compte davantage avec la jeunesse.
Qu’est ce qui vous révolte aujourd’hui ?
C’est l’incompréhension. Pleins de gens se croient propriétaires du continent africain. Il faut laisser vivre les peuples dignement, et si on doit les aider, il ne faut pas le faire uniquement pour le profit. Quel est votre rêve pour l’Afrique ?
Je rêve d’une Afrique unifiée où tous les gens malheureux qui ont beaucoup souffert puissent enfin être délivrés de ceux qui les exploitent.
Il faut que les Africains arrêtent de mendier la démocratie, la liberté, de demander l’assistance, ... on ne peut plus continuer comme ça ! Les personnes haut gradées de ces pays doivent changer de mentalité, pour que leur peuple soient plus heureux.
Vous avez dit que « le plus dur pour vous a été de résister à la nostalgie de l’exil ». Vous avez toujours combattu la présence portugaise en Angola et aujourd’hui, vous vivez entre Lisbonne et Paris. Pourquoi ce choix ?
Je combats tous les méchants...ceci étant, je suis logique et réaliste. Comment voulez-vous que j’aille vivre en Angola alors qu’il n’y a pas de conditions propices pour les artistes, les contrats se concluent en Europe. De plus, Paris a ouvert les portes à tant d’artistes comme Manu Dibongo, Salif Keita, Cesaria Evora, Mory kanté, Miriam Makeba... et pourquoi pas Bonga, donc, ma réalité aujourd’hui, c’est cela, il ne faut pas être démagogue ! Je peux vivre n’importe où dans le monde et défendre mon Angola et l’Afrique que j’aime et que je chéris tant.
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