Inflation. 2022, une année chaude
Les prix élevés des matières premières alimentaires et énergétiques porterait l’inflation à 6,3% en 2022.

Par rapport à ses prévisions de juin, Bank Al Maghrib table désormais sur un niveau d’inflation nettement plus élevé en 2022, suivi d’un ralentissement moins marqué en 2023.

Face à l’inflation qui ne cesse de s’amplifier et en vue d’assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, le conseil de Bnak Al Maghrib a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 2% tout en continuant à suivre de près la conjoncture économique, aux niveaux national et international, et en particulier l’évolution des pressions inflationnistes.

En effet, à l’issue de sa dernière réunion, le conseil de Bank Al Maghrib relève que la conjoncture internationale reste marquée profondément par les séquelles de la pandémie et les implications de la guerre en Ukraine, à travers notamment la persistance du renchérissement des produits énergétiques et alimentaires, ainsi que des perturbations des chaines d’approvisionnement. Selon le Wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, ces évolutions poussent l’inflation vers des niveaux exceptionnellement élevés, ce qui amène les banques centrales à renforcer le resserrement rapide et largement synchronisé de leurs politiques monétaires, induisant un ralentissement sensible de l’économie mondiale après le rebond qu’elle a connu en 2021

Au niveau national, Jouahri souligne que l’économie continue de pâtir de cet environnement externe défavorable et des répercussions d’une sécheresse particulièrement sévère, avec une nette décélération de la croissance et une forte accélération de l’inflation. Sur cette dernière il ajoute qu’elle continue d’être alimentée par des pressions d’origine externe, mais les dernières données disponibles montrent une large diffusion vers les prix des produits non échangeables.

Dans le détail, Bank Al Maghrib explique que l’inflation a poursuivi son accélération entamée depuis septembre 2021 pour atteindre en août son plus haut depuis mars 1992. Elle s’est établie à 7,7% en juillet et à 8% en août, portant sa moyenne à 5,8% sur les huit premiers mois de l’année. Cette évolution reflète principalement l’accroissement des prix des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants. « Les produits alimentaires à prix volatils se sont renchéris de 13,1% en moyenne en juillet et août après 6,4% au deuxième trimestre et ceux inclus dans l’inflation sous-jacente ont vu leurs prix progresser de 14,3% au lieu de 12% », détaille Jouahri ajoutant que sur les 116 sections de produits et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une augmentation de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier 2022 et 23% en moyenne entre 2018 et 2019.

Par rapport à ses prévisions de juin, Bank Al Maghrib table désormais sur un niveau d’inflation nettement plus élevé en 2022, suivi d’un ralentissement moins marqué en 2023.

Concrètement, la persistance des prix élevés des matières premières alimentaires et énergétiques porterait, selon Bank Al Maghrib, l’inflation à 6,3% au lieu de 1,4% en 2021. En 2023, l’inflation devrait revenir à 2,4% en moyenne. « Sa composante sous-jacente devrait s’accélérer de 1,7% en 2021 à 6,3% en 2022, tirée principalement par sa composante alimentaire, avant de se modérer graduellement et ressortir à 2,5% en moyenne en 2023 », conclut Jouahri.