Une étude confirme la nocivité de Facebook sur la santé mentale

S'il y a un peu plus d'un an, certains documents internes du géant technologique Facebook avaient révélé que l'utilisation d'Instagram nuisait profondément à la santé mentale de ses utilisateurs, c'est autour aujourd'hui de faire l’objet du même constat.

C’est une étude menée par des chercheurs de l'Université de Tel Aviv (Israël), de la MIT Sloan School of Management du Massachusetts (États-Unis) et de l'Université Bocconi de Milan (Italie) qui le révèle. Facebook nuit à la santé mentale de ses utilisateurs.

Avant de parvenir à cette conclusion, des chercheurs s’étaient concentrés sur les premières années de Facebook (2004-2006). A ses débuts, lorsqu’il était encore «nouveau réseau social», Facebook s’était progressivement répandu dans les établissements universitaires. Son impact était alors mesurable. D’où, le diagnostic fraichement établi concluant à sa nocivité sur la santé mentale des étudiants américains.

Alors que de nombreuses recherches avaient établi une corrélation entre la plateforme de médias sociaux et l'augmentation de l'anxiété et de la dépression, cette étude, publiée dans l'«American Economic Review Facebook», établit une causalité directe. L'étude révèle qu'au cours des deux premières années et demie d'existence de la plateforme, les étudiants qui avaient un compte sur le site étaient 7% plus susceptibles de souffrir de dépression et 20% plus susceptibles de souffrir d'anxiété.

Le lancement initial de Facebook en 2004 s'est fait de manière progressive, les étudiants de Harvard ayant été les premiers à y accéder, suivis par ceux des universités de Columbia, Stanford et Yale. Les chercheurs ont utilisé les données médicales de ces campus, comparant leurs enquêtes sur la santé mentale avec celles des campus universitaires n'ayant pas accès à la plateforme.

L'étude, menée en partie par Roee Levy de l'université de Tel Aviv, suggère que les «conditions sociales défavorables» sont probablement à l'origine de l'augmentation de l'anxiété et de la dépression chez les jeunes. Indicateurs clés

«Étant donné que cette détérioration a coïncidé avec l'essor des médias sociaux, il semblait plausible de se pencher sur le lien possible entre les deux phénomènes.»

Les chercheurs ont également tenu compte des différences dans la santé mentale des sujets au cours de la période de leur étude. Cette approche a permis de créer des conditions similaires à celles d'une «expérience naturelle», impossible à réaliser aujourd'hui, alors que des milliards de personnes utilisent de nombreux réseaux sociaux différents. Ils ont donc combiné des informations provenant de deux ensembles de données distincts : les dates spécifiques auxquelles Facebook a été introduit dans 775 universités américaines et l'évaluation nationale de la santé universitaire, une enquête menée périodiquement dans les universités américaines.

Sur ces bases, un indice a été conçu englobant les 15 questions pertinentes de l’Association du Collègue américain de la santé «American College Health Association» (NCHA) qui ont été été posées aux étudiants sur leur santé mentale au cours de l'année écoulée.

Constats

Une aggravation statistiquement significative des symptômes liés à la dépression, notamment une augmentation de 7% du nombre d'étudiants ayant souffert, au moins une fois au cours de l'année précédente, d'une dépression si grave qu'elle les empêchait de vaquer à leurs occupations quotidiennes, une augmentation de 20% du nombre de ceux qui ont signalé des troubles anxieux, une augmentation du pourcentage d'étudiants susceptibles de souffrir d'une dépression modérée à grave (de 25% à 27%), une augmentation de 13% à 16% du pourcentage d'étudiants ayant connu une détérioration de leurs performances en raison d'une dépression ou d'une anxiété.

Selon cette étude, les étudiants les plus endettés et les moins impliqués dans les activités sociales ont subi un impact négatif comparés à leurs pairs apparemment plus aisés.



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