Turquie-France. La bataille d'Alger a commencé
Erdogan, Macron, chacun essaie de presser le citron algérien au maximum

On ne peut pas réunir dans un même salon le président turc Recep Tayyp Erdogan et son homologue français Emmanuel Macron. C’est impossible. Par conséquent, faire plaisir à l’un mécontenterait assurément l’autre. Et c’est justement ce que le président algérien a appris… à ses dépens.

La nouvelle entente, encore fragile, entre la France et l'Algérie, concrétisée par la visite de Macron à Alger et qui va se renforcer avec la visite de la Première ministre dans une semaine, a fortement contrarié Erdogan qui a décidé de geler toute coopération sécuritaire et judiciaire avec l’Algérie.

Un coup terrible pour Tebboun qui avait visité Erdogan et assuré que tout allait bien avec les turcs. La Turquie reproche à l’Algérie d’avoir préféré la France sur des dossiers économiques auxquels elle tient beaucoup notamment en ce qui concerne l’énergie. Ankara a ainsi surpris Alger qui essaie de maintenir le rendez-vous du sommet de la Ligue arabe en novembre prochain.

Ce qui est quand même curieux c’est la coïncidence de cette décision avec l’arrestation du journaliste Anouar Malek à l’aéroport d’Istanbul et que l’Algérie voulait son extradition. Pas exactement extradition puisqu’il n’y a aucune condamnation ni mandat contre l’opposant. Les sécuritaires d’Alger voulaient que leurs homologues turcs leur livrent Anouar Malek au noir, ce que Ankara a refusé de faire.

Et Ankara qui connaît très bien le régime d’Alger a frappé encore là où cela fait très mal au pouvoir algérien. Elle a demandé des renseignements sur les avoirs immobiliers et financiers des militaires et des hommes politiques algériens en Turquie. Et ce n’est pas rien. On pense que les milliards issus des transactions sur le gaz, le pétrole et les armes sont investis en Turquie et dans d’autres pays, comme en France aussi, tiens!

Pour le régime d’Alger, le jeu est terminé. Tebboun et ses parrains militaires croyaient qu’ils pouvaient jouer sur les deux tableaux. Or, on peut le penser aujourd’hui, Macron a dû être ferme sur l’attitude à avoir envers la Turquie qui chasse sur les terres africaines auparavant chasse gardée de la France, avec beaucoup de succès il faut bien le dire. Quand on sait que la France est également attaquée par la Russie en Afrique, on comprend l’empressement de Paris de conclure des accords avec les Algériens.

La partie ne fait que commencer.