José Bono à Marruecom : "L'autonomie proposée par le Maroc est la meilleure solution pour le problème du Sahara"
José Bono

Dans la première partie d’une grande interview accordée à Marruecom, média électronique marocain éditant en espagnol, José Bono partage son point de vue de connaisseur du dossier du Sahara marocain sur la nécessité du dialogue prôné par les dissidents du Polisario organisés au sein du Mouvement sahraoui pour la paix (MPS). L’ancien ministre de espagnol de la Défense qui était dans le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero analyse aussi les relations  hispano-marocaines…

Ayant participé récemment à la première rencontre organisée par MSP aux îles Canaries, José Bono confie à Marruecom avoir été surpris que Hach Ahmed Bericala qui l’avait invité à cette rencontre était jusqu'à très récemment un ministre du Polisario. Pour l’ancien ministre espagnol de la Défense, cela montre les divergences internes qui existent au sein du Polisario. «Certains dirigeants ou fondateurs du Polisario qui n'étaient pas d'accord avec le Front ont été emprisonnés. C'est le cas de Bachir Edkhil, Omar Hadrami, Barzani et Leivak», poursuit-il. Et d’ajouter : «Depuis mes premiers pas en politique, je me suis battu contre la dictature franquiste, contre l'idéologie du parti unique. La création du MSP rompt avec la représentation unique des Sahraouis. Il est toujours bon d'écouter quelqu'un qui n'est pas d'accord plutôt que de le condamner. Le parti unique est le déni de liberté».

José Bono poursuit en rappelant la sympathie qu’il exprimait envers les Sahraouis. Comme une bonne partie de la gauche espagnole, il dit avoir partagé leur cause et d’avoir revêtu en tant qu'avocat la toge pour défendre les dirigeants du Polisario accusés par Franco d'association illicite.

Au vu de ces changements, José Bono souligne qu’il perçoit les dirigeants du MSP comme des militants convaincus de la nécessité de négocier, pour chercher des solutions politiques en vue de résoudre les problèmes d'une partie de Sahraouis qui vit très mal depuis de nombreuses années.



«Les proclamations verbales de nationalisme souverain ne nourrissent ni ne guérissent les maladies. La plupart des réfugiés vivant dans les camps algériens de Tindouf ont besoin d'aide humanitaire pour survivre car 7,6% souffrent de malnutrition aiguë, 28 % ont un retard de croissance, 50 % des enfants souffrent d'anémie, et chez les femmes en âge de procréer, l'anémie atteint 52% tandis que 1% seulement des réfugiés parviennent à accéder à l'université», détaille l’interviewé.

«Le Conseil de sécurité a la preuve depuis deux décennies que son approche consistant à organiser le référendum n'est pas possible et c'est pourquoi il appelle à une autre solution politique au conflit et a appelé les parties à reprendre les négociations en mode table ronde, ce qui, à mon avis est la bonne voie à suivre, mais l'Algérie refuse de s'asseoir à cette table», regrette l’homme politique maitrisant parfaitement son sujet. Et de poursuivre : «De plus en plus de gens disent que la solution la plus viable, sérieuse et crédible est de parvenir à un accord pour l'autonomie du Sahara sur la base de la proposition émise par le Maroc».

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S’adressant à la communauté internationale, José Bono invite l'Europe en particulier à ne pas perdre de vue le nouvel ordre mondial et à se dépêcher pour empêcher le regain de tension enregistrée dans les années 1980 et éviter l'instabilité à sa frontière sud.

«Le Maroc est un pays stable, loin du radicalisme djihadiste, avec des gouvernements déterminés à approfondir la démocratie et pleinement engagé sur la voie du développement. Que le Sahara soit une région autonome au sein d'un pays comme le Maroc peut être la meilleure solution», préconise-t-il.

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A la question de Marruecom de savoir si la nouvelle position espagnole ainsi que les positions allemande et américaine pouvait conduire à une accélération de la résolution de ce conflit, l’interviewé souligne d’abord le poids des pays cités et également responsabilité historique de l’Espagne au Sahara, avant de lancer : «La décision prise par le gouvernement de Pedro Sánchez est très importante. À mon avis, c'est la plus logique et la plus sensée qui ait été prise depuis que l'Espagne a signé le traité de Madrid en 1975 et restitué le Sahara».

Joé Bono affirme que le Maroc et l'Espagne partagent une histoire séculaire. Il estime toutefois que la géographie est bien plus têtue que la politique en appelant à la construction de l’avenir en dépassant les inimitiés et les préjugés hérités, et en saisissant toutes les opportunités.

La réalité actuelle nous lie : en Espagne, il y a 776.000 Marocains, qui forment la première communauté étrangère de notre pays ; L'Espagne est le 2e partenaire commercial du Maroc, après la France ; le volume commercial entre les deux pays est de 16 950 millions ; 600 sociétés espagnoles majoritaires au capital et 3.500 sociétés à participation non majoritaire sont installées au Maroc ; 12.500 entreprises espagnoles exportent régulièrement vers le Maroc», argument-il.

Bono déclare, au vu de ces chiffres, que le vrai défi est de renforcer la relation Maroc-Espagne. «Et avec les mesures prises par les deux pays, je suis convaincu que nous avançons sur la bonne voie», conclut-il.