Budget algérien. Les militaires raflent tout
Les militaires algériens décident seuls de leur budget

Les députés algériens ont sous la main l’avant-projet de loi de finances de 2023. Ils vont devoir le décortiquer et comprendre ce qui se passe dans leur pays.

Et il y a de quoi se poser des questions. En fait, le point saillant de cette mouture est l’augmentation de 130% du budget de la défense. Il passe de 9 milliards à...22,6 milliards de dollars. D’habitude le parlement ne refuse rien aux généraux, les allocations de l’armée ne sont pas discutables. Et on ne les discute pas.

Néanmoins, la question que devraient se poser les députés est la suivante: Mais bon sang avec qui sommes-nous en guerre? Bonne question en effet, parce que sans guerre, comment expliquer cette explosion des dépenses militaires?

L’Algérie compte, c’est évident, acheter des armes. Comme son fournisseur traditionnel est la Russie, ce sera autant de fonds dans les caisses de Poutine qui pourra financer sa guerre contre l’Ukraine. Une contribution à l’effort de guerre en quelque sorte alors que l’Occident aide l’Ukraine.

Or, on connaît le sentiment des Etats-Unis sur cette question. Des membres du Sénat et du Congrès ont exigé des sanctions contre l’Algérie qui avait acheté des armes pour 7 milliards de dollars aux Russes. Maintenant, c’est sûr, les transactions de 2023 vont être minutieusement suivies par les Américains.

Mais, revenons à la question importante: contre qui l’Algérie est-elle en guerre? Qui dans son entourage la menace? Personne. Sinon on aurait su.

Par conséquent si guerre il y aura, elle ne pourra être déclarée que par l’Algérie elle-même. Le tout est de savoir contre qui. Le Maroc? Impossible, le pays ne veut pas de guerre contre un pays frère. Mais qui sait, après tout, l’Algérie mène une guerre contre le Maroc depuis les années 60 par mercenaires interposés. Elle se serait peut-être rendue compte que ces mercenaires ne sont arrivés à rien et aurait décidé de monter, elle-même au front. Mais, là ce n’est pas non plus une sinécure. Une guerre lui coûterait cher, sachant que le Maroc s’est bien préparé à toutes les éventualités. Il vaut donc mieux ne pas y penser.

On peut être plus cynique et penser que peut-être la France ne verrait pas d’un mauvais oeil une guerre entre le Maroc et l’Algérie afin de retarder ce pays devenu un rival sérieux sur le marché africain. Et du coup « punir » l’Espagne devenue premier partenaire commercial du Maroc ». Mais bon, c’est juste une idée comme ça.

Si l’Algérie ne pense pas au Maroc, alors, à qui pense-t-elle?

Certains pensent qu’elle vise le Sahel. La France, qui a perdu sa place dans la région, pourrait charger l’Algérie de faire le « sale boulot » à sa place, vu que personne ne veut voir un soldat français roder dans le coin. C’est plausible.

En tout cas, une chose est sûre, les militaires algériens pensent d’abord à leur guerre conte les Algériens eux-mêmes. Le Hirak n’est pas totalement éteint et les Kabyles sont de plus en plus forts et entendus dans leurs revendications indépendantistes. Une invasion militaire de la Kabylie qui n’a voté ni aux présidentielles, ni aux législatives ni au référendum constitutionnel de Abdelmajid Tebboun, le président installé, disent les Algériens, par les Militaires?

Déjà, on peut savoir quels seront les perdants dans cette histoire. L’éducation nationale qui reçoit moitié moins de fonds, la santé, la jeunesse, les familles qui peinent à s’approvisionner en denrées alimentaires de base...

Quand un pays décide qu’il a plus besoin d’armes que de lait ou de farine, c’est qu’il se sent en danger. Reste à savoir lequel, le danger intérieur ou le danger extérieur...