Algérie. Le complexe pétro-militaire condamne à mort les journalistes
Abdou Semmar. L'Algérie est une grande prison

On sait que souvent, les journalistes vivent dangereusement sous les régimes dictatoriaux. C’est d’ailleurs pourquoi, ceux qui ont de la chance s’exilent et poursuivent leur combat de l’étranger. Plusieurs journalistes algériens se sont réfugiés en France d’où ils mènent leurs batailles contre la junte militaire qui tient le pays. La « Justice » n’y va pas par quatre chemins.

L’Algérie a gagné sa place dans l’histoire comme le seul pays où les journalistes sont condamnés à la peine capitale. Et ce n’est pas une blague. Le tribunal de Dar Beida a condamné le journaliste et rédacteur en chef d’Algérie Part à la peine capitale. Motif, intelligence avec l’ennemi. Et qu’est-ce qu’il a commis exactement? Il a fait des révélations sur la corruption de la Sonatrach, l’entreprise algérienne des hydrocarbures qui fournit au pays l’essentiel de ses devises.

Ainsi, selon le tribunal algérien, publier des informations sur Sonatrach est un acte de haute trahison qui n’a qu’une sanction, le peine de mort. Avec Abdou Semmar, un ingénieur de l’entreprise a été condamné à 10 ans de prison ferme. C’est lui qui aurait alimenté Algérie Part en informations accablantes pour la compagnie.

Abdou Semmar sait très bien à qui il s’attaque dans ses articles et ses vidéos largement suivies par les Algériens. Face à lui, le puissant complexe pétro-militaire qui dirige réellement le pays.

Abdou Semmar n’est pas le premier journaliste à gouter à la soupe militaire. Dernièrement, Anouar Malek a évité de peu un kidnapping à l’aéroport d’Istanbul. Les services turcs, informés du plan de la Sécurité algérienne, on été plus rapides. Ils sont allés chercher le journaliste dans l’avion et l’ont retenu dans leurs locaux. S’il était descendu normalement, il aurait été enlevé et mis dans une malle. Direction l'Algérie où les autorités étaient déjà prêtes à l’accueillir comme il se doit.

Hichem Aboud, ancien militaire et journaliste, lui aussi réfugié en France, fait l’objet de plusieurs condamnations. Il a échappé à une tentative d’assassinat dont il précise les détails dans ses vidéos sur la chaîne YouTube.

Le complexe pétro-militaire algérien utilise la justice pour faire taire opposition, journaliste et surtout les indépendantistes Kabyles dont le chef Ferhat Mehenni est accusé de terrorisme, comme tous les autres cités. Le régime algérien a régulièrement demandé aux autorités françaises de les livrer, sans succès.

L’Algérie qui s’apprête à accueillir le sommet de la Ligue arabe, début novembre, n’a même pas peur de ternir son image, déjà peu reluisante en ce qui concerne les droits de l’Homme et la liberté d’expression. On peut aller en prison pour une simple information économique très normale dans un pays même moyennement démocratique.

« L’Algérie est une grande prison, les Algériens sont tous prisonniers » répète Abdou Semmar.