Entretien

Abderrahim Bourkia, Sociologue, enseignant-chercheur à l'Institut des sciences du sport de l'Université Hassan 1 Settat et consultant en déviance et contextes sociaux

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Les clubs sportifs ont-ils un rôle dans la lutte contre les violences et le hooliganisme ?

Les clubs ont une responsabilité souvent indirecte dans les actes de violence. Cependant, ils peuvent éventuellement jouer un rôle d'agent de la socialisation des jeunes et adolescents qui fréquentent leurs locaux, comme la famille, l'école et les maisons de jeunes d'antan. Ces jeunes qui soutiennent une équipe de football se donnent à fond pour exprimer leur amour inconditionnel et leur dévouement. Souvent animés par une rage de paraitre et une quête de reconnaissance, leur mode d'expression peut éventuellement revêtir deux aspects : L’un créatif à travers des tifos, chants et animations visuelles ou vindicatif et violent à traves les actes de violence, de vandalisme et vols. Chaque jeune apporte avec lui au stade une grande partie de son éducation, sa manière d'être et comment il cherche à être reconnu. Cette violence n'est que le reflet de notre société.

Quelle est la part de responsabilité des clubs dans le "bon" encadrement de la passion sportive et footballistique ?

Les clubs jouent un rôle considérable dans l'encadrement des jeunes joueurs. Et ils peuvent en faire autant à travers des actions ciblées vers des établissements scolaires par exemple. Revenant aux supporters et ultras pour endiguer les actes de violence. Ces derniers doivent être admis comme interlocuteurs directs des clubs et des responsables même si les conventions du monde des ultras interdisent toute relation.

Les responsables des clubs ont l'obligation d'impliquer et d’amener les groupes de supporters à faire réussir les rencontre footballistiques. Mais malheureusement et assez souvent certains responsables « malhonnêtes » les utilisent et les instrumentalisent pour arriver à certaines fins

Dans le cas du Raja, nombreuses sont les accusations de populisme contre son président . Comment évaluez-vous son attitude en tant que président d'un club aux millions de supporters ?

Comme je l'ai dit au départ, certains responsables ont déjà joué la carte des groupes de supporters plusieurs fois et l'histoire du football national est jalonnée d’événements de ce genre. L'attaque célèbre du club du Wydad, en 2013 ou 2014, par des criminels peut en témoigner, les joueurs et entraîneurs ont vécu une grosse frayeur.

Concernant l'actuel président du Raja, ses propos sont plus proches d'un supporter ultras, et d'un responsable politique ou d’un journaliste zélé que d'un président d'un club censé donner l'exemple. Et ce n'est pas d'ailleurs le premier qui se comporte ainsi pour caresser dans le sens du poil le public. Ce n'est pas avec ce comportement « mal placé » que l'on va éduquer le jeune supporter qui soutient l'équipe.