Sécheresse : On ferme le robinet pour éviter la soif
Le Maroc tente de trouver des solutions durables au stress hydrique

Aux grands maux les grands moyens ! Le ministère de l'agriculture limite considérablement l'irrigation à partir des barrages et réduit à moins de 20% la part d’eau destinée à l’agriculture. Une mesure drastique pour éviter la soif.



L’annonce a été faite lundi à la Chambre des représentants par le ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki. Une mesure drastique qui réduira à moins de 20% la quantité d’eau des barrages destinée à l’irrigation agricole. Cette nouvelle décision concernera notamment les régions les plus touchées par la sécheresse et la pénurie d'eau.

D’après le ministre, seuls 600 millions m3 sur les 3,2 milliards disponibles aujourd'hui dans les barrages seront dédiés à l'irrigation, au titre de la campagne agricole actuelle. Ainsi la surface agricole irriguée sera de l’ordre de 417.000 hectares contre les 1,6 million hectares habituels. Si pour certaines régions, la situation ne changera guère comme au Gharb-Loukkos où l'irrigation se déroulera « normalement », ça ne sera pas le cas pour d'autres régions comme le Souss-Massa, Ouarzazate ou encore le Moulouya. L’irrigation y sera temporaire et considérablement limitée.

Solutions durables

Sadiki a précisé que son département se penche sur le projet d'irrigation à partir du dessalement de l'eau de mer. « Après avoir finalisé le projet d'irrigation basée sur le dessalement de l'eau de mer à Chtouka, un autre projet du même type opérant avec l'énergie éolienne a été lancé à Dakhla. Une étude de projet a été également lancée dans la région de Guelmim-Oued Noun. L’objectif étant de trouver des solutions durables pour parer à la pénurie d’eau causée par la sécheresse », explique le ministre.

Début novembre, Mohamed Sadiki a annoncé, au parlement, que la campagne agricole actuelle démarre dans des conditions très difficiles. D’après le ministre, la succession de plusieurs années de sécheresse et le manque de ressources hydriques ont réduit les chances de « sauver » la campagne agricole actuelle. Répondant aux questions orales à la Chambre des conseillers, il a affirmé que le déficit hydrique a atteint 45% par rapport à une année de précipitations normales.

Le département de Sadiki a renouvelé d’ailleurs son engagement à encourager les investissements dans le secteur agricole par l'octroi d'aides dans le cadre du Fonds de développement agricole et le lancement de nouvelles subventions dans le cadre de la stratégie « Génération Green ». Le montant prévu pour ces subventions au titre de l'année 2023 est estimé à environ 3,7 milliards de DH.