Que vient faire le Maroc dans «l’affaire Qatargate» ?
Siège du parlement européen à Strasbourg

« Une piste marocaine » est évoquée dans l’affaire de corruption dite «Qatargate». Sauf qu’aucune preuve n’est avancée.

«Je crois qu’en ce moment, nous devons, en premier lieu, adresser un message de confiance à la présidente du Parlement (européen) et au porte-parole du groupe des socialistes au Parlement européen, Iratxe García, et accordons également notre confiance à la justice belge (...) Nous parlons d’un cas d’une extrême gravité et, évidemment, nous devons d’abord disposer de toutes les données pour pouvoir décider des actions à prendre ensuite», a affirmé le chef de gouvernement espagnol, en marge du dernier du dernier sommet de l’UE tenu à Bruxelles, en réponse à une question qui lui a été posée sur l’éventuelle implication du Maroc dans l’affaire dite «Qatargate». Malgré les assertions sur «la piste marocaine», aucune preuve n’a été jusqu’à présent avancée.

En analysant les informations qui circulent sur cette affaire, on ne peut s’empêcher de se demander dans quel intérêt le Maroc chercherait à corrompre des députés européens. On le sait, à travers les groupes d’amitié dont les membres sont désignés par les présidents des différents parlements, les députés européens communiquent régulièrement et directement avec leurs homologues marocains. Bien sûr, ces canaux institutionnels sont utilisés par le Royaume pour défendre ses intérêts, de la même façon que les députés européens les utilisent pour défendre les intérêts de l’UE. Des groupes d’amitié bilatéraux fonctionnent de la même façon. Ils sont parmi les vecteurs ayant permis d’établir des relations de confiance entre le Maroc et ses partenaires. C’est cette même confiance qui a permis au Maroc d’accéder au statut avancé avec l’Union européenne.

Par moments, la diplomatie parlementaire ainsi institutionnalisée a été utile pour dépasser certaines crises bilatérales. C’était le cas notamment quand les services de renseignement belges s’étaient fâchés après l’incarcération, en 2008, du belgo-marocain Abdelkader Belliraj dans la célèbre affaire de terrorisme d’obédience chiite. Aujourd’hui, l’infiltration iranienne chez le Polisario et au Sahel n’est plus qu’un secret de polichinelle. Encore récemment, l’Iran est allée jusqu’à amener la guerre aux portes de l’Europe en fournissant des drones à la Russie.

Si les services belges s’étaient ravisés suite à l’affaire Belliraj, c’était parce que tous les canaux «diplomatiques» avaient été alors actionnés pour dépasser la crise et, surtout, pour rétablir l’échange de renseignements. Et pour cause, tous les partenaires du Maroc reconnaissent aux services de sécurité marocains leur efficacité extrême dans la lutte contre le terrorisme et les réseaux criminels internationaux. Ils ne peuvent donc se passer de leurs précieux services.

Au-delà de leur utilité conjoncturelle, les groupes parlementaires d’amitié constituent des plateformes de dialogue ayant contribué au renforcement de la compréhension mutuelle entre Européens et Marocains. Sur des sujets à grands enjeux, le lobbying fait partie des règles du jeu. Mais tout se déroule dans un cadre clair puisque institutionnalisé.

**related_articles[5326]**