Bernard Bajolet, ex-patron de la DGSE, inculpé pour «complicité d’extorsion»…
L'ex patron du renseignement extérieur français Bernard Bajolet avait aussi occupé le poste d'ambassadeur en Algérie.

L’ancien patron du Renseignement français en acien ambassadeur en Algérie, Bernard Bajolet, a été inculpé pour complicité de tentative d'extorsion, entre autres, révèlent le Monde et l’AFP.

L’ex-directeur général de la Sécurité extérieure française (DGSE), entre 2013 et 2017, Bernard Bajolet a été inculpé, en octobre dernier, pour complicité de tentative d'extorsion envers un homme d'affaires qui accuse le service de renseignements d'avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l'argent en 2016, révèle le Journal le Monde.

Bajolet a aussi été inculpé pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l'autorité publique, rapporte de son côté l’AFP, qui résume ainsi cette affaire :

En mars 2016, Alain Duménil, homme d'affaires franco-suisse de 73 ans qui apparaît dans une pléthore d'affaires judiciaires et de litiges commerciaux relatifs à la gestion de ses entreprises en France et en Suisse, s'apprête à embarquer pour un vol en partance pour Genève à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, d'après le récit de la même source.



Au guichet Air France, il est contrôlé par deux fonctionnaires de la Police aux frontières. Après lui avoir demandé son passeport, ils prétextent un contrôle plus approfondi et l'invitent à le suivre dans un poste de police.

Deux agents de la DGSE, en civil, pénètrent dans la pièce, selon la même source.

Se présentant comme "l'Etat", ils lui indiquent qu'il doit rembourser 15 millions d'euros à la France. Pour ce faire, il doit dire à son conseil d'entrer en contact avec un avocat pour fixer les modalités qui lui permettront d'éponger sa dette.

Pour appuyer leur requête, ils lui montrent des photos de lui et de sa famille, prises en Angleterre et en Suisse. Selon Alain Duménil, ils auraient proféré des menaces.

L'entretien dure quelques minutes, l'homme d'affaires s'emporte et clame son intention de porter plainte. Les agents disparaissent.

En octobre 2022, Bernard Bajolet a été entendu et mis en examen. Il explique aux juges d'instruction avoir validé le principe d'une entrevue à l'aéroport mais ne pas être entré dans les détails de sa mise en oeuvre.

Les noms des services et personnes chargées de ce dossier, ainsi que ceux des agents ayant mené l'entretien ne seront jamais divulgués, protégés par le secret défense.

Pour Bernard Bajolet, l'objectif était une prise de contact courte et sans contrainte, avec un homme considéré par l'institution comme insaisissable et avec qui de nombreuses tentatives de prises de contact antérieures avaient échoué.

Le but de la justice française est de déterminer le cadre légal du contrôle, le degré de contrainte exercé par les différents agents et les éventuelles menaces.

Depuis la fin de la Première guerre mondiale, la DGSE gère un "patrimoine privé" confié par l'Etat.

À la fin des années 1990, la DGSE avait réalisé des investissements infructueux dans une société. Au début des années 2000, dans un échange de titres, Alain Duménil devient majoritaire dans cette société et cède à la DGSE des parts de sa holding.

Il transfère par la suite l'intégralité des parts de la holding détenues par la DGSE dans trois autres sociétés qu'il détenait également. La holding est mise en liquidation judiciaire.

L'ex-banquier administre des sociétés dans des domaines divers: luxe, immobilier, industrie aéronautique, presse...

Il a été notamment condamné pour complicité de banqueroute en 2012 par la cour d'appel de Grenoble (centre-est). La Cour européenne des droits de l'Homme a estimé que dans cette affaire, la cour d'appel avait violé son droit à un procès équitable.

Sollicitée, la DGSE a refusé de répondre à l'AFP, renvoyant à l'une de ses précédentes déclarations où elle démentait "avoir exercé la moindre menace" sur Alain Duménil, "un affairiste international et un délinquant".

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