Les chiffres choquants de l’école publique
24% des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant en mathématiques

70% des élèves ne maîtrisent pas les apprentissages à la fin du cycle primaire. Seulement 23 % peuvent lire couramment un texte en arabe et 30 % peuvent lire un texte en français… C’est le triste constat présenté, lundi, par le ministre de l’éducation nationale Chakib Benmoussa.



Ce qui a déjà été révélé en 2021 par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, a été confirmé par le ministre de l’éducation nationale Chakib Benmoussa, ce lundi 9 janvier 2023. L’école publique ne se porte nullement bien et ses chiffres catastrophiques le démontrent si bien.

Lors de la présentation de sa nouvelle feuille de route consacrée à la réforme de l’école publique devant le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, Chakib Benemoussa a dévoilé de nouvelles données alarmantes. Des chiffres qui laissent deviner les profondes lacunes plombant la qualité de l’enseignement dans notre pays. Si l’école publique a déjà perdu ces dernières années la confiance des citoyens, la situation ne s’est nullement arrangée avec le temps.

Le déclin continue

Benmoussa a annoncé en effet que 70% des élèves ne maitrisent pas leurs cours à la fin du cursus primaire. Seulement 23 % des élèves peuvent lire couramment un texte composé de 80 mots en arabe tandis que 30 % peuvent lire un texte de 15 mots en français. Les mathématiques ne sont pas mieux servies avec quelque 13% d’élèves capables d’effectuer une simple opération de division. Seulement 25% des élèves participent à des activités parallèles alors que les chiffres de décrochage scolaire restent loin d’être rassurants.

Des chiffres alarmants qui confirment la dégradation qualitative de l’enseignement public et rejoignent ceux déjà présentés en novembre 2021 par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Menée dans le milieu rural et urbain en 2019, cette enquête a porté sur l’apprentissage de 36.808 élèves dans l’enseignement public, privé et dans les écoles communales. Les élèves concernés étaient ainsi répartis : 18.025 élèves en 6e année primaire étudiant dans 600 établissements et 18.883 élèves en 3e année secondaire collégiale, distribués sur 550 établissements. Pour la première catégorie, l’évaluation s’est penchée sur leur niveau dans quatre matières à savoir l’arabe, le français, les mathématiques et les sciences de la vie et de la terre. Pour ceux de la 3ème année collège, elle a porté sur cinq matières l’arabe, le français, les mathématiques, les sciences de la vie et de la terre et la physique-chimie.

Sacré décalage

« A peu près un tiers des élèves des niveaux étudiés n’ont pas acquis les ressources suffisantes pour poursuivre leur scolarité » notent les auteurs du rapport. Ces derniers mettent d’ailleurs l’accent sur l’impact de la crise sanitaire sur la qualité de l’apprentissage. « La pandémie a compliqué la situation en ralentissant le fonctionnement des écoles et des collèges » explique alors le rapport.

D’après les résultats de cette enquête, seuls 42% des élèves du public ont un niveau satisfaisant en langue arabe contre 65% dans l’école privée. Le niveau en français et en mathématiques est encore plus faible avec respectivement 27% et 24% dans le public contre 64% et 52% dans le privé. En fin de collège, la tendance se confirme et l’écart se creuse davantage entre le public et le privé.

Ainsi seuls 8 à 9% des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant dans les différentes matières. Des chiffres qui sont d’autant plus choquants que dans le privé on enregistre une moyenne de 50%. Pour mieux cerner l’ampleur de la situation, il faut savoir que l’écart entre l’école publique et privée représente l’équivalent de 4 ans de scolarisation. Un sacré fossé qui pénalise les élèves du public et fait qu’un écolier de 5ème en privé a le même niveau ou mieux qu’un collégien de 3ème année dans le public. Seuls 8 à 9% des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant dans les différentes matières.

Injustice territoriale

« La conclusion qu’on peut tirer de l'analyse de ces scores est que, dans l’ensemble, il y a une faiblesse globale des acquis et qu’une bonne partie des apprenants n’a pas réussi à assimiler une part du programme prescrit. Seule une infime minorité est performante et maîtrise la totalité du programme prescrit » diagnostique-t-on dans ce rapport. Ce dernier se penche également sur les différenciations en termes de genre et d’emplacement géographique. « Si les résultats ne reflètent que quelques différenciations dans les acquis, entre les filles et garçons en faveur des filles, ils montrent cependant qu’il y a une différence notoire entre les acquis des élèves du milieu rural et ceux scolarisés dans le milieu urbain », notent les auteurs du rapport.

S’étalant jusqu’à 2026, la feuille de route de la réforme de l’éducation nationale a pour objectif principal d’offrir « une meilleure école publique pour tous en se basant sur des objectifs clairs et mesurables », comme l’a expliqué Benmoussa devant les membres du Conseil supérieur. Un plan multifonctionnel et multidimensionnel qui devrait améliorer le niveau et la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage à l’école marocaine.

En termes chiffrés, ce plan vise à réduire d’un tiers le taux de décrochage scolaire, soit 100.000 élèves décrocheurs au lieu de 300.000 chaque année. Aussi de doubler le nombre d’élèves du primaire maîtrisant les principes fondamentaux, soit 60% au lieu de 30% actuellement et de doubler également le nombre des élèves ayant des activités parascolaires. Un suivi régulier du déroulement de cette opération sauvetage via des évaluations objectives annuelles, promet le ministre.